Chapitre 12 : Le Bastion de la Lumière

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Le trio survolait maintenant les champs du Soleil, leurs visages fouettés par le vent. Ritak se pencha pour observer les travailleurs acharnés, maniant la faux pour récolter le résultat d'un long et dur labeur. Quelques-uns d'entre eux s'arrêtaient et pointaient du doigt le ciel en leur direction, certainement surpris du spectacle inhabituel qu'offraient les trois créatures chevauchant leurs griffons.

Vaguement intéressé, le démon porta son regard à l'horizon et ne put y apercevoir qu'une mer dorée de blé dans laquelle dépassaient quelques têtes humaines éparpillées.

Un réseau de chemins parfaitement rectilignes y était creusé, et s'organisait en reliant divers petits villages composés de chaumières paisibles. Bientôt, Ritak put également percevoir au loin une paroi lumineuse de nature magique. En plissant les yeux, il constata que celle-ci formait un dôme gigantesque qui recouvrait presque tout son champ de vision.


Intrigué, il pointa du doigt devant lui pour désigner le phénomène :

"Qu'est-ce que c'est, ça ?"

"Ça" fit Kazhiik. "C'est la spécialité des gens d'ici. Un dôme de protection : personne ne peut pénétrer chez eux sans que la Garde de la nation soit au courant. Des paladins surveillent en permanence les frontières. Dès qu'on passe la barrière, ils le sauront."

"Et c'est aussi conçu pour m'affaiblir." ajouta Arktus d'une voix morne. "Je n'ai pas de très bonnes affinités avec la magie de la Lumière, comme vous pouvez vous en douter."

"Tout ce qui est installé ici est fait pour nous enlever nos possibilités d'agir. Tu devrais t'en souvenir, n'est-ce pas Ritak ?" adressa tranquillement le Zaar.

Ritak poussa un léger soupir :

"Oui, je me souviens..."

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Le démon courait dans la forêt, aussi vite que ses jambes pouvaient le porter, sans jamais regarder derrière lui. Il avait été vu, cette fois-ci. Il ferma les yeux un court instant, concentré sur sa course, ressentant les vibrations de son corps à chacun de ses pas. Il sentait l'énergie magique l'emplir, au plus profond de son âme. Et il s'apprêtait à s'en servir.

Il était suivi : il le savait. Deux cavaliers s'étaient lancés à ses trousses à la sortie de ce village, avec un peu de retard, mais pas assez pour qu'il les sème définitivement. Il avait choisi les bois comme lieu de retraite pour les ralentir, mais ça n'avait pas fonctionné : ils seraient bientôt sur ses talons.

Il allait certainement mourir ici. Ses poursuiveurs étaient des Paladins. D'implacables soldats de la Lumière, redoutables maîtres d'armes doublés de magiciens de génie dans leur domaine.

Ainsi, il aurait seulement vécu en être libre une vingtaine d'années...Ritak aurait pu être triste, s'il n'était pas aussi effrayé de l'imminence de sa fin.

Mais il avait un plan : il n'était pas allé dans la forêt seulement pour ralentir ces Paladins. Non, il avait un but précis : la raison de cette fuite, la raison de tout ça...

C'était ici qu'il avait rencontré ce Zaar. Ici, précisément.

Et il devait être là.

Ritak ouvrit les yeux, et stoppa sa course : ses sens lui confirmèrent le drame que sa magie de perception lui avait déjà appris. Ce Zaar n'était plus là. Et le bruit des sabots se rapprochait inexorablement. Il ne servait plus à rien de courir, maintenant. Le démon avait espéré que cette créature pouvait le sauver, il avait eu l'idée folle que grâce à l'aide qu'il lui apportait, le Zaar l'aiderait en retour.

Mais personne n'aime les démons. Personne ne les aide, personne ne leur fait confiance. Ce Kahziik avait profité de lui, et le faisait assassiner, et cela ne lui posait sans doute aucun problème de conscience. Qui se soucie du bien-être des démons ? Qui se soucie même de leur vie ?

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