Chapitre 36

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Ce jour-là, j'avais eu une interview avec les membres du groupe. Je les avais laissé parler, je n'aimais pas tant ça, répondre encore et encore aux mêmes éternelles questions. Alpha s'en était amusé et avait rapper l'histoire de nos débuts, pour un gain de temps mais surtout pour le délire.

Je rentrais alors chez elle pour la retrouvais. J'avais dû traverser tout Paris pour quelques questions et j'étais épuisé par les transports. Alors que j'insérais la clé qu'elle m'avait donné, je souris en imaginant un instant que ce serait chouette d'avoir un chez nous. Pas juste un chez elle et un chez moi mais l'union des deux ; un chez nous, à nous deux. En refermant la porte derrière moi, j'entendis sa voix. Je l'aperçus dans le salon, l'oreille pendue au téléphone et une lettre dans une main.

– Mais c'est beaucoup trop tôt, tu es folle !

Son ton était alimenté par de la surprise et de la colère.

– Je ne comprends pas... Pourquoi as-tu dit oui ?... Tu l'aimes ?! Et comment peux-tu en avoir la certitude ?... C'est réellement de la folie...

J'ignorais avec qui elle parlait et ne comprenais pas vraiment la conversation. Je luis chuchotai un "qu'est-ce qu'il y a ?" et sa seule réponse fut de me tendre la lettre. Mes yeux se posèrent sur celle-ci et je découvris que c'en était pas vraiment une. C'était un faire-part nous invitant à un mariage, celui de sa mère et Frank. La date tombait au milieu du mois de juin et Jade n'en avait pas l'air réjouie.

– Mais Maman ! C'est de la pure folie, réfléchis ! Tu le connais depuis si peu de temps...

Jade s'inquiétait beaucoup pour la décision prise par sa mère. La jolie châtaigne m'avait déjà fait part de ses interrogations à propos du nouvel homme qui faisait parti de la vie de la femme qui l'avait mise au monde. Mais Caroline ne devait pas être la petite fille de sa propre enfant. Elle était grande et si la vie lui donnait de nouveau le droit d'être heureuse, elle se devait de le saisir.

Leur conversation se termina et Jade posa son téléphone sur la table basse en répétant une énième fois que c'était de la folie.

– Elle est grande, tu sais, fis-je.
– C'est pas parce qu'elle a plusieurs dizaines d'années derrière elle que cela fait d'elle quelqu'un de sensé. Tout ça n'a rien de sensé...
– Ça ne doit pas l'être.
– Bien sûr que si ! Il faut réfléchir avant de prendre ce genre de décision. S'enchaîner à quelqu'un sans songer à l'avenir, c'est juste débile.
– C'est ce que fait l'amour. Il n'y pas de sens à ça. C'est inexplicable.
– Alors tu es comme ça...
– Comme quoi ?
– T'es le genre de gars qui rêve de se marier.

Je ne dis rien. J'étais surpris qu'on ait cette discussion. Je n'y étais pas préparé.

– Franchement, Ken, comment peux-tu croire que le mariage puisse donner un plus à une relation ?
– J'en sais rien mais ça donne quelque chose de concret.
– Donc nous deux, c'est pas concret ?
– Ce n'est pas ce que j'ai dit. Juste, je ne trouve pas ça "débile". Je trouve ça beau et ça l'est de faire confiance à l'autre pour l'avenir.
– Tu dis ça parce que tes parents sont toujours unis.
– Ils ne l'ont pas toujours été. Chaque couple a des hauts et des bas. Certains s'en remettent, d'autres pas. Et comparer tous les hommes à ton père, c'est ça qui est débile.

J'avais, malgré ma volonté, touché un point sensible.

– Ne me parle pas de lui.

Sa colère hachait chaque mot qui sortait de sa bouche.

– Je sais qu'il a fait du mal à ta mère. Je sais qu'il vous a fait souffrir Simon et toi. Je sais tout ça mais tu ne dois pas te rattacher à l'image d'un homme horrible et la coller sur le front de tous les types qui croisent le chemin de ta mère.

Elle avala mes paroles mais certaines lui restèrent en travers de la gorge.

– Tu sais, c'est vrai. (Elle fit une pause) Mais tu ne comprends rien.
– Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu as accroché une photo de lui dans ta chambre, chez ta mère alors que tu m'as fait le blâme de cet homme.

Cette conversation était devenue électrique en un rien de temps.

– Parce que j'ai beau le détester, il reste tout de même mon père. Il a été, de chose sûre, le premier des cons avec ma mère mais c'est toujours mon père. Et j'ignore encore à qui j'en veux le plus entre lui et elle. Mais de toute façon, tu ne comprends rien.

Elle avait mis fin à notre crise en claquant la porte de sa chambre. Je me laissai tomber sur le canapé, le faire-part toujours dans ma poigne.

Elle avait raison.

Je ne comprenais rien.

Désastreux AmoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant