VII : Procédure d'urgence

Start from the beginning
                                    

— Je retourne à Ste-Mangouste pour prendre des nouvelles de Belby.

*

Le regard fuyant de l'hôtesse d'accueil quand elle lui indiqua où il était attendu fit comprendre à Harry que le pire était arrivé. Il se rendit docilement dans le bureau qu'on lui avait désigné et y trouva une guérisseuse en train de remplir une fiche.

— Monsieur Potter, l'accueillit-elle, asseyez-vous, je vous en prie.

— Allez droit au fait, répondit Harry sans bouger, sans doute plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.

— Je suis navrée, nous n'avons rien pu faire, obtempéra le médecin d'une voix désolée. Il a reçu deux mauvais sorts, pas forcément mortels indépendamment, mais les deux se sont combinés, et il a fait un arrêt cardiaque. Nous avons fait notre possible, mais nous ne sommes pas parvenus à faire repartir son cœur.

Harry hocha la tête sans parler.

— Vous voulez le voir ? proposa son interlocutrice.

Harry acquiesça silencieusement et suivit la femme vers une salle tendue de tentures qui découpaient l'espace en alcôves. La guérisseuse le laissa dans l'une d'elles. Il passa entre deux rideaux et se trouva devant un corps reposant sur un lit et recouvert d'un drap blanc. Harry rabattit le tissu et contempla un long moment les traits apaisés et blafards de son collègue.

Il avait l'impression de porter des tonnes sur ses épaules quand il poussa la porte de son bureau vingt minutes plus tard. Il avait traversé le QG où régnait l'effervescence habituelle qui suivait les arrestations importantes. Ses pas lourds et son regard sombre avaient annoncé la mauvaise nouvelle, et les visages affairés étaient devenus graves.

Kevin Whitby et Cyprien Muldoon se trouvaient avec Pritchard, sans doute en train de faire leur rapport. Les trois hommes se tournèrent vers lui et comprirent à leur tour. Kevin se tassa sur sa chaise et enfouit sa tête dans ses mains. Le visage de Muldoon se décomposa.

Aucun mot ne fut échangé. Pritchard se leva lentement et alla chercher un parchemin dans un coffre. Il le tendit à Harry qui le prit avant de repartir vers les ascenseurs. Sur le palier, il lut la fiche où étaient notées l'adresse, la situation familiale de l'Auror, ainsi que les personnes à prévenir en cas de malheur.

Un quart d'heure plus tard, il frappait à la porte d'une petite maison se trouvant à la bordure d'un bourg.

— Mrs Belby ? demanda-t-il à la femme entre deux âges qui lui ouvrit.

— Oui ?

En le reconnaissant, elle devina instantanément la raison de sa visite. Il n'y avait en effet qu'une seule cause probable pour que le commandant des Aurors en personne vienne la voir. Il la vit pâlir et se raccrocher au battant de la porte. Il se força néanmoins à prononcer les mots honnis :

— J'ai le regret de vous annoncer le décès de votre mari, dit-il d'une voix rauque. Je suis profondément désolé.

Elle resta plusieurs secondes sans réagir, et il craignit qu'elle ne s'évanouisse. Un bruit de pas se fit entendre derrière elle, et une voix juvénile demanda :

— Papa est rentré ?

Mrs Belby ferma les yeux et s'écarta, dévoilant un jeune homme. Stanley, dix-huit ans, sorti de Poudlard quelque mois auparavant savait Harry grâce au parchemin que lui avait passé Pritchard.

— Que s'est-il passé ? demanda la toute nouvelle veuve.

— Nous avons été appelés suite à des manifestations magiques suspectes, rapporta Harry. J'ai envoyé votre mari et son coéquipier Kevin Whitby. Un quart d'heure plus tard, nous avons reçu un appel de détresse. Je me suis immédiatement rendu sur place avec l'Auror Muldoon, mais il était trop tard pour votre époux. Il avait reçu deux mauvais sorts, et son cœur ne l'a pas supporté. Je suis désolé, répéta-t-il ne sachant pas comment exprimer autrement sa peine et sa culpabilité.

Les Sorciers (HP 7, trois-quart - Partie 4)Where stories live. Discover now