Chapitre 6

3.6K 425 200
                                    

Musique du Chapitre : We don't have to dance - Andy Black 

          — J'arrive pas à croire que tu me fasses subir ça Poppy.

Levant les yeux au ciel, je fermai les rideaux occultant dans le but de nous plonger dans le noir le plus total. Sam n'était pas friand de l'obscurité, je l'avais compris au cours des nombreuses chasses que nous avions effectuées ensemble.

— Tu n'étais pas obligé d'accepter, lui fis-je remarquer, je t'avais prévenu que l'odeur était insupportable.

Et elle l'était. Les effluves de Javel étaient si agressives que j'avais les canaux nasaux en feu, ça devait être pire pour le loup qui m'accompagnait. Voilà pourquoi j'avais hésité à le prendre avec moi, même si je savais que sa présence allait m'être utile, et même si j'avais promis à Nick de ne pas travailler seule. Malgré mes réticences, je m'étais tout de même décidée à l'amener, à mes risques et périls.

— Je ne pouvais pas te laisser seule, plaida-t-il.

— Pourquoi ça ? Lâchai-je en me retournant pour lui faire face. Parce que tu aurais eu peur que je me tire une balle dans la tête, accablée par la tristesse de la perte d'un proche ? C'est ça ?

Sam poussa un grognement en croisant ses bras contre sa poitrine, il me lança un regard courroucé en serrant les lèvres. Cependant, il ne nia pas. Je levai les yeux au ciel.

— Vous avez tous l'impression que je suis dévastée par la mort de Dane, et qu'à ce titre vous devez absolument veiller à ce que je ne déprime pas, à ce que je ne m'isole pas. Toi, Nick, Leah, et même Rebecca. Mais tu sais quoi Sammy ? Je vais mal, je suis triste, et oui, la mort de mon oncle me pèse, mais je ne vais pas sombrer, ni me pendre. Alors vous pouvez vous détendre.

La mâchoire de mon acolyte se contracta, un muscle tressauta vivement sur sa peau lisse.

— Nous sommes simplement inquiets, se justifia-t-il, nous ne sommes pas habitués au chagrin humain, vous prenez les choses tellement à cœur, nous voulons juste éviter que tu te laisses submerger par tes émotions, et que tu fasses une connerie.

— Vous en avez discuté ensemble ? Tous ensemble ?

Mon ton était plus sec que prévu, je n'aimai pas l'idée d'être au cœur de l'attention commune, ça me mettait mal à l'aise. Les membres de la meute avaient-ils débattus sur mon état émotionnel ? Avaient-ils décidés d'un plan d'action me concernant ? Ne plus me laisser seule un instant de peur de me voir craquer, et péter les plombs ?

Au vu du visage fermé de mon camarade, et du silence qu'il garda, je compris que c'était effectivement le cas. Une colère profonde grimpa le long de mon corps, ma température sembla augmenter alors que je sentais mes joues s'enflammer sous le coup de l'irritation. Je serrai fermement la lampe ultra-violet que je tenais dans une main, et fis de mon mieux pour ne pas crier. J'avais tendance à m'emporter quand j'étais agacée.

— Je croyais que vous me pensiez plus solide que ça, soupirai-je en secouant la tête de gauche à droite. Tu sais quoi ? Tu devrais rentrer. Je n'ai pas besoin d'être surveillée.

Sam gronda.

— Evans, ne le prend pas mal, me demanda-t-il. Personne ne te juge faible, ou incompétente, nous sommes simplement inquiets pour toi, parce que tu es importante pour nous. Tu fais partie de la famille !

J'inspirai profondément, touchée malgré tout par ses affirmations.

— Je comprends votre démarche, Sam, assurai-je, mais je commence à en avoir marre d'être couvée sous prétexte de ma nature humaine. Je sais que prendre soin des vôtre fait partie de votre nature profonde, que vous êtes incapables de contrôler votre besoin de protection quand il s'agit de l'un de vos proches, mais je refuse d'être une source permanente d'angoisse pour vous. Je suis, certes, une humaine, mais je suis avant tout une chasseuse. La mort fait partie de mon quotidien depuis que je suis gamine, je sais la gérer.

Alpha : L'Alliance FunesteWhere stories live. Discover now