La retournée étatique

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Ils étaient partis... Loin, très loin... Il roulèrent des centaines de milliers de millimètres, avant que l'estomac de la voiture ne crie famine, et que Jacques ne commence à manger les sièges tellement la durée du voyage lui semblait interminable.
Homme lui donna du poivron pour le calmer, et Maurice se cotisa lui aussi pour lui offrir du cyclohexane.
À peine Jacques l'avait-il inhalé qu'il s'évanouit de bonheur. Mais surtout parce que ça n'était pas vraiment très très bon pour la santé des clowns.
Et des humains en général d'ailleurs.
Mais c'était juste un détail que Maurice glissa discrètement aux oreilles de Homme.

Homme restait figé, les yeux courant sur la ligne séparant les deux voies : l'une allant dans leur sens, l'autre dans l'autre sens. Cela ému profondément Homme, malgré le fait que tout cela soit parfaitement normal. Une larme coula pourtant le long de sa joue.
Elle continuait sur son tee-shirt, puis sur son pantalon, puis descendit sur le plancher de la voiture, et se faufila dans la fente entre la portière et le reste de la carrosserie. Puis elle glissa le long de celle-ci, pour se retrouver à l'extérieur, sur le pare-brise.
Un rire démoniaque s'emparait maintenant d'elle, mais Maurice, voulant dormir, activa l'essui-glace, et se rendormit sans peine, mais le cœur serré, par un anneau gastrique placé au mauvais endroit.

Après 10 heures de route sur la A7 en direction d'Allemagne, Homme s'endormit au volant, puis se réveilla brusquement 10 minutes plus tard, et se décida enfin à rejoindre une aire de repos.
En descendant du véhicule, tous trois s'étiraient et s'étiraient encore en s'extasiant ensemble :
- Aaaaaaah, ça fait du bien de se dégourdir les membres inférieurs !
- NON ! hurla une caissière du Market,  vous ne passerez pas ! C'est un piège ! Vous devez vous arrêter à la prochaine aire autoroute ! Ne restez pas ici ! Vous s...

Elle s'arrêta net, elle ne bougeait plus, elle ne parlait plus... Ses yeux devinrent blancs, clignaient extrêmement vite, puis noirs... Ainsi, elle rebroussa chemin et rentrait au Market.

Maurice et Jacques haussèrent les épaules en signe de " j'm'en bats les couilles "; mais Homme lui, sentait un mauvais pressentiment venir... Et ça sentait la chèvre de M. Seguin, c'est à dire vraiment mauvais.

Puis ils allèrent allègrement pisser dans les fourés, puis acheter des sandwichs ( 7 exactement : 1 pour Maurice, 1 pour Jaqcues, et 5 pour Homme ).
Puis ils revinrent à la voiture...
Un mystère suivi de deux autres les troubla profondément, d'une, le comportement de cette femme, de deux, le paysage avait changé, ils voyaient maintenant des montagnes en fond, dont une gigantesque, dont ils ne voyaient pas le sommet, obscurcit par des nuages noirs, les seuls visibles dans le ciel.

Un voyou d'une cité proche, s'approcha... Dangereusement... Les voyant le regard en l'air, il crut qu'ils étaient en train de lui manquer de respect. Il leur cria :

- Baissez vos yeux là bande de bougnoules assoiffés.

Ils baissèrent les yeux... Et là, ils virent l'irréparable : la Twingo avait disparu...

- Mais comment va-t-on reprendre la route... Dit Homme dépité.

Elle avait été remplacée par une mystérieuse coque ellipsoïdale géante sur roues, entièrement noire. Chacun était étonné de la découvrir à la place d'un tas de ferraille appelé avec un excès de confiance "  voiture ". Ils s'en approchèrent doucement, jusqu'à pouvoir la toucher. Ils commencèrent à la scruter, avec  minutie, et en firent et refirent le tour : ils virent uniquement une chose, à l'avant trois nombres étaient écrits sur une plaque. " 667 418 116 ", avec comme seule indication " Appuyez, ou vous mourrez ". Ils se regardèrent, longuement...Jacques louchait toujours, Homme ne rigola point, ils s'affairait à manger ses cinq sandwiches, en même temps.  Après que chacun ait saisi ce que l'autre voulait, Jacques éternua :

- Je crois que je suis allergique aux sièges de Twingo.

Puis ils levèrent tous trois l'index en direction de cette plaque et, soucieux et craintifs des conséquences de leur acte, ils appuyèrent brutalement sur le nombre.

Rien... Des secondes interminables s'écoulaient... Le moindre bruit les faisait délirer... Ils tournaient leurs têtes dans tous les sens. Puis ils retirèrent leurs index, et à ce moment précis, un clic se fit entendre, suivit d'un bruit léger, mais lourd à la fois, de petit moteur électrique : cela venait de l'arrière de la voiture.

Ils se précipitaient en direction du bruit, comme si un grain de sésame les attendait, et aurait pu les mener vers la caserne d'Ali Baba... Ou vers une mort presque certaine.

Ils voyaient une clé, enfoncée dans une serrure, sa disposition faisait penser à celle d'une voiture. Ils regardèrent la clé, se regardèrent, puis Homme tenta de l'enlever... Impossible, même avec l'aide de plusieurs opossums qui passaient par là.

Maurice eu une idée brillante : après de nombreux calculs complexes, faits et relus, regorgeant de dérivées et d'intégrales, il tourna la clé.

Une énorme porte s'ouvrait, exactement comme le coffre d'une voiture. Une lumière aveuglante provenait de l'intérieur; quand leurs pupilles s'adaptèrent à la luminosité, ils virent à l'intérieur des sièges rouges, couverts de soie. Ils étaient éblouis, tant par la luminosité que par la propreté et le luxe auxquels ils pensaient pouvoir goûter.

Homme demanda à Maurice la raison du nombre de calculs interminables, et surtout la raison d'une telle complexité, juste pour tourner une clé. Maurice répondit qu'il avait besoin de décompresser du fait qu'il avait vu les opossums aider Homme. 

Jacques remarqua une bouteille de vin à l'arrière de la capsule géante, il voulu aller la chercher pour finir la bouteille.

Mais dès qu'il posa le pied à l'intérieur du véhicule, une voix mécanique tonna.

L' Arène MauditeDove le storie prendono vita. Scoprilo ora