Un frangeux, un souverain, un bouffon et Benkei : Shiratorizawa Academy

1.3K 158 377
                                    

Le trajet jusque Shiratorizawa était plus long que celui pour Karasuno, et Oikawa eut tout le temps de se répéter sa stratégie. Aller vers Ushiwaka. L'allumer. Non, pardon, se montrer un peu aguicheur, un peu, comment dire... Disposé à s'entraîner avec lui. Voilà qui lui ferait plaisir.

L'objectif était donc de faire semblant de lui donner son numéro. Et dans le court laps de temps où il aurait le téléphone dans les mains, foncer sur les réseaux sociaux et trouver enfin la véritable nature de sa relation avec Tobio.

Quand Oikawa descendit du bus, il resta un moment figé devant l'immensité du lycée. Il hésita à entrer, finit par se déterminer et suivit les panneaux pour trouver le gymnase laissé à disposition du club de volley-ball.

La discrétion n'était apparemment pas son fort, car sitôt qu'il s'approcha, un hurlement strident retentit et l'espèce de bouffon rouge lui sauta dessus.

-Où tu crois aller comme ça ? susurra-t-il. Tu viens voir Wakatoshi ?

-Je viens en paix, articula Oikawa, et il agita faiblement un mouchoir blanc.

-Tendou ! appela une voix, et en se retournant, Oikawa reconnut le gars de leur équipe qui avait l'air mature (le seul) et qui ressemblait à Benkei.

Tendou lâcha Oikawa et sautilla vers Benkei.

-Qu'est ce que tu viens faire ici ? demanda celui-ci.

-Je viens parler à Ushiwaka, s'il est là, répondit Oikawa avec le plus d'aplomb possible.

Tendou écarquilla ses yeux déjà exorbités, et, mettant ses mains en porte-voix, se mit à appeler :

-Wakatoshi ! Ton homme est là !

Ushiwaka apparut à son tour, et Tendou écarta les bras pour le mettre en valeur, en hululant :

-Attractive boy Wakatoshi !

Oikawa résista difficilement à la tentation de se prendre la tête dans les mains, et, cachant de son mieux son dégoût, fit un petit signe de la main, qu'il espérait sympathique.

-Coucou, Ushijima !

-Oikawa, répondit sobrement Ushiwaka.

Il avait toujours l'air aussi sérieux, voilà qui lui faisait un point commun avec Tobio. Oikawa détailla un instant le visage du champion, ses yeux éteints et sa petite mèche qui retombait ridiculement sur son front ; c'était donc cet être immonde qui lui volait son cher cadet. Il en était sûr, à présent, Ushiwaka cachait quelque chose, il n'était pas net du tout.

Il garda le sourire bien accroché sur sa bouche en lançant :

-Je peux te parler deux minutes ?

Tendou commença à faire des bruits très étranges et même Benkei haussa les sourcils. Ushiwaka hocha la tête sans les regarder ni apparemment avoir réfléchi à la question. D'un air absolument mécanique. S'il était aussi docile, les choses devraient être aisées, songea Oikawa. Et cette docilité apparente confirmait qu'il était bien le soumis de la relation. Oh, Tobio-chan...

Ils distancèrent rapidement les autres et trouvèrent un endroit calme, bordé d'arbres, avec quelques bancs. Ils demeurèrent cependant debout, et Oikawa entama les choses sérieuses :

-Alors, Ushiwaka... Ça te fait plaisir que je sois là ?

Ushijima haussa les épaules. L'instinct primaire poussait Oikawa à le frapper pour une réponse aussi vague, qui sous-entendait qu'il avait fait le déplacement pour rien, mais il le refoula -les infos d'abord.

-Mais si, j'en suis sûr, poursuivit-il donc, en tentant de se montrer aussi kawaii que possible. Dis-donc, Ushiwaka-chan... J'ai eu quelques échos récemment... Apparemment, tu commences à devenir populaire, hein ?

-Pourquoi tu dis ça ?

-Eh bien, j'ai entendu dire qu'au camp d'entraînement national, là... Tu ne touchais pas que des ballons, si tu vois c'que je veux dire...

-Non, répondit franchement Ushiwaka.

Oikawa agrippa ses épis entre ses poings, rongé par la furieuse envie de s'arracher des touffes de cheveux. C'est à ce moment précis que le téléphone d'Ushiwaka vibra, et, lorsqu'il le sortit de sa poche pour regarder qui lui écrivait, Oikawa aperçut très distinctement le nom de Kageyama Tobio.

-Ah ! hurla-t-il, triomphant. Pourquoi est-ce que Tobio-chan t'écrit !?

Ushiwaka, qui n'avait pas l'air paniqué du tout, releva la tête de son sms et contempla Oikawa de ses yeux vides.

-Comme ça, lâcha-t-il simplement. C'est mon ami.

-Tu n'as pas oublié un mot entre deux ? persifla Oikawa, les mains sur les hanches.

Ushiwaka ne répondit pas, et, tout énervé qu'il était, Oikawa décida de se re-concentrer et ne pas perdre sa stratégie de vue.

-Alors comme ça, Tobio a ton numéro, déclara-t-il lentement. Et moi, je ne l'ai pas. C'est un favoritisme absurde ! Je suis aussi passeur que lui ! Bah oui, quoi, je peux te faire des passes aussi... Ce n'est pas toi qui voulais que je vienne à Shiratorizawa ? Allez, c'est cadeau, je te donne mon numéro. Passe-moi juste ton téléphone deux secondes, que je m'enregistre.

-Quoi ?

-Donne-moi ton téléphone, s'il te plait, répéta Oikawa avec un sourire qui tournait à la perversion. Je vais mettre mon numéro dedans, comme ça tu pourras me harceler de sms, tu aimes bien me harceler d'habitude, non ? Eh bien peut-être que je te répondrai et qu'on ira faire du volley ensemble un de ces jours.

Il tendit la main vers Ushiwaka pour qu'il lui donne son téléphone. Ushiwaka le regarda avec stupéfaction, sembla hésiter, puis, tout doucement, leva son bras pour porter le téléphone dans la paume d'Oikawa. Quand celui-ci referma les doigts autour du métal, un frisson d'adrénaline le parcourut. Ushiwaka était tombé dans le piège ! Il allait enfin tout savoir !

Il amena l'écran devant ses yeux, appuya comme un fou, ouvrit les messages, vit le nom de Tobio, appuya à nouveau, et là le message lui apparut : « Je crois qu'Oikawa-san a tout découvert ».

Il tenta de réfléchir au sens, mais les secondes étaient comptées, il se contenta donc de le noter dans un coin de sa tête et se hâta de refermer les messages ; il fallait trouver le groupe, le mystérieux SAO, et enfin être absolument sûr de cette relation...

C'est à ce moment précis que quelqu'un hurla :

-Ushijima-senpaiiii !

Et Oikawa sursauta, laissa tomber le téléphone sur son pied, crut un instant que Tobio allait surgir avant de reconnaître l'espèce de frangeux, le première année titulaire de Shiratorizawa, qui, se souvint-il brutalement, était une des sources de la rumeur.

Alors qu'Ushiwaka ramassait son téléphone apparemment sans s'en soucier, Oikawa empoigna Goshiki par les épaules, et tournant le dos au champion devenu inutile, lui intima :

-Toi ! Tu as lancé une rumeur, il est temps de te justifier !

Oikawa Tooru n'est pas un g̵̶̶̵é̵̶̶̵n̵̶̶̵i̵̶e Ushikage shipperOù les histoires vivent. Découvrez maintenant