Dernier jour de l'été

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C'était passé si vite. Lucille n'en revenait pas. Les deux mois avaient filé à toute allure. La rentrée était déjà proche. Elle était assise dans sa chambre, les mains sur ses fournitures toutes neuves, sur son ordinateur qu'elle glissait dans son sac. Elle n'était pas sûre d'être déçue que les vacances s'achèvent. Elle avait hâte de revoir Gaël et hâte de découvrir la fac. Elle avait une autre hâte, plus étrange, plus fantasmagorique, plus puérile.

Revoir cette curieuse jeune fille avec qui elle avait distribué des tracts anti-racisme. Une jeune fille qui n'était pas timide mais assez taciturne. Qui ne parlait que par nécessité. Qui semblait avoir peur d'en dire trop sur elle. Lui avait-elle seulement dit son prénom? Non. Lucille ne savait pas comme elle s'appelait.

Pourtant elle avait envie de la revoir. Envie de revoir ses yeux, ses cheveux si mouillés qu'ils avaient trempé son tee-shirt.

Elle était allé à cette manifestation avec un groupe d'amis. Ils n'étaient pas resté très longtemps et ils avaient été boire des bières dans un parc. Elle les avait accompagné, elle avait trouvé une place sympathique, à l'ombre. Ils s'étaient assis et avaient savouré leur premier week-end estival. Lucille se demandait si elle avait dormi. Encore une fois le temps était passé à une vitesse hallucinante, en un claquement de doigt, une note de musique, un revers de la main, une page tournée.

Le gardien du parc avait fini par venir les voir et leur dire :

-Vous savez, le parc ferme. Vous pouvez rester mais sachez que le parc ferme.

Alors l'inconnue s'était levée, avait salué tout le monde en appelant chacun par son prénom. ils avaient répondu "au revoir" en cœur mais personne n'avait songé à apposer un prénom à cette salutation.

Ils avaient dormi au parc cette nuit là. Au détour d'un sentier, alors que Lucille était allée faire une promenade nocturne dans ce jardin qu'ils avaient pour eux seuls, elle avait trouvé un petit ruban bleu affichant le nom d'une piscine locale. La piscine d'en face de chez Gaël. Cette coïncidence l'avait fait sourire et elle avait attaché sa trouvaille à son poignet.

Lucille étouffa un bâillement. Elle regarda l'heure et décida qu'il était l'heure de se reposer. Elle éteignit sa lampe et plongea dans un sommeil lourd et empli de rêves.

Sel de merWhere stories live. Discover now