De la nécessité des clichés.

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Avant toute chose, il est important de préciser que l'analyse qui suit m'est personnelle. Pour ceux qui ont déjà eu l'occasion de me parler en privé, certains auront peut-être compris que j'ai un position très... libre sur l'écriture. Je considère que chacun est en droit d'écrire ce qu'il veut, surtout si son objectif est de se détendre et s'épanouir dans une passion.

De ce fait, tout le concept de « cliché » et cette façon qu'on a de regarder les auteurs qui les utilisent avec condescendance a un peu – beaucoup – tendance à me titiller la paupière. Alors avant de commencer, je lance un appel international (en mode Cristina Cordula) : s'il vous plaît, arrêtez de descendre des personnes qui ne demandent rien d'autre que de se lancer dans l'écriture, et trouver du bonheur en racontant leur propre histoire.

Sur ce, c'est parti.


Introduction.


Il suffit de rechercher, ne serait-ce qu'une fois, le mot cliché dans la barre Wattpad pour trouver 1 900 ouvrages recensés sur le sujet. Souvent à coup de slogans enragés, la communauté de ce site possède cette capacité à être un paradoxe, et se descendre elle-même. Ainsi, peu à peu, voir son histoire être définie de « cliché » est devenue la hantise de tous les auteurs en construction, car le mot est imputé de ce sens péjoratif, transformé avec le temps en un synonyme de « manque de créativité », « nullité », voire dans les cas les plus extrêmes de plagiat.

Demandez à n'importe quel utilisateur de la plate-forme ce qu'est un cliché, il vous répondra sûrement par un exemple. Le bad boy, la peste du lycée, la relation professeur/élève. Et à ces problèmes, certains apportent des solutions tout à fait légitimes, mais quelque peu déconcertantes : « Soyez original ! »

Original ? Comment ? Car peu importe ce que l'on écrit, on a souvent l'impression que le voile menaçant du « cliché » plane sur notre histoire, et qu'il viendrait empoisonner nos chances de sortir un bon truc. Mais finalement, c'est quoi un cliché ? Est-ce réellement si toxique ? Comment produire de l'original sans tomber dans le ridicule ? Eh bien, aujourd'hui, pas besoin de vous taper 65 parties de clichés à éviter, vous forçant à rayer toutes vos idées et vous arracher les cheveux, voilà une petite analyse, en thèse, anti-thèse, synthèse comme on aime bien, pour vous prouver qu'on peut se servir des clichés sans en tomber dedans.


I – Clichés : définition et notions.


                        a) Clichés et stéréotypes.

Au sens vieilli du terme, un cliché est une photographie, au sens technique, c'est un tirage (Larousse). Par extension, un cliché serait donc une image fixe, qui ne changerait pas dans le temps. Et c'est de cette conception qu'on tire la définition telle qu'elle est considérée sur ce site aujourd'hui : une situation donnée, prise telle qu'elle, qu'on apposerait à une histoire. Dans d'autres termes, j'ai un personnage A, je n'aurais qu'à piocher dans mon chapeau magique des clichés le papier « bad boy », et me voilà soudain avec Brandon, biker, qui porte des blousons d'aviateurs et fume des Malboro. Voilà ce qu'est aujourd'hui un cliché : l'apposition de sortes de schémas préfabriqués.

On donne souvent, peut-être à tort, le mot stéréotype comme un synonyme de cliché. Un stéréotype est, au sens psychologique du terme, une classification mentale de différentes catégories descriptives simplifiées, utilisée pour comprendre le monde trop complexe (Lippman, 1922). Je m'explique. Le stéréotype d'un médecin est un homme – malheureusement –, en blouse blanche, avec un stéthoscope. Cette image que vous vous faîtes tous à l'entente du mot médecin, c'est votre cerveau qui la réalise, pour vous aider à reconnaître un médecin quand vous en avez un devant vous. Mais alors, OK, quel est le lien avec notre bad boy ?

Tout sauf "Illa"Where stories live. Discover now