Chapitre XX

Depuis le début
                                    

— Tout ce dont nous aurons besoin pour le voyage se trouve là-dedans. Elyane est partie en éclaireur pour nous trouver un abri sûr et prendre des nouvelles d'un vieil ami, lâche-t-il faiblement.

Son regard me fait comprendre qu'il ne croit pas à ma motivation soudaine. Mais je décide de passer outre et de prendre les devants, m'approchant de cette vieille bâtisse. À peine un pied dessus, tout le vieux bois se met à craquer de concert, créant une mélodie brève mais sonore dans cette forêt détruire. Thomas, derrière moi, lance quelques regards en arrière pour être sans doute sûr que nous sommes seuls.

— Sinon, c'était comment les Enfers ? Demande-t-il.

Je hausse les épaules en poussant la porte dans un nouveau grincement.

— Instructif. Tu savais que Lucifer avait des ailes blanches ? Je réponds laconiquement.

J'entre dans la très modeste demeure, forçant mes yeux à s'habituer à l'obscurité. Je ne vois pas grand-chose, hormis trois sacs à dos posés à l'entrée et des formes floues et indistincts dans le fond. D'un coup, une faible lueur jaillit du plafond et je peux apercevoir deux lits de camps et un canapé, tous prêts pour accueillir quelqu'un. J'avance vers le canapé et m'assois, passant la main sur la surface lisse et moelleuse.

— Oui, je le savais. Tout le monde le sait. Il n'a pas été déchu, explique Thomas d'un ton las.

Je fronce les sourcils et lève les yeux vers mon ami. Depuis quand parle-t-il ainsi ? D'habitude, il ne manque pas une occasion de me faire rire ou de lancer quelques blagues, histoire de détendre l'atmosphère... Mais après tout, je ne le connais pas vraiment non plus. Tout ce que je sais de lui, c'est son prénom, sa passion pour les dauphins et qu'il aimé l'humour. Qu'en est-il de sa vie ? De ce qu'il aime, ce qu'il n'aime pas ?

— C'est quoi le souci ? Je demande, un peu contrariée devant son manque de gaieté.

D'un coup, il éclate de rire et s'allonge sur un des lits de camps, sans un mot. Puis il se redresse, comme hystérique.

— Vraiment Sam ? Ce n'est pas moi qui mens ici. Je n'ai pas l'air d'apprécier Aoile, c'est vrai. Ça ne veut pas dire que je la déteste ! Tu la connais assez pour savoir qu'elle n'est pas du genre amical ! Si quelque chose lui ai arrivé en Enfer, je dois le savoir. Parce que je la connaissais aussi, mais surtout parce que cela peut compromettre cette destination, explose-t-il enfin.

Il soutient mon regard jusqu'à ce qu'il puisse y lire ma peine et ma blessure, encore vive. Je peux faire semblant, renier ce que j'ai vu, adopter le comportement de la fille forte et garder la tête haute, la perte de ma première et seule amie de Sainte-Catherine me brûle le cœur. Je souffle doucement, essayant d'évacuer une partie de la douleur.

— Elle est morte. Tu voulais savoir ? Voilà. Sa mère a débarqué, elles se sont battues et la dernière chose que j'ai vu avant que Lucifer ne m'envoie ici, c'est le corps d'Aoile avec une énorme ouverture au niveau du ventre, je lâche d'un seul coup.

Thomas me fixe sans un mot, semblant réfléchir à quelque chose. Il fronce les sourcils et sort de sa léthargie :

— Sa mère lui a planté une lame dans le ventre ?

Je le fixe à mon tour, sans comprendre où il veut en venir.

— Je n'étais pas là. C'est ce que je suppose.

Thomas porte la main à son front, se frappant si fort que je peux entendre le bruit de la claque, presque comme si je l'avais reçue. Il marmonne des choses incompréhensibles, sauf quelques bribes que je parviens à cerner, comme "saleté d'ange à la noix". Je reste muette, incapable de comprendre ce qui lui prend ou même ce que je suis censée faire.

Soudain, Thomas se calme, arrête de parler et me fait signe de venir vers lui. Je m'approche et m'assois à ses côtés, toujours perdue devant ce que je vois. Il se tourne vers moi, nos têtes sont très proches ce qui me met mal à l'aise. Il sourit et ses yeux deviennent entièrement blancs, me paralysant. Mon cœur bat plus fort, plus vite et des gouttes de sueur perlent le long de mon front. La panique me gagne tandis que dans ses yeux, j'aperçois Aoile se faire tuer. Encore et encore. Mon cœur se serre, j'ai envie de vomir. Une lame lui traverse le cœur. Mon cerveau est absorbé par ce spectacle macabre, entraînant mes yeux, tandis que mon cœur veut absolument arrêter tout cela. Une balle se loge dans sa poitrine.

Ma respiration est de plus en plus saccadée, jusqu'à ce que je trouve la force de repousser Thomas et bondir sur mes pieds, d'un mouvement très peu gracieux. Je tente de reprendre un minimum mes esprits, le coeur en pleine course olympique de cent mètres, le souffle broyant ma cage thoracique et ma tête ressassant les images que je viens de voir.

— Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? J'éructe, hors de moi.

Pourquoi me montrer autant d'images douloureuses et familières ? Des images de morts ? Pourquoi est qu'à chaque fois que je regarde dans les yeux d'un Oracle, il me montre la mort ? Je sais que les Banshees y sont étroitement liées, mais est-ce une raison pour que l'on ne voit que cela ? Puis, pernicieusement, une pensée s'infiltre en moi, jusqu'à s'imposer dans mon cerveau. Cette fois, c'est Aoile que j'ai vu mourir. Plus d'une centaine de fois. Et connaissant un minimum les Oracles et surtout Thomas, je sais que c'est réel. Il ne me montrerait pas une sorte de cauchemar, juste pour rire.

Si Aoile est morte autant de fois... Comment se tenait-elle encore devant moi, quelques jours auparavant ? Thomas replace ses lunettes sur son nez, doucement, avant de lâcher un soupir digne d'un roman à l'eau de rose. Il passe une main dans ses cheveux décoiffés et se lève pour se mettre face à moi, sans pour autant me regarder.

— Aoile est bien morte Sam. Juste...pas pour très longtemps. Ça dépend de sa blessure, hésite Thomas.

Je hausse les sourcils, l'air hagard et surpris.

— Pardon ?

C'est tout ce que j'arrive à dire, tellement sa révélation sonne stupide. J'ai beau avoir atterri dans un monde complètement dingue, les lois de la physique, comme la vie et la mort reste les même, non ? Un être ne peut pas constamment revivre après avoir été tué, c'est...impossible. Le mot sonne terriblement faux dans ma tête. Après tout ce que j'ai vu, entendu, expérimenter, comment puis-je encore croire en ce mot ? Thomas se racle la gorge pour attirer mon attention.

— Aoile est une Deamhgeal, me révèle-t-il.

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Hello tout le monde !

Ah, un bon chapitre bien sympathique hein ? 😂 Aoile est pas là, Thomas ne fait presque pas d'humour... Mais je trouve ça bien. Je ne veux pas forcément que Thomas soit le clown de l'histoire xD Il peut être sérieux 💜 . Après, il n'est pas parfait 😂 Balancer des infos sans les expliquer, ça ne fait rire que lui xD

Sinon, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Samantha qui essaye de garder la tête haute ? Elle qui a vu énormément de morts, je pense qu'elle peut réussir à mettre la douleur de côté. C'est juste que là, Aoile était un peu son pilier quoi...

Une amitié peut-elle naître entre Thomas et Sam ? Ils étaient déjà "amis" avant, c'est juste que maintenant qu'elle n'a que lui pour une durée indéterminée, il ne faudrait pas qu'ils se détestent !

Une idée pour le retour de Aoile ? Je vous rassure, c'est bien prévu xD J'hésite encore entre deux idées, donc n'hésitez pas à donner les vôtres histoire de me rendre encore plus confuse 😂

Sur ce, je vous souhaite une très bonne fin de semaine, profitez de la piscine et du soleil 💚 Et merci pour les 14K 😍❤

PS : LES ENFANTS, MA NOUVELLE DE SCIENCE-FICTION NOMMÉE "BULLE" SORT LE 3 JUILLET AUX EDITIONS "Art En Mots" 💛❤ Soyez au aguets :p ! Je partagerai le lien en commentaire pour ceux qui veulent !

PPS : MERCI À elisatlfsse POUR LA NOUVELLE COVER 😍❤

Les Chroniques d'Idan (tome 1) : La Dernière BansheeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant