17. Jour de pluie 3/3 (réécrit)

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La diligence s'arrêta et Malty, trempé, se dressa sur le marchepied pour parler à travers la fenêtre de la porte :

– Garrett, il pleut trop. Restez dans la voiture pour le repas.

Par la fenêtre, Luiset pouvait voir les gouttes de pluie rebondir dans les flaques. Heureusement, les graviers ne rendaient pas le sol boueux, comme c'était le cas en dehors du chemin, tout autour d'eux.

La pluie ne céda pas non plus l'après-midi. Luiset resta emmitouflée avec Antoine dans une grande cape et lui raconta d'autres histoires.

Arrivés à Génoive, Malty et Lieu faisaient peine à voir.

– Allez vite vous réchauffer, ordonna Garrett aux deux hommes trempés jusqu'aux os. Je m'occupe du reste.

Il se retourna vers les voyageurs :

– Il faut que je demande à ce que la Forge fasse un toit plus avancé pour mieux protéger le postillon et le cocher.


Tiam, Meadow, Garrett et Viola firent leurs adieux à la duchesse de Fueller et son fils avant d'entrer dans l'auberge. Anna et Luiset restèrent un peu plus longtemps, abritées sous le porche, en attendant le fiacre qui devait ramener Chiévée et Antoine à leur domaine. Il ne tarda pas à se présenter. Un fiacre de seulement quatre places, qui paraissait tellement petit à Luiset depuis qu'elle voyageait en diligence.

– Si vous passez par Génoive, vous serez les bienvenues chez nous, dit la duchesse avec émotion.

Antoine enlaça la jeune Madison et vint s'asseoir à côté de sa mère. Le fiacre s'ébranla pour s'aventurer dans la rue principale et disparaître plus loin.

– Je ne pensais pas que ça me ferait bizarre... dit Luiset qui le suivait des yeux.

– Nous aurons sûrement le temps de passer les voir sur le chemin du retour, si votre père accepte, dit Anna.

– Ce serait tellement chouette, oui ! Oh, Na, je suis vraiment désolée !

– Non, non, ne pleurez-pas, mademoiselle Luiset, ne pleurez pas. Trop de larmes ont coulé déjà.  

Les deux femmes rejoignirent les passagers dans le salon de l'auberge d'où s'élevait une forte odeur de bois brûlé. Les murs étaient en brique rouge et plusieurs bouquets de fleurs séchées décoraient la pièce. Les deux hôtes étaient d'un certain âge mais se démenaient pour satisfaire leurs clients. Ils mangèrent avec eux et la vieille hôtesse s'excusa dès la première cuillerée de soupe :

– J'ai peur d'avoir été un peu trop généreuse avec l'ail.

Elle ne comprit pas pourquoi ils se regardèrent tous en riant.


Anna devait sûrement déjà s'énerver dans ses rêves quand sa nièce commença à écrire sa lettre :

« Mère,

Je n'ai pas encore reçu de réponse de votre part. J'espère que vous n'êtes pas trop occupée avec la gestion du domaine.

Je ne veux pas vous inquiéter, mais je n'ai pas été très tendre avec Na. Nous nous sommes disputées mais cela va mieux aujourd'hui. Je m'en veux et lui ferai mes excuses dès que je sentirais qu'elle les acceptera.

Je préfère vous le dire, je me doute qu'elle le fera également.

J'espère que mon père est aussi impatient que moi de me voir. Nous sommes partis il y a une semaine, mais ça me semble être une éternité ce matin où nous nous sommes quittés.

Lorsque je serai au Mont, je vous écrirai une lettre plus détaillée.

Je vous embrasse tendrement.

Votre Luiset. »

Elle se permit de mieux border sa tante qui avait fait glisser sa couverture. La nuit fut bien meilleure que la précédente, car les gouttes tombaient en silence sur le toit de chaume et la fatigue avait engourdi les sens de tous les pensionnaires.

Au matin, Garrett avait monté un système avec un vieux morceau de toile pour improviser un meilleur avant-toit et protéger Malty et Lieu des intempéries.

– C'est parti pour une n'velle journée ! En avant toute !

La forêt dévora à nouveau la diligence.

Luiset, rêveuse, contemplait la nature environnante mais n'aperçut pas l'homme qui les suivait depuis deux jours.

Luiset Madison (Trilogie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant