Dernier jour de tranquillité

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Gaël bâilla longuement. Le jour déclinait peu à peu. Il se demanda quelques instants quel jour on était. La veille du jour de l'expulsion. Demain soir ils pourraient souffler, se dire qu'ils ne partiraient pas par le prochain charter. Lucille rentra dans l'hôtel squatté par la petite porte encastrée dans le mur qu'ils avaient construits. Ils s'étaient murés, enfermés pour résister. Elle déposa son sac de course, essoufflée et attacha ses cheveux. 

-C'est ce qui s'appelle être assignés à résistance. On ne sort pas demain, hein. Inutile de se rappeler à eux.

Un vent d'approbation parcouru la trentaine de personnes qui étaient entassés là. Une approbation tendue. La date limite approchait. Certains priaient silencieusement pour qu'on les laisse tranquilles.

Lucille s'assit à côté de Gaël. Elle ne savait pas vraiment quoi faire. Personne n'osait bouger, de peur d'alerter les voisins. Les minutes passaient lentement, chacun s'observant. Gaël voulut imprimer chacun de ces regards dans son esprit. Chacune de ces personnes lui avait raconté son histoire. Ils avaient rit ensemble, cuisinés ensemble, s'étaient échangés des plaisanteries pendant de longues soirées.

-Vous ne partirez pas, ne vous inquiétez pas. S'efforça-t-il de promettre avec un sourire affligeant.

Un claquement métallique retentit à l'entrée. La petite porte unipersonnelle gisait au sol.

Sel de merWhere stories live. Discover now