4 - Besoin

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Ginny était là, et fixait les deux amoureux d'un regard incrédule, comme si elle n'arrivait pas à en croire ses yeux. Comme si d'un seul coup, son cerveau s'était mis sur pause. Puis, après quelques affreuses secondes où Hermione et Drago étaient restés plaqués l'un contre l'autre sur le mur du couloir, elle éclata de rire, sous les yeux des deux amoureux qui ne comprenaient rien à sa réaction... avant qu'Hermione ne se souvienne qu'elle était Cupidon.

-Wow, ça marche drôlement bien ces flèches ! les nargua-t-elle en s'approchant lentement.
-Toi... la toisa Drago en la fixant d'un regard noir.

Ginny leva les yeux au ciel. Elle n'avait jamais été effrayée par quoi que ce soit chez Drago. 

-Tu vas pas m'dire que t'apprécies pas, Malefoy ? Tu devrais me remercier, plutôt.

Il écarquilla les yeux. Il n'arrivait pas à croire que cette... cette... gamine osait lui parler de la sorte ! Devant Hermione, il était peut-être un autre homme, mais il ne pouvait toujours pas supporter les Weasley. Malgré tout, une toute petite parcelle de lui se disait qu'elle avait raison. Evidemment, qu'il aimait ce qui lui arrivait avec Hermione. Ca égayait sa vie monotone et lui faisait oublier pas mal de ses tracas.

-Gin', Drago, intervint Hermione. Bon, alors Ginny ?
-Alors quoi, Herm' ?
-T'es fière de ton oeuvre ?
-Ah ! s'exclama-t-elle en levant les mains vers le ciel. Bien sûr que je suis fière de mon oeuvre ! J'ai toujours su que vous étiez destinés à finir ensemble, et que toi, Herm', tu ne soies pas coincée avec mon imbécile de frère.
-Gin'... la gronda Hermione en la fixant d'un regard réprobateur. Malgré sa relation avec Drago, elle restait amoureuse de Ron... enfin, elle le pensait... peut-être... Elle n'en savait rien, en fait. Pour le moment, elle ne désirait qu'une seule personne : Drago.

D'ailleurs, elle avait hâte que Ginny s'en aille, afin qu'ils puissent reprendre là où elle les avait arrêtés... Ah ! mais qu'est-ce qui lui prenait de penser cela ?

En fait, c'était assez simple.

Elle voulait Drago.

Elle avait besoin de Drago.

Là, tout de suite, maintenant.

C'est ainsi qu'elle s'excusa à Ginny qui était en pleine bataille de regard avec Drago et ne semblait pas décidée à perdre.

-Gin', on va te laisser, on a d'autres choses à faire... dit-elle en rougissant.
-Oh, oui, j'comprends, répondit-elle. Le même genre que celles qu'on fait, Harry et moi ?...
-Gin' ! s'énerva Hermione et, pendant que Drago riait de son embarras, elle attrapa le bras de son amoureux tandis que Ginny explosait de rire en tournant les talons, et le tira sans ménagement à l'intérieur de la première salle de classe venue.

Enfin seuls, Hermione se hâta de verrouiller la porte à l'aide d'un sortilège, bien décidée à n'être dérangée par personne.

-Ginny a fait du bon travail, en effet... murmura-t-elle si bas que personne à part elle ne put l'entendre.

Puis elle se tourna vers Drago, qui n'avait pas bougé. Le Serpentard s'appuya nonchalamment contre une table de cours.

Plus elle le regardait, plus Hermione sentait ses entrailles se déchirer. C'était terrible et magnifique en même temps. Il avait l'air si détendu, par rapport à elle qui s'était crispée de tout son corps. En le détaillant de haut en bas, ce qu'elle n'avait jamais fait avant, elle se rendit soudainement compte que son amoureux n'avait absolument rien à envier aux autres Apollons de Poudlard. Plus elle le regardait, plus ses sentiments devenaient forts... et il lui semblait qu'elle allait exploser si elle ne touchait pas Drago tout de suite.

Hermione se jeta presque sur lui en l'écrasant de toutes ses forces contre la table. Vaincu par sa force, Il huma l'odeur de sa nuque : elle sentait un peu la vanille. Sans doute son shampoing qui visiblement ne l'aider pas à coiffer ses èches qui refusaient de rester en place.

Le souffle froid de Drago contre son cou, alors qu'elle reprenait lentement ses esprits et sa respiration, picotèrent la peau d'Hermione de petits frissons. Elle renversa lentement la tête en arrière, exposant sa nuque blanche aux baisers de son partenaire. Alors elle songea que, tout de même, c'était cent fois mieux qu'avec Ron...

Un torrent de sentiments envahissait son esprit  et détruisait tout ce qu'il y avait de censé en elle. Penser rationnellement ? Et pourquoi ? Etre avec Drago, le sentir contre lui, tandis qu'elle enserrait sa taille de ses mains, c'était tout de dont elle avait besoin pour le moment. Les regrets, si elle devait en avoir - car elle en doutait, viendraient plus tard.

Ah, ça, oui, elle remercierait Ginny... Elle la serrerait très fort dans ses bras, simplement parce qu'elle n'aurait jamais osé aller voir Drago et lui proposer d'être avec elle. D'ailleurs, quand avait-elle détesté Drago ? C'était pure idiotie, pure folie.

Mais le Serpentard était un maître de l'illusion. Il savait que c'était faux. Contrairement à Hermione, ses idées étaient absolument très claires. Il savait que s'il n'avait pas Hermione avec lui, là, maintenant, tout de suite, il allait souffrir. La faute à ce foutu sortilège de Cupidon. Malgré tout, il appréciait ces moments passés avec elle plus qu'il ne l'aurait voulu.

Non. C'était trop. Ce qu'Hermione ressentait pour Drago était trop fort. Ils devaient arrêter... La main de son amoureux avait glissé sous son pull de Gryffondor qui sentait tout son self-control lui échapper. Ils devaient arrêter avant qu'il ne soit trop tard. Avant qu'ils ne puissent plus faire machine arrière...

C'était dur de penser avec les lèvres de Drago sur les siennes et sa main sur son ventre, mais Hermione essayait de se focaliser sur quelque chose d'autre que les yeux couleur de brouillard du jeune homme qui l'embrassait furieusement. Et puis, d'un seul coup, sur un coup de tête. Elle le repoussa.

Elle le repoussa parce qu'au fond d'elle, elle savait bien qu'elle n'aimait pas Drago d'un amour sincère comme celui qu'elle partageait avec Ron. Avec Drago, ce n'était pas de l'amour, c'était une passion dévorante, une passion qui l'engloutissait chaque fois qu'elle posait les yeux sur Drago. Son esprit était encombré d'images qui ne devraient pas y figurer : parmi elles, l'image d'elle et de son amoureux dans la chambre des Gryffondors, vide...

-Qu'est-ce qui nous arrive, Drago ? gémit-elle, désemparée.

Le sortilège de Cupidon ne pouvait pas être puissant au point de simuler de vrais sentiments amoureux. Quel sort était donc inscrit sur la pointe de la flèche de Cupidon qu'elle avait reçue ? Elle réfléchit longtemps, mais ne parvint pas à trouver de quoi était enduite la flèche. C'était si étrange. Avoir envie... non, avoir besoin d'embrasser Drago, jamais elle ne l'aurait imaginé quelques jours auparavant...

Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas trahir Ron en allant plus loin que quelques simples baisers avec Drago aussi impunément. Ils devaient arrêter. Ils devaient arrêter maintenant avant de ne plus pouvoir le faire.

Avec un frisson de regret, et la mort dans l'âme, Hermione se détourna et franchit la porte qu'elle déverrouilla. Et tourna le dos à Drago.

Thiercelieux à Poudlard (Dramione)Where stories live. Discover now