III : Tu la veux ?

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Je me réveille. Emmêlé dans mes fringues de la veille. Monréveil indique midi. Le soleil entre à flots par la fenêtre,caressant mon corps nu. Je m'étire dans la chaleur. J'ail'impression d'avoir oublié quelque chose. Je sais pas quoi.Mais je me sens merveilleusement bien.

Sonnerie du téléphone.

- Bordel Tristan mais qu'est ce que tu fous ! Çafait une heure qu'on t'attend pour répéter !

J'ai jamais entendu Perceval hurler comme ça. Je ne me souvienspas qu'on ait parlé de cette répétition, sans doute pour bien sechauffer avant l'audition pour Blue Moon. Mais vu les quantités debières éclusées hier soir, ce n'est pas étonnant que j'aiquelques souvenirs défectueux. Autant se borner à« désoléjarrive. »

Je dois schlinguer grave. Mais pas le temps de me laver. Jem'asperge d'eau de toilette en espérant que cela suffira, passeles doigts dans mes cheveux pour leur donner un semblant d'allureet enfile des vêtements propres. Et toujours ce sentiment qu'il memanque quelque chose.

Un quart d'heure après, je suis au milieu de mes amis.Heureusement que le lieu de répétition est tout près de chez moi.Malgré les sourcils froncés de Perceval, c'est un éclat de riregénéral qui m'accueille. J'ai pourtant pas oublié dem'habiller cette fois ni de fermer ma braguette. Je dois pas avoirtrop mauvaise mine puisque j'ai roupillé comme un bébé. Je n'aimême pas la gueule de bois. Alors quoi ? Qu'est ce qu'ilsont tous ?

-Toi au moins tu sais détendre l'atmosphère quand une répetest foutue, me dit Nico en imprimant un rythme joyeux sur sabatterie.

- Allez, mec, plus de temps à perdre, il faut qu'on chargele matos. Blue Moon, c'est pas tout près.

Pour transporter notre matériel, nous utilisons l'utilitaire dupatron de Nico, notre intello, qui sert pour les achats chez sesgrossistes. On y range les instruments pour notre audition. Je mesens de plus en plus bizarre, comme troué tandis que je m'active.Bon sang mais pourquoi j'ai l'impression de me vider ? Commeune chiasse. Mais de l'intérieur de ma poitrine.

Il manque quelque chose, je reste les bras ballants à regarderles étuis des instruments, les morceaux de la batterie démontés.Je reste planté comme un idiot, sans savoir quoi faire, avec justecette abominable sensation de perdre des petits bouts de moi.

- Bon ça suffit. La plaisanterie a assez duré. Où est taguitare? dit Perceval.

Je réalise enfin pourquoi ils se foutent de ma gueule depuis queje suis arrivé. Ma guitare est restée chez moi. Et ils croient quele pitre de service à encore frappé. Au fond de moi, le trous'agrandit.

- Je vais la chercher. Partez devant, je vous rejoindrai.

Perceval me tire à part.

- Ca va Tristan? C'est bien la première fois que tuoublies ta gratte. Tu as une drôle de tête.

Je ris. Pour qu'il ne s'inquiète pas. Mais je commence à flippersérieusement.

- J'ai trop dormi. C'est tout. Avec tout ce qu'on a buhier soir, j'avais pas les yeux en face des trous quand tu m'asappelé. Tu m'as tellement fait flipper que je suis sorti au radaret en courant. CA fait plutôt un drôle d'effet, tu sais.

Il me lance un regard suspicieux. On se connait depuis tellementlongtemps que je ne peux pas lui mentir.

- Déconne pas ! Pas aujourd'hui ! C'est pas lemoment de nous laisser tomber !

Période d'essai (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant