Confession pas intime

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Comme prévu, Tobio était tombé dans le piège, et avait accordé un rendez-vous à Kindaichi. Lequel était foncièrement heureux de pouvoir sérieusement discuter avec ce demi-rival, mais, pour autant, espérait aussi découvrir des informations et gagner la reconnaissance éternelle promise par Oikawa.

-N'oublie pas, répétait celui-ci en l'accompagnant au bar où Kindaichi et Kageyama devaient se retrouver. Pose les bonnes questions au bon moment. Le bon moment, c'est plutôt vers la fin, si tu vois ce que je veux dire.

-Je comprends, répondit Kindaichi.

-Bien sûr, on pourrait se poser la question de l'éthique, de la morale, sur nos méthodes. Est-ce qu'on se la pose, Kindaichi ? interrogea Oikawa.

-Non, on ne se la pose pas.

Il est bien dressé, songea Oikawa très satisfait.

-Allez, va l'attendre. Je rentrerai un peu après l'avoir vu te rejoindre, et je m'installerai à la table derrière vous.

-D'accord !

Kindaichi était visiblement nerveux, mais se dépêcha de gagner le bar et de prendre une table. Oikawa fit semblant de regarder les vitrines d'en face, et aperçut dans le reflet Kageyama entrer à son tour. Avec un sourire d'anticipation, il posa une casquette de volley sur sa tête, rabattit la capuche de son sweat dessus, et surtout enfila une paire de lunettes de soleil pour passer, espérait-il, inaperçu.

Il réussit à entrer sans se faire remarquer, et avança dans le dos de Tobio, jusqu'à s'asseoir derrière lui. Kindaichi et lui étaient en pleine discussion, et il ne sembla pas même remarquer du mouvement.

-Oui, disait Kindaichi. J'y pense toujours beaucoup. Kunimi aussi.

-Moi aussi, dit Kageyama. Même si je comprends, à présent.

-On pourrait recommencer. On a tous les deux évolué depuis. Même si on est plus dans la même équipe... ça soulagerait de se réconcilier, tu ne penses pas ?

-Je pense aussi.

-Alors trinquons ! s'exclama Kindaichi.

-Mais... on n'a pas le droit de boire, fit remarquer Kageyama.

-Ils ne sont pas regardants, ici, assura Kindaichi.

Oikawa sourit intérieurement.

-Je ne préfère pas, répondit sagement Kageyama.

Oikawa eut presque envie de rire. Il savait pertinemment que Tobio n'allait pas boire, pas d'alcool en tout cas. Même si ça valait la peine d'essayer, il avait prévu le refus –et adapté ses plans. Il entendit les deux garçons commander du soft, et quelques minutes plus tard le serveur revenir vers eux et le tintement des verres sur la table. Si Kindaichi arrivait à être assez prompt et discret, tout devait bien se passer...

-Alors, reprit Kindaichi. J'ai entendu dire que tu avais été pris dans l'équipe des jeunes du Japon.

-Ouais.

-C'est bien, là-bas ?

-C'est vraiment bien. Il y a plein de gens super intéressants.

-Ah oui ? Qui ça ?

-Il y a le meilleur attaquant du Japon, Sakusa. Un peu bizarre, mais on s'y fait. Il y a un attaquant presque aussi petit que Hinata, mais qui a une détente de fou. En passeur, c'est Miya. Je l'aime bien, même si je ne le comprends pas toujours. Puis un mec que je connaissais d'un camp d'été qu'on avait fait à Tokyo, qui ressemble un peu à un brocoli.

-Et Ushijima ! Il est là aussi ?

-Il est là aussi. Il prend le train avec moi quand on va à Tokyo. Il ne parle pas beaucoup, mais on a quelques points communs.

Les choses devenaient intéressantes. Oikawa redoubla son attention.

-Des points communs ? demanda Kindaichi, dont la voix tremblait un peu.

-Quelques-uns, répondit simplement Kageyama.

-Ah, oui. Tu ne finis pas ton verre ?

Oikawa ne voyait ni l'un ni l'autre, ainsi, mais supposa à cette question rhétorique que les choses étaient faites. Et Tobio était sans méfiance. Le plan fonctionnait à merveille, jusqu'ici. Kindaichi attendit que Kageyama boive encore pour continuer :

-Alors, Ushijima et toi êtes amis ?

-On peut dire ça, je suppose, s'avança timidement Tobio.

-Tu le considères comme ton senpai, non ? Ça ne fait pas bizarre ?

-Oui, là-bas c'est mon senpai, mais c'est vrai qu'on a joué contre lui, ça fait un peu bizarre... On reparle de notre match, parfois. Mais sans rancune, donc ça va.

Oikawa se retourna le temps d'une seconde, l'air approbateur, invitant Kindaichi à continuer sur le sujet des senpai. Kageyama, qui lui tournait le dos, ne remarqua rien.

-Ah, oui, oui, fit donc Kindaichi en souriant. Et euh, du coup, tes senpai de Karasuno ne sont pas trop jaloux ? (N'oublie pas de boire).

-Pourquoi ils seraient jaloux ? Ils sont contents pour moi. J'ai l'opportunité d'apprendre plein de choses avec les meilleurs joueurs. Ils ne sont pas possessifs au point d'être jaloux.

Je suis possessif envers Tobio-chan ? s'interrogea Oikawa. Non, ce n'est pas mon genre du tout.

-Ah, oui, continua Kindaichi, qui répétait beaucoup trop « ah, oui » pour être naturel. C'est vrai que certaines personnes t'apportent plus que d'autres. Par exemple, moi, je voudrais être comme Iwaizumi-senpai. Tu voudrais être comme le deuxième passeur de ton équipe, non ? Comment il s'appelle, déjà ?

-Ah, Sugawara-san. Hm, eh bien, il a une bonne mentalité, c'est indéniable. Mais pour le jeu...

Tobio hésita un instant, ou peut-être ressentait-il déjà les premiers effets de ce qu'il venait de boire.

-Garde-ça pour toi, Kindaichi. Tu sais que j'ai toujours admiré Oikawa-san, même si je suis encore loin d'avoir son niveau. C'est plutôt de lui que je m'inspirerais, plus que de Sugawara, ou même de Miya. C'est vraiment un passeur génial.

-Oh, TOBIO-CHAN ! s'écria Oikawa, incapable de se contenir, ayant presque les larmes aux yeux. Mon cher et digne cadet !

Kageyama bondit de sa chaise, fixa Oikawa avec stupeur, découvrant le piège. Kindaichi leva les mains en l'air. Tobio ouvrit la bouche pour dire quelque chose.

-Je...

Il s'interrompit, ses yeux glissèrent vers le haut et il s'effondra aux pieds d'Oikawa.


Oikawa Tooru n'est pas un g̵̶̶̵é̵̶̶̵n̵̶̶̵i̵̶e Ushikage shipperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant