LIFE : Se reconstruire (tome 2)

23) Bonheur rime avec malheur

J'embrasse Josh une dernière fois avant de clicher la poignée et rentrer enfin chez moi, accompagnée de mes valises.

Il vient de me déposer pour aussitôt partir à son fameux rendez-vous. J'ai bien essayé d'en connaître la destination, mais il s'en sortait toujours avec une pirouette. Soit il changeait de sujet, soit sa réponse manquait d'assurance. Il me semblait très mal à l'aise. Où se rend-il donc qui le mette dans un tel état ? Et pourquoi me le cacher ?

Après avoir mûrement réfléchi, je ne peux pas le blâmer. Je suis souvent dans mon monde, et même si je prends énormément sur moi, j'ai beaucoup de mal à me livrer spontanément. J'aime avoir mon jardin secret, mes souvenirs pour moi toute seule. Il en va sûrement de même pour lui. Je ne dois pas interférer. Et puis, si c'était vraiment important, il m'en ferait part. Je ne suis sûre de rien. Cependant ça, je le sais.

Je dépose mes bagages et suis surprise du silence qui règne dans la maison. Kelly ne travaille pas aujourd'hui. Elle m'a prévenue hier quand je lui ai annoncé ma date de retour.

En entrant, je m'attendais à la voir danser dans tous les sens, la musique hurlante. Et non, raté ! Ma marmotte préférée doit probablement dormir encore. Elle est si énergique qu'il lui faut un temps de récupération.

Je m'en vais la réveiller, gagnant sa chambre à pas de loup.

Devant sa porte, j'ouvre un grand coup en hurlant.

— Debout la dormeuse !

Jamais, je ne dis bien jamais, je ne pourrai effacer la vision qui essaie de se camoufler de mon regard. C'est extrêmement gênant ! Je me retourne, le feu aux joues en me jurant de ne plus jamais lui faire de surprise.

— Je croyais que tu ne rentrais que demain ?

Elle me répond à la vitesse de l'éclair alors que j'entends le froissement des draps. Je rigole malgré moi.

— En fait, on est demain.

— Il est quelle heure?

— L'heure de s'habiller? je demande sur un ton faussement hésitant.

Deux gloussements me répondent en chœur dans mon dos.

— Bon ben, bonne journée ! Je vais vider ma valise et je pense que j'irai faire un tour après.

— Désolée.

À mon tour de me bidonner.

— T'inquiète, je sais ce que c'est. On se voit plus tard.

Je quitte la pièce mais me ravise au dernier instant.

— Ravie de vous avoir revu Tobey.

Je m'éclipse discrètement, le sourire aux lèvres tandis que je l'entends vaguement me donner une réponse en bafouillant. Si j'avais su que je trouverais le fessier nu de mon moniteur de parachute au-dessus de ma colocataire en passant la porte, je me serais abstenue. Quoique, la vue n'était pas si mal après tout.

Elle n'est pas croyable ma copine. Évidemment, j'avais bien remarqué qu'il lui avait tapé dans l'œil. Elle a pourtant dû user d'un culot phénoménal pour le contacter.

Je l'envie parfois. Elle est si sûre d'elle, peur de rien. Que ce doit être bon de mener sa vie sans penser aux conséquences de nos actes. Je suis de celles qui culpabilisent pour tout, qui se font une montagne de pas grand-chose. On ne peut pas changer sa nature, il faut juste apprendre à vivre avec.