1. Calista

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Mes lecteurs chéris ! Mes suprêmes ! Voici la chapitre 1, un peu en retard car l'objectif du challenge n'a pas été atteint et il a fallu négocier avec mon éditrice préférée hihi (et aussi parce que je suis un peu à la bourre... mais chut ;D).

Lisez la note après le chapitre, elle répond à la plupart de vos questions !

Calista

— Et merde... J'aurais dû me douter qu'ils seraient encore en retard !

Le regard accoutumé à leurs déguisements grotesques, il m'est pourtant difficile de retrouver ma famille. Cela doit faire au moins une demi-heure que j'erre à leur recherche dans les méandres de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle démesurément grand, et je me fustige d'avoir une fois de plus succombé à mon obsession du rangement. Car ayant convenablement enterré mon chargeur tout au fond de ma plus grosse valise, il a fallu que la batterie de mon téléphone me lâche à l'arrivée après treize heures de vol plus ou moins courtes.

Mes pieds foulent la moquette rouge, puis je m'assois sur l'un des sièges métalliques. Les connaissant, il faudra que je prenne mon mal en patience. J'observe un temps cette magnifique agitation : les va-et-vient incessants, les retrouvailles et les adieux, les cris de joie, les pleurs et les gens pour qui prendre l'avion est une routine fatigante.

Bientôt, je retrouverai chacune des personnes chères à mon cœur. Un an que je suis partie dans un autre pays, sur un autre continent, loin de tout et de tous. Un an que la musique ne fait plus partie intégrante de ma vie. Un an que je n'entends plus qu'à la radio la voix de mon père s'élever au rythme des accords rock de mes oncles.

Afin de me dégourdir les jambes, je traîne mes bagages jusqu'à la sortie et laisse l'air chaud de ce début juin remplir mes poumons. La main en casquette devant mon visage, je scrute les parkings. J'avais oublié le manque de savoir-vivre grotesque de certains de mes compatriotes lorsqu'une voix m'apostrophe.

— Hey ! joli petit cul ! Si tu cherches quelqu'un, je suis ton homme...

Sans même me retourner, je dresse mon majeur dans sa direction avant de succomber à l'envie de pivoter pour faire face au goujat et riposter. Cependant, lorsque j'aperçois son visage, j'en oublie ma répartie et il s'arrête instantanément de débiter des âneries, les yeux exorbités.

— Basile ?!

Il jette un coup d'œil autour de lui, probablement pour s'assurer qu'aucun membre de la famille n'a pu entendre sa bourde.

— Putain, Calista ! Je t'avais pas reconnue, soufflet-il aucunement embarrassé mais légèrement confus.

Je braque mon regard dans sa direction. Lui aussi a changé. Deux ans que nous nous sommes oubliés. Depuis son année sabbatique en Australie, si mes souvenirs sont exacts. Il me semble que le début anticipé de mon année Erasmus ne m'a pas laissé l'occasion de le recroiser. Afin de dissiper le malaise, il s'entretient au téléphone pour affirmer qu'il a réussi à me trouver et, rapidement, j'oublie sa présence tant je suis heureuse de constater que tout le monde est venu m'accueillir.


C'est bon de rentrer chez soi. Je n'avais pas imaginé que tout changerait et que tout resterait pareil. Ce que je ressens est discordant, je le sais, mais je suis en pleine contradiction avec moi-même. D'un côté, je suis heureuse d'être de nouveau à la maison, mais d'un autre, j'aurais aimé rester là où j'étais. Les bonnes choses ont toujours une fin. Pourtant, ici, j'ai l'impression que rien n'a pris fin.

Notre propriété est toujours la même que lorsque je suis partie ; un endroit contradictoire et incohérent, voire rebelle et provocateur. Nous aimons dire que nous vivons dans une ferme, sauf qu'elle ne ressemble en rien à une ferme traditionnelle. Elle a dû l'être à un moment donné mais, résolument, elle ne l'est plus. C'est à présent un véritable complexe architectural mêlant ancienneté et modernité. Les habitations sont encore bordées par quelques hectares de champs vallonnés et de forêts denses, le tout cerclé par une enceinte robuste. Quant au corps de ferme, il a été divisé afin que chaque famille puisse avoir une certaine intimité.

Suprêmes Interdits (Sous contrat d'édition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant