4. Le soutien-gorge

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"S-Salut, moi c'est.. Marie" j'avais bégayé ces quelques mots. Je me sentais minable.

"Ouais, salut" mon interlocuteur n'était apparemment pas décidé à me connaître et franchement, je le comprenais.

Quand j'ai vu qui était avachi sur le canapé en face de moi, mon cœur a manqué un battement. D'un côté j'étais plus que contente qu'il soit là, on ne va pas se mentir, le voir tous les jours n'est pas la chose la plus désagréable que j'ai connue, mais j'étais surtout extrêmement mal à l'aise face à la personne qui m'avait surpris en train de le fixer il y a à peine deux heures.

Il avait dû remarqué ma gène car il arborait un sourire malicieux en coin et un regard moqueur. Il était attirant. Il était attirant et il le savait. C'était le genre de mec qui se balade avec une capote en poche quand il va en soirée car il sait qu'il arrivera toujours à conclure et parce que c'est ce qu'il recherche, bref il est vraiment trop attirant et ça me déstabilise.

Ne voulant pas me donner en spectacle plus longtemps, je me pressais dans ma chambre, la rentrée était dans deux jours, ce vendredi soir, à l'inverse de la plupart des personnes ici je suppose, je ne ferais rien. Les fêtes, l'alcool, la drague, tout cet univers m'est étranger, mais maintenant, je ne vois pas d'autres occasions de rencontrer des gens et pourquoi pas, de me faire des amis.

Je sursauta quand j'entendis ma porte s'ouvrir, je m'étais endormie sur mon ordinateur. Devant moi, mon colocataire se tenant droit debout inspectait du regard ma chambre. Je soufflais, en essayant de lui faire comprendre qu'il me dérangeait et qu'il avait intérêt  à expliquer cette "visite surprise".

Au bout de longues secondes il posa enfin ses yeux sur moi, j'avais croisé mes bras sous ma poitrine.

"J'étais venu voir ce que ma nouvelle colocataire faisait un vendredi soir" s'expliqua-t-il. Aucune gène ne se faisait ressentir dans sa voix, bien au contraire, il était plus que sûr de lui, comme tout à l'heure.

"Je.. heu.. trainais sur Youtube.." hésitais-je. Putain mais pourquoi je parles comme une débile !? Tête haute Marie, tête haute!

"Ouais j'vois ça" il se fout clairement de ma gueule et il a bien raison ! À sa place j'aurais sûrement fais la même chose..

Il repasse une dernière fois son attention sur la pièce, je détaille les traits fins de son visage, c'est indéniable, il est beau.

"Au fait, sympa le soutien-gorge" dit-t-il en apercevant ma valise, il clôture sa phrase d'un clin d'œil puis referme la porte.

Je me retrouve bêtement seule dans mon lit, et je sens le rouge me monter aux joues.

C'est indéniable, il est con.

Tu m'as changéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant