Chapitre 13 - (2/2)

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EDIT
Chapitre mis à jour/ Mai 2018.

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Après avoir récupéré le peu d'affaires restées dans ma chambre d'hôpital, nous effectuons à pied le trajet jusqu'à mon dortoir. Derrière nous se dressent les bâtiments universitaires du premier cycle ainsi que leurs logements étudiants, six grands blocs presque cubiques, à l'aspect graniteux, couleur saumon.

On ne nous mélange pas. J'ai d'abord présumé que c'était comme la ségrégation lycée/collège, mais à la réflexion, cela me semble un peu absurde à la fac. D'autant plus qu'à cette heure de pause, un flux continu d'étudiants s'écoule vers le restaurant universitaire dédié aux deux premières années. Qu'ils ne mangent pas non plus avec les autres me laisse un sentiment de malaise.

Si tout avait suivi son cours normal, en ce moment, je serais noyé dans cette masse. Raison pour laquelle Engel pensait que nos routes, en tant que prof et étudiant, ne se seraient pas croisées avant un moment, puisqu'il n'officie pas dans cette zone. En attendant, moi non plus je ne risque pas de les rencontrer.

À vitesse d'homme, notre parcours durerait une bonne demi-heure. Ma nouvelle vélocité peut la réduire au sixième, mais Engel a choisi d'adopter une allure plus légère. D'après lui, je dois travailler ma mémoire visuelle. Je suis donc prié de graver dans mon cerveau tout ce que je vois. La consigne est un peu futile, dans le sens où je ferai mes études ici durant six ans. L'endroit finira par m'être familier. Que je le mémorise aujourd'hui ou demain, rien ne presse !

— C'est pour sortir les nouvelles connexions de ton cerveau de leur léthargie. Elles ont besoin de tous les stimuli possibles.

Je ne dirai pas que sa réponse n'est pas la bienvenue. Juste qu'elle pince un peu les cordes de mon agacement.

— Je crois qu'on ne t'a pas souvent dit que c'est inconvenant d'épier les pensées d'autrui. Pour ta gouverne, la norme veut qu'elles restent occultes tant que je n'ouvre pas la bouche. Si je ne les exprime pas d'une manière ou d'une autre, c'est que je n'attends pas forcément de réponse. Dis-toi qu'elles sont rhétoriques !

— Si tu crois être le premier à m'entretenir à ce sujet, grand bien te fasse, raille Engel.

Il ne semble pas vexé. Pourtant mon ton a été caustique. Je suppose qu'il s'est mangé tellement de réflexions de cet acabit qu'il en est devenu insensible.

— Rajoute une bonne pelletée de virulence la prochaine fois, si tu veux me la rendre indigeste.

C'est bien ce que je pensais. Il en faut désormais plus pour le faire frémir. Les seules remarques désobligeantes qu'il n'avale pas – ou plus –, sont celles portées sur son homosexualité.

— En fait, t'es lourd, Engel. Tu ne dois pas avoir beaucoup d'amis.

— Je n'appelle pas amitié un rapport admettant le moindre soupçon d'hypocrisie, renifle-t-il, dédaigneux. Quand bien même l'on se targue d'être le meilleur ami de quelqu'un, vient toujours un moment où l'on est fort aise qu'il n'entende pas nos véritables pensées à son égard.

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