Chapitre 10 - (2/2)

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EDIT
Chapitre mis à jour/ Mai 2018.

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Je m'attendais à m'ennuyer comme un rat mort, mais je n'ai pas vu le temps passer. Parce que je me suis endormi comme un con, quelques minutes après le départ de mes invités surprise.

Soit c'est le contrecoup de l'Éveil, soit faire pousser mes cheveux m'a drainé. Mon corps a besoin de sommeil et puisqu'il dispose d'heures creuses, il les mets à profit. Seulement, il ne daigne pas demander mon avis. J'ai comme l'impression que Morphée a foiré son timing et a interrompu une discussion très intéressante avec mon dragon.

Mon estomac se manifeste. L'heure n'est pas à la cogitation mais à la graille. Hélas, mon plateau petit-déj a été débarrassé. J'aurais préféré qu'on me le laisse. Je ne l'avais pas fini, et j'ai un gouffre à la place du ventre.

Il me vient la désagréable impression d'avoir régressé au stade de nourrisson. Je dors, me réveille, chouine un peu, fais une toilette, mange, et me rendors. Ça ne va pas ! Alors qu'une révolte éclate en mon for intérieur face à cette désolante condition, quelqu'un frappe à la porte et entre sans attendre mon invitation.

Mais fais comme chez toi ! Pourquoi ne suis-je pas surpris de voir Engel ? Ceci dit, je l'attendais pour cet aprèm, pas ce midi. À moins que... Une fois les rideaux tirés, la position du soleil m'indique dix-sept heures. Il se peut que je dépossède bientôt le loir de son expression : « dormir comme un Xander » sonne bien aussi.

— J'aurais pu être nu, Engel.

— J'aurais profité du spectacle, rétorque-t-il avec un sourire en coin, charmeur.

Sa manière de souffler le chaud et le froid a cessé d'être exotique et commence à m'agacer. À quoi joue-t-il réellement ? Si je m'irrite, il pointera du doigt mon ô si puéril tempérament. Il m'apporte mon déjeuner ; comme on ne mord pas la main qui nous nourrit, je ravale ma remarque.

— Tu les préfères aussi longs ? s'étonne-t-il.

Pour les félicitations du jury on repassera. Mes cheveux sont complètement emmêlés. Je n'ai pas l'habitude de les avoir de cette longueur. Bonjour les nœuds !

— Pyros les préfère ainsi.

Je tire dessus en réprimant à peine une grimace, et il a une mimique désapprobatrice. Quoi encore ? Je n'y suis pour rien, cette fois !

— Évite de prononcer son dragonyme quand tu n'es pas certain qu'aucune oreille ne traine. Et tu le sais d'expérience, les nôtres trainent très loin.

Merci pour la « pique » de rappel. Il ne digère toujours pas que j'aie écouté aux portes en sa présence. Ou est-ce le fait que j'aie cru pouvoir le tromper ? On y répondra plus tard. Faim !

— Va pour D. alors, dis-je en chapardant un pain moelleux du plateau. Et puisqu'on y est, l'autre noiraud, son jumeau, j'ai décidé de l'appeler Fifi. Ou Rafi.

Son regard exaspéré – sans doute parce que je parle la bouche pleine –, ne me fera pas changer d'avis. Sur le petit nom de Raf'n, s'entend. Pas sur mon manque de manière. J'ai envie de le faire chier, et lui montrer le contenu de ma bouche est tout aussi puéril mais bien plus agaçant que la grève du silence.

Il se fige une seconde, se débarrasse rapidement du plateau repas sur la table et me toise. Merde, a-t-il senti que j'allais lui mener la vie dure ?

— Comment sais-tu sa couleur ?

Il est surpris. Ça ne lui a pas traversé l'esprit que Pyros ait pu me le révéler.

— Je l'ai vu. Deux fois. En songe.

— Oh... déjà ?

— Quoi, j'aurais d'abord dû débloquer des étapes du jeu avant d'avoir un visuel du boss de fin ?

Il s'assombrit quelques secondes, puis retrouve son masque habituel. Ma raillerie me vaut tout de même une tape dans la nuque, qui manque de me faire cracher ma première bouchée d'un bon steak saignant. Celles de Klaus sont moins douloureuses. Putain, mes neurones sont encore en pleine croissance ! Il est au courant qu'une claque de pur-sang peut provoquer un trauma crânien ?

— Pas sur une tête vide.

Ne pas répondre à la provocation.

— Dis, Engel, pourquoi m'as-tu embrassé... à Sligo ?

Il hausse les sourcils et croise les bras. Cependant, son attitude n'est pas fermée au dialogue. Avec nonchalance, il pose une fesse sur le rebord de la table et me sourit, énigmatique.

— Tu veux quelle version de la réponse ?

— Si tu essayais la vraie ?

— Elles le sont toutes.

— Tu es toujours aussi sibyllin ? Je vais me faire à l'idée que tu ne peux pas répondre à mes questions de manière affirmative ou négative.

— Les réponses interrogatives sont moins restrictives. Elles rendent le monde encore plus vaste qu'il ne l'est déjà.

Loin de moi toute velléité de le contredire, même si ses propos n'en restent pas moins abscons. Quelque chose me dit qu'en cinquante ans, il a vu plus de choses aux quatre coins de cette planète que je ne pourrais imaginer. Je l'envie.

— Ton odyssée ne fait que commencer, Xander, dit-il en défaisant avec délicatesse un de mes nœuds capillaires. Ne brûle pas les étapes.

Quand il est comme ça – tendre –, je perds mes moyens. Sans tenir compte de mes états d'âme, il entreprend de peigner sommairement mes cheveux avec ses doigts. Il semble y prendre plaisir. Ou est-ce moi qui l'éprouve, cette satisfaction physique reliée à mon phallus... ? Pour en détourner mes pensées, je relance la conversation.

— Et donc, ce baiser ?

Ouais, au temps pour ma queue. Ce n'est pas avec cette question que j'en détournerai mes pensées !

— C'était ton premier. Avec un homme.

— Je suis au courant, merci !

Et je « merde » aussi mes rougeurs !

— Eh bien, je voulais te faire expérimenter quelque chose de... renversant.

Il s'amusait juste avec moi... Je m'étais préparé à ne pas mal prendre une réponse de ce style. Il n'empêche que ça ne fait pas du bien par où ça passe. Au fond, il n'a pas tort. C'était en effet une belle expérience. De là à dire « renversant »... il faudrait y aller mollo sur la pédale d'égo. Ceci dit, je garde un beau souvenir de ce baiser volé. Et j'en veux encore ; j'en veux plus. Mais ce n'est pas moi qui décide. Pour l'instant...

— Tu te doutais pourtant que t'allais être mon prof.

— Non... Disons que je ne t'attendais pas avant au moins trois ans, explique-t-il quand je me montre sceptique. Je n'enseigne pas les premières années. (Ses épaules s'affaissent.) Mais je vais devoir revoir mes prédictions.

— Ça ne change rien au fait qu'on se serait croisés dans les couloirs !

Cette fois il hausse les épaules, et j'ai envie de le secouer. Il ne m'a pas livré assez pour que je me contente de cette réponse.

— De quelles prédictions tu parles ?

— Tu n'es plus inscrit en première année, Xander. Tu commenceras tes cours avec les Licences Dragon. Il t'a été attribué une chambre du dortoir des L.D. Tu y trouveras le reste de tes affaires.

Vu sa façon de me l'annoncer : l'expression préoccupée mais la voix morne, je n'arrive pas à savoir si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle. C'est Père qui sera content, tiens ! Lui qui voulait qu'on n'attire pas l'attention sur ma personne, c'est râpé. Ce n'est pas en me faisant sauter deux promos qu'ils feront de moi un modèle de discrétion.

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