Number 6

Quelqu'un ?

J'ai fais les 5 secteurs de la ville. Plus qu'un. Comment ça se fait qu'il n'y ai que moi ? Ça doit faire maintenant 2 jours, peut-être, que je cherche sans m'arrêter. Je ne sais plus. La poussière a enveloppé la ville, on ne voit même plus le soleil et nos montres pètent un câble. A croire que le temps s'est arrêté ici. Tout se bouscule dans ma tête. Je suis perdu dans mes pensés. Tellement de questions viennent en même temps qu'elles se mélangent : " Pourquoi Antoine a été réduit en poussière ?" " est-ce que le barman envoi des élites pour sauver les survivants ?" - le survivant plutôt- Je ne sais même plus pourquoi je pose mes questions alors que ça ne servira à rien. Je dois trouver quelqu'un. Quelque chose. Pour me dire que je ne suis pas seul. Pour me réconforter. Pour savoir si je cours après quelque chose de sensé.

J'en peut plus. J'en ai marre. C'est bon. Et puis. De toute façon, si je trouve quelqu'un je fais quoi ? Je n'ai que 17 ans. Je ne suis pas ce genre d'héro dans les films qui trouve sa bien-aimée après avoir parcourut la terre entière.

- A... L'aide

J'entends quelqu'un

- S'il vous plaît... Quelqu'un... je...

sa voix faiblie. Je veux la rejoindre mais je ne sais pas d'où elle vient. Je veux la sauver mais j'en suis incapable. Alors je marche. Vers le 6e secteur peut-être, la fumée s'épaissie et je sais plus où je vais. Je n'ai pas le sens de l'orientation ou quoi que se soit. Je suis voué à disparaître.

- Aïe...!

Hein ? " Aïe " ? J'ai... marché sur quelqu'un ?!

- Votre pied... ma main... aïe?

Je lève mon pied droit, puis le gauche, encore le droit "Aïe " Mon pied gauche l'écrasait. Quelqu'un est ma gauche. Je veux la sauver mais, comment ? je ne vois rien. De la poussière c'est tout.

- Dans quelle position tu es ? J'essaye de lui parler un peu

- Je crois que j'ai quelque chose sur ma jambe gauche monsieur

Alors je touche sa main dans ce brouillard aveuglant. J'essaye de suivre les traits de son corps pour me repérer un peu. Tiens ? C'est bizarre cet endroit...

- Monsieur... vous... vous touchez... ahem... mes fesses..

J'enlève ma main brusquement. J'ai été étonné. Alors je reprends mon chemin un peu plus bas que l'endroit que j'avais touché. C'est dure. Hmm.. La roche ? Je la soulève de toutes mes forces. Elle est si lourde ! Je gémis. Pas très fort, mais elle a comme même entendu. Elle me demande si c'est pas si lourd mais je dis non, même si j'ai l'impression de soulever un éléphant, je dis non. Je ne veut pas l'inquiéter ni l'affoler. Je fais bien ? Je pose la pierre. Je sais pas où mais je la pose.

- Monsieur... Ma main droite... elle a un truc qui lui ai tombé dessus je croit.

Oh zut... Je lui ai mis la pierre sur sa main droite. Je la soulève donc et le la pose plus loin cette fois. Je l'aide à se lever mais elle me dit qu'elle peut bouger sa jambe et peut marcher. Je ne la croit pas mais je la laisse faire. 20 mètres plus loin je l'entends tomber et elle me dit qu'il y avait une grosse pierre sur son passage. Décidément elle va jamais nous laisser tranquille ! Je la propose de monter sur mes épaules mais elle dit non. De toute façon elle a pas le choix alors je la prends - plutôt violement je crois vu le petit cris qu'elle pousse - et nous marchons. Là où nous pouvons. Et là je vois une lumière. Elle la première. Je commence à m'exciter et j'accélère le pas. Plus vite. Sur le point de courir.

- Monsieur s'il vous plaît... calmez vous un peu...

Je l'entends. Elle et sa petite voix faible. Je l'entends et je me calme. Elle avait raison. Je devais me calmer sinon j'allais être déçu par ce lampadaire qui clignote. Je commence à perde espoir.

- Monsieur, continuez, vous allez y arriver, je crois en vous, sauvez nous s'il vous plaît...

Je veux la regarder. Cette fille avec la voix de celle de 11 ans mais qui en a peut-être 16, 20 ou 7. Je veux la regarder mais j'en suis incapable. Je veux au moins lui demander comment elle s'appelle. Mais non. J'ouvre ma bouche mais rien ne sort. Alors je me relève. Je regarde vers le haut et j'en suis sûr. Je regarde fièrement cet horizon que l'on peut voir, et j'avance.

Quelque par, nulle par, mais en tout cas j'avance, avec cette fille sur mes épaules.