Chapitre 3

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Harry.

(J-1)

Cela faisait plus d'une heure que l'on discutait et le lieutenant ne revenait pas. Je me suis excusé auprès de mes collègues et j'ai prétexté une envie pressante pour me lever et aller à l'avant de l'avion. C'est un transport militaire alors forcément il n'y pas grand-chose à l'avant sauf les toilettes, la cabine de pilotage et un espace de détente avec trois lits de camp. Tout le matériel et nos bagages sont à l'arrière ou dans l'autre avion. Je m'avance vers les lits. Personne n'a l'air d'être ici. Enfin c'est ce que je pense jusqu'à ce que j'entende des bruits de pages qui se tournent. Je me rapproche du bruit et trouve le lieutenant Tomlinson, penché au-dessus d'une carte. Je ne reconnais pas exactement ce qu'elle représente, mais elle me dit vaguement quelque chose. J'ai la sensation d'un déjà vu, mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur quand exactement j'ai déjà observé cette carte. Je suppose que c'est l'Afghanistan, mais je n'ai pas idée de la région où nous allons. Il relève la tête et m'offre un faible sourire en m'apercevant.
J'hésite à m'asseoir à côté car j'aimerais bien lui poser deux trois questions, mais ça ne serait pas poli. Il me devance.

- Je peux t'aider ?

Je cache la grimace qui me vient quand j'entends qu'il me tutoie. Je n'ai pas l'intention de le tutoyer pour ma part, c'est peut-être bête, mais on m'a appris à toujours respecter un supérieur ainsi, alors je continue à le faire. C'est l'une des habitudes qui ne partent pas, même après quelques années sans service actif.

- J'ai une ou deux choses à vous demander, mais vous êtes occupé, ça peut attendre.

Je me retourne pour partir mais je suis retenu. Il s'est levé et m'a arrêté en posant sa main sur mon épaule. Il a pas mal de poigne alors ça suffi à me faire rester. Je ne m'attendais pas à ce qu'il ait une si grande force vu sa taille et son gabarit. Mais c'est sans doute caché par ses vêtements. Il relâche sa prise et je recule un peu pour ne pas être trop près, je sens déjà mes joues qui commencent à se colorer un peu à cause de cette précédente proximité. J'ai bien l'air d'un imbécile comme ça. Je me répète cette phrase pour ne pas rougir plus que maintenant : il ne me plaît pas. Pas du tout.

- Ça peut attendre. Qu'est-ce que tu veux me demander ?

Ragh, ne me tutoie pas. Une fois que je pense que mes joues sont redevenues d'une teinte un peu plus normale, je peux lui parler sans bégayer.

- Je... J'ai fait mon service militaire il y a un bout de temps maintenant, un peu plus de trois ans pour être exact, je suppose que depuis le temps les règles ont dû changer un peu. Mais il y a quelque chose qui me perturbe. C'est assez bête à vrai dire...

Je passe ma main dans mes cheveux, qui commencent à être longs maintenant, et baisse un peu les yeux sur mes chaussures avant de les relever à nouveau.

- Je dois vous tutoyer ou vous vouvoyer ? Parce que...

Après un petit moment de surprise il se mord la lèvre inférieure comme s'il se retenait de rire, alors je m'arrête en plein milieu de ma phrase. Génial, je passe encore l'idiot de service, comme si être le nouveau n'était pas suffisant. Je me retiens de faire une remarque. Je ne supporte pas qu'on se foute de moi. C'est juste du respect à avoir.
Ça fait plus d'une minute qu'il est silencieux et que son visage est passé de l'étonnement à l'amusement, et maintenant il a l'air de réfléchir. Bon, j'ai compris le message, je te fais chier. Et je vais disparaître, aller m'enterrer loin d'ici.
Je souffle et cette fois je m'en vais sans rien demander. Je retourne à ma place et ignore les regards que me lancent les autres. Je prends mon chien sur mes genoux en faisant comme si de rien n'était et caresse juste Visconty pour me calmer.

Après réflexion ma réaction était un peu trop exagérée, il est possible qu'il se demandait juste comment formuler sa phrase. Mais je n'irais pas m'excuser pour autant. Je ne veux pas qu'on se foute encore une fois de moi.
Je perçois du mouvement sur le côté et je tourne la tête pour voir ce qu'il se passe. Le lieutenant est revenu s'asseoir avec l'autre membre du groupe. Pour ma part tant que je n'ai pas d'excuses je ne lui adresse plus la parole.
C'est gamin, je sais, mais j'ai beau être quelqu'un d'extrêmement gentil, si on me manque de respect ou si on se moque ouvertement de moi, sans raison, je peux être très désagréable. Je suis de nature calme, je m'énerve rarement, je rougis facilement, et suis plutôt réservé, mais ça ne m'empêche pas de montrer mon mécontentement ou ma rancœur par moments.

The WaveWhere stories live. Discover now