Only fools fall for you [Terminée]

8_Christoffer Schistad

FREDAG

La souffrance. Je ne la connaissais que trop bien.

Etre mal aimé. Etre rabaissé. Etre seul. Etre frappé.

Tout ça conduisait à la souffrance. Et tout ça, je l'avais connu. Mais cette souffrance-là... Celle qui battait dans tout mon corps à cet instant était la pire de toutes. C'était la trahison. Et le goût de la trahison est cruel. Cette saveur amère et âcre... Ce mal-être qui consumait mon corps... Je ne méritai pas d'être aimé. J'avais tout donné. Tout essayé avant qu'on me jette encore. Qu'on me fasse comprendre que je ne suffisais pas... J'ai essuyé d'une main rageuse mes larmes. C'était comme une énorme balle qui m'avait foncé dessus à la vitesse de l'éclair pour me terrasser. J'avais envie de pleurer. J'avais envie de crier. Je voulais que toute cette souffrance s'arrête.

Puis, ma technique de défense a pris le dessus. William était et avait toujours été un connard. Il ne s'en était jamais caché. Mais elle... Elle m'avait menti... C'est elle qui m'avait trahi avec toutes ces notes d'espoir, cet amour et ces mots doux... La colère, la haine a enflé dans ma poitrine recouvrant le feu de la douleur par celui de la vengeance. J'allai me venger. J'allai tout détruire. J'étais un expert dans ce domaine.

J'allai détruire Eva Kviig Mohn.

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MANDAG

L'heure du déjeuner était le moment parfait. Tout le monde assisterait à sa chute. A la destruction de notre parfaite petite élève. Au brisement de notre chère élue du bureau des élèves. Eva entra dans le réfectoire, suivie de près par Noora. Immédiatement, une ambiance de mort régna. Tout le lycée était au courant pour la dispute. Mais personne ne savait vraiment pourquoi. William me fusilla du regard, mais j'étais déjà hilare.

-Regardez qui voilà, la traitresse habillée en salope.

Je me retournai vers Carl qui avait l'air de trouver ça tordant de mettre à terre Eva. Mais elle était à moi. A moi et à moi seul. Et j'allai la pulvériser.

-Tu as tort, Carl. Ne dis pas ça. Ai-je ajouté.

Eva a semblé soulagée et a cherché de l'aide dans mon regard. Puis, elle a vu ce que tout le monde y voyait.

Le néant.

Et elle a pris peur. Et elle avait raison.

-En réalité, on appelle ce qu'elle est une prostituée. C'est une prostituée comme sa mère.

Elle accusa le coup et elle retint un gémissement qui monta à vitesse grand V dans sa gorge. Ses yeux se remplirent de larmes mal contenues et elle pivota vers la sortie. Une chaise crissa et la voix de William s'éleva.

-Eva ! Attends ! Chris, putain !

J'engloutis dans ma bouche un morceau de pain tandis que tout le monde regardait la sortie du réfectoire d'un air effaré. Noora me lança son regard de tueuse et suivi son amie. Je fermai les yeux et attendis que la satisfaction me gagne. Mais seul un dégoût profond monta dans ma gorge. Je me levai en catastrophe et courrai dans le couloir. La porte claqua contre le mur carrelé des toilettes et je m'effondrai devant un WC. Il ne fallut pas deux secondes pour que je me vide. Je cherchai mon souffle attendant que cette envie de vomir passe. Je me dégoûtais.

Puis le dégoût fit lentement place à la colère et enfin la tristesse. La tristesse qui faisait écho à celle dans les yeux d'Eva. Celle qui me rendait fragile. Celle que je me refusai d'éprouver à nouveau.

Je rouvris les yeux et me redressai. Je croisai mon regard dans la glace et soupirai.

Le nouveau moi ne serait plus sujet à cette tristesse.