LIFE : Se reconstruire (tome 2)

17 ) Changements

Les pulsations de mon cœur cognent au niveau de mes tempes. Un vacarme terrible rugit au fin fond de mon crâne. Je suis sous la douche, tentant de me détendre sous les jets d'eau brûlants. Seulement, rien n'y fait.

Mes journées sont un supplice. L'éloignement de Josh me touche profondément. Je ne comprends pas ce qu'il nous est arrivé. Tout se passait pour le mieux ces temps-ci. Malgré les difficultés que nous imposait mon passé, nous avons su faire face. Nous avions pris nos repères. J'ai trouvé en lui un homme prêt à tout pour prendre ma défense, me protéger en toutes circonstances. Mais un show télévisé a tout fait voler en éclats. Ses paroles étaient douces et rassurantes à mon égard, néanmoins son comportement a changé dès le lendemain. Depuis, nos vies en sont toutes chamboulées. Les disputes sont incessantes, sans parler de son besoin de contrôle permanent. M'étant depuis toujours octroyée ce droit, je ne suis pas à même de lui donner les rennes de ma destinée.

Pendant ma période sombre, je me suis trop longtemps relâchée. J'ai maintenant un besoin de diriger ma vie par moi-même, et c'est ce point de vue que le grand Joshua Bennett a du mal à assimiler. Il ne veut pas entendre parler de mon futur déménagement. Pourtant, il ne peut pas en être autrement. Notre relation est bien trop récente, et surtout trop fragile pour se mettre en ménage si tôt. Lui qui me disait que nous irions à mon rythme, je crois surtout qu'il veut mettre la charrue avant les bœufs, comme on dit chez moi. Je conçois qu'il veuille construire une relation stable et viable, mais je ne pense pas que vivre ensemble maintenant serait la solution. Surtout qu'il me montre une facette de lui que j'ignorais et qui ne me plaît guère. Il est capricieux à n'en plus finir quand on ne cède pas à ses ordres. Il est colérique au possible si je m'oppose à ses revendications. Il me reproche de fuir au premier obstacle ? Et lui ? N'est-ce pas se défiler que de s'enfermer dans son bureau à la moindre contrariété ?

J'en ai parlé avec Nora, ma confidente la plus fidèle. Elle m'incite à la communication. J'ai essayé hier, mais c'était sans compter Josh dans l'équation. Son refus d'avoir une discussion et son emportement m'ont brisée un peu plus encore. Elle voulait que je l'informe de l'avancée de la situation tumultueuse dans laquelle nous vivons. Je n'ai pas le courage de lui avouer que ce fut un échec.

Je me savonne, toujours dans mes songes et mes interrogations qui ne trouvent pas de réponse.

Josh n'est pas venu se coucher hier soir, comme la veille, ainsi que le soir précédent. Son excuse favorite, le travail ! Comme si j'étais assez naïve pour le croire. Un terrible cauchemar m'a sortie du sommeil cette nuit. Toujours le même depuis que je dors à nouveau seule. La voiture, les enfants, Nathan, Josh nous doublant en moto, Josh s'éloignant de moi, Josh m'abandonnant contre le camion face à nous. Ne voulant pas me rendormir, j'ai erré dans la demeure non éclairée, mon téléphone en main pour unique source de lumière. Toute la maison était endormie, rien ne filtrait sous les portes. Je suis entrée dans le bureau. Mon bel homme bougon était recroquevillé dans le canapé, la couverture polaire à terre. Aucune trace de document autour de lui, preuve qu'il dort dans cette pièce de son plein gré. Cette constatation m'a anéantie, me donnant les larmes aux yeux. Quelques mois en tant que couple et nous faisons déjà chambre à part. J'ignore ce que la vie nous réserve, mais ce qui est sûr, c'est que je me refuse de continuer dans cette direction. J'ai besoin de lui, beaucoup trop. Il en va de ma bonne santé mentale, je le sais maintenant. Je me promets de faire des efforts, seulement il doit en être de même de son côté.

J'ai repositionné la couverture au-dessus de lui, me laissant aller à un doux baiser sur son front. Le contact de sa peau contre la mienne me manque. J'étais pour sortir de la pièce quand je l'ai entendu gémir. Ses traits étaient durcis. Fait-il lui aussi d'affreux cauchemars ? Revenue sur mes pas, je me suis agenouillée auprès de lui en passant mes doigts dans ses cheveux dans un geste rassurant. Je connais mieux que quiconque la puissance dévastatrice des mauvais rêves. Je me veux protectrice, je joue le rôle de la gardienne de ses songes. Je suis partie me recoucher quand sa respiration saccadée s'est calmée, son visage apaisé de toute crainte. Malheureusement pour moi, le sommeil a montré son nez en même temps que le soleil pointait.