Départ pour la terre des Trolls

360 45 60
                                    


20 ans plus tard.

Celeste se réveilla endolorie, son combat de la veille lui revint en mémoire. Elle se leva avec une grimace, regrettant presque d'avoir défendu son amie contre un groupe de nains. Sa chambre au grenier possédait une hauteur si restreinte qu'elle l'obligeait à se courber par endroit. A cause de son mètre quatre-vingt, ses douleurs s'accuentuèrent.

Vêtue de ses simples sous-vêtements, son attention fut attirée par un bleu sur sa côte droite lorsqu'elle passa devant son miroir recouvert de tâches diverses. Il laissait à peine de quoi apercevoir son reflet. Ses cheveux encore ébouriffées ondulaient le long de ses épaules et de son dos, et deux oreilles pointues dépassaient de chaque côté de sa tête. Elle s'amusa à les faire bouger avant de quitter sa réflexion pour faire un brin de toilette.

Une voix qu'elle connaissait très bien parvint à ses oreilles. Elle était trop forte à son goût, car évidemment, son beau-père venait de rentrer en claquant la porte.

- Fille !

Celeste ne répondit pas. Ce n'était pas son prénom après tout. Sa réaction ne fit qu'énerver davantage le vieil homme.

- Microbe ! Où es-tu ? Je ne vois pas mon repas !

La jeune femme râla longtemps avant de se vêtir de son uniforme strict d'exploratrice. C'était le sale boulot que son chef de clan, accessoirement son beau-père, lui avait donné. Céleste descendit à contre-cœur, le bruit de sa voix l'agaçant plus que ce qu'il avait à lui demander.

Son beau-père l'affrontait du regard tandis que son doigt faisait des va-et-vient entre la cuisine et son assiette.

-Mon repas, il est où ? lança-t-il sèchement à Céleste d'une voix rocailleuse.

La mâchoire de la jeune femme se crispa et ses poings se serrèrent si fort que la marque de ses ongles formèrent des petites lunes sur ses paumes. Elle inspira profondément et puisa dans son sarcasme pour trouver une réponse à sa question.

-Tu devrais peut-être demander à tes larbins de te cirer les pompes aussi, tu as dû marcher dans de la merde.

Il fronça les sourcils et écrasa son poing sur la table en verre.

-Sur ce, mon très cher Sahale, je pars effectuer le travail que l'on m'a assigné, reprit-elle, je te souhaite, bien évidemment, une ravissante journée. Avec un peu de chance je serais morte d'ici ce soir alors ne m'attend pas.

Lorsque Celeste quitta la pièce, une lueur rougeâtre apparut dans ses yeux mais ce ne fut le temps d'une microseconde. Les violents grognements de son père résonnaient encore lorsqu'elle passa les portes du séjour pour rejoindre ses amis, Elemire et Isha.

Le clan où vivait Céleste était couvert par une vaste forêt. Les elfes avaient pour habitude de s'y réfugier, c'était un bel espace qui offrait les meilleurs plans stratégiques en cas d'attaque. Dehors, tout était somptueux, de la végétation jusqu'aux maisons qui abritaient les différentes familles du clan. D'immenses épicéas recouvraient le ciel de leurs branches, ils étaient entourés d'érables mais aussi de hêtres qui se dénudaient en hiver. Céleste appréciait se balancer de branche en branche, le panorama sur la vallée était absolument magnifique.

Cette sensation de liberté lui procurait un immense plaisir, mais ça ne durait jamais bien longtemps. Son beau-père la rappelait toujours à l'ordre au pied de sa porte. Ils habitaient dans la plus grande maison. C'était une bâtisse faite de pierre dont les parois étaient extrêmement lisses. Du lierre enveloppait les murs fondateurs et grimpait jusqu'au toit recouvert d'une épaisse mousse verdâtre. Les portes en bois, qui à vue d'œil n'avaient pas l'air si solides que ça, étaient suffisamment grandes pour laisser entrer trois elfes à la fois. Un pallier de bois s'enroulait sur lui-même avant d'atteindre le sol. C'était la marque de fabrique des elfes, les maisons en hauteurs.

Le Monde de Nitencia [ PAUSE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant