L'Enfant

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Riddim transportait la paille pour les animaux, le visage couvert de sueur, lorsqu'il entendit quelqu'un entrer dans la grange. Il se retourna, étonné de voir Feths dans l'ombre de la porte.

​« Que veux-tu  ? »

​Riddim avait marmonné, en retournant à sa tache. L'idée de discuter avec l'homme ne l'enchantait pas. Il préférait l'éviter un maximum, et c'était réciproque. Ils ne se voyaient presque jamais, sauf en cas de nécessité.

​« J'aimerais que l'on prenne le temps de parler un peu. Nous sommes partis sur de mauvaises bases. »

​Riddim soupira, et abandonna définitivement son fardeau, pour se poser face au roux. Le regard de ce dernier était sincère. Le garçon hésita quelques secondes, se demandant si rester seul dans la grange avec lui était judicieux. Mais Feths ne semblait pas avoir de mauvaises intentions.

​« D'accord. De quoi veux-tu me parler  ? »

​Feths s'installa sur le sol, et fit signe à Riddim d'en faire de même. Face à face, ils se regardèrent quelques secondes.

​« Hum... Tu vas bien  ?

​— Aussi bien que je puisse aller. » Répondit sèchement Riddim. Feths soupira, et se mordit la lèvre. Il posa sa main sur la cuisse de Riddim, qui sursauta, mais ne se dégagea pas.

​« Tu sais, nous avons beaucoup de points communs. Et de qualités. Ensemble nous pourrions faire beaucoup. Apporter à la communauté.

— Si c'est pour me dire ça... » Riddim fit mine de se relever, mais Feths lui attrapa le bras, et en profita pour le plaquer au sol.

​Il était au-dessus de lui. Le regard brillant.

​Leurs visages étaient séparés de quelques millimètres. Riddim écarquilla les yeux lorsque Feths l'embrassa. Il tenta de se dégager avant de se laisser emporter. Il ferma les yeux. Son cœur battait plus fort qu'il ne l'avait jamais fait.

​Leur baiser dura une éternité.

​Lorsque leurs lèvres se détachèrent, Feths se redressa légèrement, son regard planté dans les orbes dorés de Riddim. Il hésita, et murmura  :

« Faisons un enfant. »

​Soudain, Riddim le repoussa. Honteux de s'être laissé ainsi faire, il grogna  :

​« C'est donc ça. Un enfant. Tu penses sincèrement que je vais te pardonner, et te laisser me toucher  ?

​— Nous...

​— Il n'y a pas de nous. Il n'y aura jamais de nous. »

​Riddim, les joues rouges, quitta la grange en marmonnant  : « S'il croit que je vais le laisser me toucher... Il se trompe. »

Le Journal de l'Âme - BonusWhere stories live. Discover now