Snape's Redemption {Harry Potter} - Terminée

Chapitre quatrième ♠ Errance nocturne

Revenu dans ses appartements, le sorcier fulmine, tourne en rond, alors qu'Eleonora n'a pas voulu ouvrir à sa demande. Il est vrai qu'il tapait peut-être un peu trop fort sur la porte de la professeur de défense contre les forces du mal pour que la sorcière ait envie de lui parler. Et peut-être qu'il y a cinq ans, il a été trop violent dans sa manière de mettre un terme à leur histoire pour que la brune veuille s'entretenir avec lui. Mais il a besoin de parler pour sa part, besoin d'explications, pour ne pas tourner comme un lion en cage dans son antre. Le sorcier ne comprend pas comment elle a pu ne pas le tenir au courant de cela. Comment elle n'a pas pu trouver, en cinq ans, le temps d'écrire une lettre. Parce que ne pas lui dire au moment de leurs adieux est une chose. Ne rien lui dire pendant des mois en est une autre. Comment a-t-elle pu lui cacher cela ?

L'homme a du mal à réaliser qu'il soit père et cette situation l'angoisse dans un même temps. Le sien, Tobias Rogue, était loin d'être parfait. Et sa mère Eileen ne l'était pas non plus. Si bien que le maître des cachots n'a jamais bénéficié d'un très bon exemple en ce qui concerne la parentalité. Il ne sait pas comment on est sensé s'occuper d'un enfant, comment on est censé l'aimer. Sa fille ? Mais il ne sait rien d'elle, il ne l'a pas vue grandir. Par la faute d'Eleonora, il ne sait pas ce que sa fille aime. Il se sent idiot, tellement... Cette impression d'avoir été mis de côté, de ne pas avoir compté lui est insupportable. Ainsi donc, ce sera toujours comme cela ? Il sera toujours l'homme que l'on met à l'écart, que l'on approche pas ? L'homme à qui l'on cache toujours des choses, le laissant avancer dans le brouillard ? Pendant des années, Dumbledore lui a caché qu'il protégeait Potter pour le conduire à la mort. Et maintenant, il découvre que la seule femme qui l'a prétendument aimé lui a caché pendant plus de quatre ans la naissance de leur fille ?

Rageusement, le sorcier entre dans sa chambre, avise un sourire et envoie la main. Le cadre contenant la photo de la sorcière, sur la table de chevet du potionniste, atterrit sur le sol et la vitre se brise, mais il n'y fait pas attention. Il fixe au contraire les bris de verre et le sang afflue à ses tempes.

Dans le château au même moment, à quelques étages de cette scène, Eleonora Williams a couché sa fille et, face à la fenêtre donnant sur le parc de Poudlard baigné de lumière, elle fixe le paysage le cœur lourd. Soupirant, elle se mord la lèvre inférieure en passant une main dans ses cheveux et songe que ce n'était pas une bonne idée de venir à Poudlard. Elle aurait dû s'en douter. Se détournant de cette fenêtre, elle rejoint sa chambre et s'assoit sur le lit, fixant le mur. Lassée, incroyablement fatiguée par ses émotions, elle fixe un point invisible avant de fermer les yeux. Si elle n'avait pas besoin d'argent pour élever sa fille, jamais la sorcière ne serait venu ici. Parce qu'avec les années, elle a prit le soin de s'éloigner de tout ce qui pouvait lui rappeler Severus. Notamment les potions, évidemment. Elle n'avait pas imaginé qu'il serait toujours professeur. Si elle avait su qu'il travaillait toujours ici, elle aurait cherché autre chose. Mais maintenant qu'elle a signé son contrat avec le professeur McGonagall, que peut-elle faire ? Eleonora se sent prise a piège. D'autant que les emplois à Poudlard sont plutôt bien payés du fait que les professeurs sont nourris, logés, blanchis.

Ouvrant l'une de ses valises, elle en tire une vieille photographie qu'elle observe quelques instants, le cœur lourd. Ils avaient l'air si heureux sur ce cliché, elle ne comprend toujours pas comment tout cela a pu n'être que des mensonges. Reposant le cadre, la sorcière le cache dans son tiroir, en se demandant si, dans le fond, elle n'a pas cherché à le revoir, inconsciemment. Elle ne sait pas, se sent un peu perdue. Là d'un coup dans la pénombre de la nuit, dans cette chambre de Poudlard, la jeune femme se demande si ces retrouvailles sont vraiment si inattendues que cela, ou si elle est venue ici dans l'espoir inconscient d'obtenir des réponses à quelques questions qu'il a laissé derrière lui il y a des années, en partant, dans le sillage de son parfum si particulier.

Décidant de se coucher afin d'être en forme le lendemain, la jeune femme passe voir sa fille un instant, s'assurant que l'enfant dort. Affectueusement, elle glisse ses doigts sur le front de la petite, repoussant une mèche de ses cheveux noirs et elle dépose un baiser rapide sur sa joue. Finalement, elle s'allonge sur le même lit que son bébé, prenant la petite Severia entre ses bras. Sans elle, la sorcière ne sait pas vraiment ce qu'elle serait devenue. Ou plutôt si, elle ne le sait que trop bien malheureusement. Sans sa fille, elle n'a rien dans la vie et c'était ce bébé grandissant en elle, cette naissance à venir, qui avait fait que la brune avait tenue le coup. C'était pour son enfant qu'elle avait avancé, qu'elle avait trouvé la nécessité d'être forte. Ou tout du moins, de faire semblant. Semblant de vivre en élevant la petite, sans parvenir toutefois à panser les plaies du passé. Tenant sa fille contre elle, la sorcière se laisse emporter dans le monde des songes, y trouvant pour quelques heures une paix totale et le réconfort dont elle a besoin pour affronter la journée suivante, qui s'annonce difficile.