Cycle

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La nuit tombait, quand Riddim retourna dans sa hutte. Épuisé par la journée de travail, il se laissa tomber sur ses couvertures en ruminant. Il avait croisé plusieurs fois Fyrente et Guadrevin, main de la main, affichant leur amour indécent aux yeux de tous.

Il grogna, et se redressa.

Il se sentit soudain bien seul dans sa hutte. La froideur de la nuit, l'obscurité ambiante, et la solitude lui donnait l'impression de ne pas être à sa place.

Il était chez lui. Mais, il lui manquait quelque chose.

« Tant pis  ! »

Il se releva, et quitta les lieux sans même fermer la porte. Il prit la direction de la cité. Au bout d'une dizaine de minutes de marche, dans le noir, il commença à grelotter.

« J'aurais du prendre ma cape... » maugréa t-il en se frottant les bras, dans une tentative vaine de se réchauffer. 

Il repensait en boucle à Guadrevin. A Fyrente. Et à sa jalousie. Sa tristesse. Sa solitude. Il aurait donné n'importe quoi pour les oublier, ne serait-ce que quelques instants.

Il arpentait la grande rue quand il cogna contre quelque chose.

Il leva les yeux.

Feths le fixait, d'un air étonné. L'homme ouvrit la bouche, sans doute pour poser une question. Riddim le coupa  :

« Je n'ai pas envie de parler. Laisse moi. »

Il contourna son ancien époux, cachant avec peine ses grelottements. Il sentit soudain quelque chose de chaud sur ses épaules.

« Tu dois mourir de froid. » fit simplement Feths.

Il ne chercha pas à continuer la conversation, et prit la direction opposée, laissant Riddim seul avec sa fourrure sur le dos.

Voilà plusieurs dizaines d'années que Riddim l'évitait, et qu'ils n'avaient plus de contact ensemble. Ils étaient devenus des étrangers.

Le mépris de Riddim à son encontre n'était que de simples coups de poignard. Mais le voir, tout les soirs, se donner à Guadrevin était la pire des tortures.

Feths avait arrêté d'espérer, et essayait d'oublier.

D'oublier que Riddim avait été son époux. Et que malgré leurs différences, il l'aimait profondément.

Alors, quand le roux le rattrapa, et lui prit le bras, il cru d'abord à un rêve.

Alors, quand il l'embrassa, il arrêta de réfléchir, et répondit à son baiser.

Il aurait dû savoir que Riddim se consolait avec lui. Qu'il ne pouvait rien attendre d'autre qu'un peu de chaleur ce soir là.

Mais le bonheur de retrouver l'odeur du roux, son goût, lui fit perdre le fil de sa pensée.

S'il lui était donné de tout reprendre à zéro, alors jamais plus il ne ferait de mal à son amant.

Un baiser. Puis un autre.

Nus contre la pierre.

L'un contre l'autre.

« G... Guadrevin... »

Le gémissement de Riddim fut comme une douche froide.

Le bonheur de Feths devint de la rage.

Violence.

Jalousie.

Riddim se laissa faire, car il ne connaissait rien d'autre de Feths.

Il ne se doutait pas qu'en un nom, il venait de briser l'espoir.

Un cycle de douleur recommença.

Le Journal de l'Âme - BonusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant