Hum, c'est bon

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Hum, c'est bon !

HUM, c'est bon !

HUM, C'EST bon !

HUM, C'EST BON !

Je me réveille subitement, terrifié, le visage en sueur. Le cauchemar est revenu. Ce cauchemar qui a hanté toute mon enfance : en pleine nuit, une maigre silhouette gratte la porte de ma chambre, l'ouvre doucement, passe son affreuse tête au sourire démesuré pour voir si je dors, claudique en gloussant jusqu'à mon lit, tend une main squelettique jusqu'à ma gorge, m'étrangle. Mes vertèbres commencent à craquer pendant que son autre main arrache mon pyjama. Ses doigts osseux s'enfoncent doucement dans mon ventre, saisissent puis sortent mes entrailles, et les portent à sa bouche démesurée puis elle les mâchonne en répétant plusieurs fois : "Hum, c'est bon. HUM, c'est bon..."

J'entends soudain un grattement sur la porte de ma chambre. Je me raidis quand la porte s'ouvre. Je m'attends à voir apparaître dans l'entrebâillement l'horrible tête au sourire démesuré mais je ne vois rien. J'attends encore un peu, puis je pense subitement à mes deux enfants. Je saute du lit, je sors précipitamment de ma chambre, je cours dans le couloir, j'ouvre leur porte à la volée ; l'un se réveille en hurlant à s'en arracher les cordes vocales et gigote comme un ver sur son lit. Je constate avec effroi que l'autre lit est vide. Je demande à mon premier où est passé son frère mais il continue de brailler.

Alors je fouille la chambre, les autres pièces de la maison avant de subitement me souvenir que j'avais pris mon petit dernier avec moi, dans le lit. Je retourne dans ma chambre, des choses brillent sur la moquette, je pousse l'interrupteur, une lumière rougeâtre inonde la pièce.

Je vois alors mon petit dernier allongé sur le dos, nu comme un ver, la nuque brisée, le visage tourné contre la moquette, le ventre ouvert, une partie des entrailles entortillée autour de ses jambes, l'autre nouée autour de son front et de son cou, son foie à moitié dévoré, son cœur posé sur son sexe. Je bégaye, je panique, mais au moment d'appeler la police je me sens soudainement soulagé ; la mémoire me revient : ce ne sont pas mes enfants.

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