De la nécessité des clichés.

Start from the beginning
                                    

Dans un même état d'esprit, il existe le stéréotype du bad boy, qui recense les caractéristiques précisées plus hauts. Et là où le problème se pose, c'est que le cliché n'arrive pas à dépasser le stéréotype, c'est-à-dire l'image simplifiée du personnage. Si vous rencontrez un médecin, vous aurez peut-être un temps dans lequel vous le mettrez dans la case « médecin », mais rapidement, surtout si vous le fréquentez souvent, il dépassera cette étiquette pour devenir une personne à part entière.

Ce qu'on reproche aux clichés, c'est de ne jamais creuser, et de rester en surface. On prend le bad boy, on lui donne ses attributs, et c'est tout. On essaiera peut-être de lui donner un passé douloureux, mais il est impossible que cet élément apporte de la profondeur au personnage, puisque c'est déjà un élément compris dans le kit du parfait bad boy, ou stéréotype.


                         b) Le fantasme du cliché.

Le résultat direct du fait que le cliché se calque sur le stéréotype, sans chercher à aller plus loin, est celui d'une histoire prenant place dans un monde simplifié, où chacun est dans une catégorie bien précise, et remplit des fonctions définies. La peste est là pour mettre des bâtons dans les roues de l'héroïne, la meilleure amie, au contraire, pour l'aider à pécho, si vous me pardonnez l'expression.

Et comme chaque monde simple et obéissant à des règles de catégorisation, il est idéalisé (cf : les contre-utopies comme Divergente et Hunger Games, qui en sont de bon exemples.)

Voilà alors ma position : si les clichés agacent, s'ils prêtent autant à furie, c'est probablement qu'ils n'ont rien de vrai. Car le cliché, tel qu'on le conçoit ici, n'est qu'un fantasme. Les personnages « clichés » possèdent des attributs de rêve, des caractéristiques spécifiques et idéalisées, qui fait qu'on ne peut pas les retrouver dans la vie réelle. Il n'existe pas, dans un lycée, une fille, qui se baladerait dans les couloirs, et regarderait tout le monde de haut. Comme il est très peu probable de tomber sur un gars qui a monté un gang dans le petit patelin de La Chaize-Giraud.

On a alors ici une première définition du cliché : celle d'un schéma préfabriqué, prenant place dans un monde classifié au maximum, imprégné de fantasmes, n'ayant pour but que de faire rêver les lecteurs. Seulement voilà, à force de se le faire servir à toutes les sauces, le lecteur en a marre, et cherche de la nouveauté, du jamais-vu. De l'originalité. Vous l'avez vu cette petite transition ? Elle était géniale.


II – L'originalité : la solution contre les clichés ?


L'originalité a plusieurs sens, mais le plus littéral est celui-ci : le caractère de ce qui est nouveau, singulier, personnel (Larousse). En opposition donc avec le cliché, l'originalité apporte au lecteur un sensation de fraîcheur dans une histoire, avec des personnages qui s'éloignent des schèmes, ou du moins qui semblent s'en éloigner.

L'originalité est une arnaque.

Vous ouvrez un livre, le résumé vous a plu, vous avez l'impression que cet ouvrage va sortir des histoires habituelles. En réalité, il y a de grandes chances pour que vous ayez déjà lu l'histoire, du moins dans ses grands lignes. Et pour appuyer cet argument qui paraît improbable, je vais m'appuyer sur cette théorie du journaliste britannique Christopher Booker : les sept récits originels. En fait, loin de dire qu'il est impossible de créer du neuf, Booker avance qu'à peu près toutes les histoires se basent sur sept scénarios pré-mâchés, et ce n'est que le travail en profondeur de l'écrivain qui permet au lecteur de ne pas avoir cette impression de « recyclage ».

Tout sauf "Illa"Where stories live. Discover now