~Chapitre VIII~

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Une boulette de papier, tachée d'encre bleue, vint subitement frapper le front de Jacob, qui était tranquillement en train de lire un livre de cuisine pour sorcier. Comme surpris, puisque étant très absorbé par la lecture, il ne réussit qu'à percevoir un léger râle, provenant de la personne assise juste devant lui : « - Nom d'une Licorne ! Je n'y arrive pas... !

- Teenie chérie, ce n'est pas en t'énervant comme ça que tu réussiras à répondre à Norbert...Soupira la Legilimens aux courtes boucles blondes, qui s'afférait à terminer son ouvrage.

- Queenie à raison Tina. Tu devrais peut être faire une pause, non ? Cela doit bien faire deux ou trois heures que tu es en train de réfléchir à une réponse...Sans compter les huit heures hier...Et avant-hier...Et... » Commença le Non-Maj' sans pouvoir terminer ses comptes, tellement il y'avait d'heures, et déposant le bout de papier froissé juste à côté de lui.

La jeune femme soupira longuement, posa sa plume, referma le pot d'encre, puis tout en rangeant le tas de papier à lettre qu'elle avait attrapés, elle se leva et se dirigea vers la porte d'entrée. Intrigués, les deux amants suivirent du regard l'Auror, avant que la plus jeune des Goldstein ne lui demande : « - Tina ! Mais où vas-tu ?!

- Faire un tour ! Je ne serai pas longue, ne t'inquiète pas...! » Lui lança très rapidement la sorcière aux court cheveux brun, avant de subitement sortir de leur petit appartement.

De plus en plus étonnés, Queenie et Jacob échangèrent un regard, tous deux interloqués. Ce n'est qu'après plusieurs minutes de silence, que Jacob daigna le rompre : « - Je me demande bien ce que pouvait contenir cette lettre, pour réussir à la mettre dans cet état... »

N'ayant pas réussi à en savoir davantage, la jolie Legilimens ne put que suivre les mêmes interrogations que son âme-sœur : Elle le savait, quelque chose clochait...

****

Traversant lentement les rues pavées de New-York, depuis déjà plusieurs minutes, la jeune femme décida, finalement, de se diriger vers l'unique parc que possédait cette bouillonnante ville : Central Park. Esquivant les nombreux passants qui s'afféraient sur les trottoirs, elle réussit à se frayer un passage jusqu'à l'entrée de la promenade. En cette fin d'après-midi de printemps, la météo était plutôt clémente et quelques New-Yorkais, qu'ils soient Sorciers ou de simple Non-Maj, venaient quelquefois se reposer dans cette environnement vert, après une intense journée de travail. Cependant, ce n'était désormais pratiquement plus le cas, puisque le parc était, malheureusement, de plus en plus laissé à l'abandon. Relevant le peu de monde autour d'elle, Tina se laissa tomber sur le premier banc libre qu'elle trouva, avant d'émettre un long soupir. Remettant une mèche rebelle en place, elle pencha légèrement la tête et tourna son regard vers l'une des poches de son pantalon aux couleurs sombres, avant d'en sortir un papier, plié en quatre. Fixant un instant ce qu'elle tenait entre ses mains, la jeune sorcière de vingt-six ans se décida à déplier, une nouvelle fois, ce qui s'avérait être une lettre : la dernière envoyée par leur ami Magizoologiste. Cependant, Tina ne comprenait pas pourquoi elle n'arrivait plus à répondre au Britannique, depuis l'envoie de cette correspondance, et ce n'était pas faute d'avoir essayé : « - Ce n'est pas la première qu'il m'écrit pourtant...Enfin...En quelque sorte...Si... » Objecta la brunette, avant de remettre le papier, de nouveau plié, à la place où il se trouvait, n'ayant pas le courage de le relire une énième fois.

En effet, et depuis la toute première lettre de Norbert, sa sœur et elle-même s'étaient afférées à répondre à chacune des correspondances de l'excentrique sorcier. Par ailleurs, l'Auror se souvenait très exactement du jour où, elle, Queenie, ainsi que Jacob, avaient reçu, après de longs mois passés, les premières nouvelles de Norbert Dragonneau. Lorsque sa petite sœur lui avait remise la précieuse correspondance entre ses mains, l'ainée avait eu un très court moment d'absence avant de se décider à l'ouvrir, et à en entamer la lecture à voix haute :

Très chères Goldstein,

Je me fais enfin une joie de vous écrire, après autant de temps passé dans le silence et sans aucunes nouvelles. Je vous prie donc de m'excuser, mais depuis mon retour dans ma ville natale qu'est Londres, de nombreux événements ce sont très rapidement enchaînés. Comme je vous en ai fait l'objet, avant mon départ de New-York, mon objectif premier était de rendre, ce qui était pour moi le fruit de longues années de voyages et de recherches, par conséquent mon précieux ouvrage.

Il fut donc rendu en bonne et due forme à Monsieur Worme, de la maison Obscurus, dès que mon pied foula la terre de mon pays natal. Enfin, j'exagère quelque peu, cependant.

Néanmoins, j'ai été assez surpris de l'accueil reçu par mon Bestiaire, qui me donne un peu de fil à retordre désormais...

Comme vous vous en doutez, je ne suis pas des plus à l'aise lorsqu'il s'agit d'être entouré par une foule de personne, et encore moins de répondre à diverses questions ou de faire la conversation...

Mais qu'importe, je ne pense pas que tout ceci vous intéresse autant. Par ailleurs, j'ai ouïe dire par l'une de mes connaissances travaillant au Ministère de la Magie, que l'actuelle Présidente du M.A.C.U.S.A avait institué un ordre pour la Protection des Oiseaux-Tonnerre, avant de finalement l'établir sur toutes autres créatures magiques résidant sur le continent Américain. Tina, je compte sur vous pour lui transmettre mon plus grand ravissement à ce propos. Je suis d'autant plus rassuré maintenant que Franck a retrouvé sa liberté.

Veuillez m'excuser du contenu de cette modique lettre, en espérant que vous vous portez bien.

Si vous le pouvez Queenie, transmettez mes amitiés à Jacob, si, bien évidemment, ce dernier retrouve la mémoire.

En aspirant à une potentielle réponse de votre part.

Toute mon affection,

Norbert.

Par conséquent, et comme le soulignait très bien cette première, toutes les autres lettres envoyées par le Magizoologiste avaient été adressées aux deux sœurs, ainsi qu'à Jacob, lorsque l'ancien Poufsouffle avait ouïe dire que celui-ci avait, miraculeusement, retrouvé la mémoire. Néanmoins, la correspondance qu'avait reçue Porpentina, il y avait de ça plusieurs semaines, lui avait été uniquement adressée à elle. A cette pensée, la bouche de la sorcière aux courts cheveux bruns se fendit en un rictus, avant qu'elle ne finisse par lâcher, dans un soupir d'exaspération : « - Ça suffit comme ça. Mieux vaut que j'arrête d'y penser, je n'arriverai jamais à rien de toute façon...Et puis, ce n'est pas mon principal problème pour le moment. » Conclue-t-elle avant de, subitement, lever la tête vers le ciel.

Tina fixa un long moment le plafond orangé qui se formait au-dessus d'elle, sans aucuns nuages apparents. Après quelques secondes de contemplation, elle décida enfin à quitter le banc sur lequel elle était assise et se dirigea vers la sortie de Central Park. Mettant chacune de ses mains dans les poches de son pantalon, la jeune femme se mit subitement à repenser à ce qui l'attendait dans les prochains jours, depuis qu'elle avait terminée sa longue, et finalement, très enrichissante formation : La rencontre avec son partenaire d'enquête, à priori, Britannique, et sa toute première investigation dans la capitale française, Paris.


Les Animaux Fantastiques IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant