Monolith

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Miroitante et glorifiée d'une joie sans nom, elle pleurait. Ce n'était pas ce genre de larmes dévastatrices qui avait le pouvoir de briser les mœurs et sauver les valeurs, non. Dévalant le long de ces joues creusées et rougies par l'émotion, elle les essuyait rapidement, masquant ses sentiments et son sourire à peine retenu. Elle n'avait jamais été aussi belle, aux yeux du Docteur.

Ou alors, peut-être l'avait-elle déjà été bien plus. Mais pas de cette façon-là. Elle, qui rivalisait sans cesse avec la grâce et la finesse, le charme et la sensualité, s'était lassée et avait laissé transparaitre sa fragilité et sa candeur. Une autre facette de sa personnalité, qui le rendait encore plus fou d'elle. Et rien, ni ses rides naissantes au coin de ses lèvres, ou ses yeux bleutés remplis de vieillesse et de lassitude, ne le ferait changer d'avis.

Non pas que cela lui déplaisait. Il l'aimait, et elle pouvait changer de tout au tout, devenir qui elle voulait, il la chérirait toujours avec une telle intensité. La femme qui avait su toucher ses cœurs. Après tout, lui aussi avait changé des multiples fois de visage – douze fois pour être plus exact – et jamais, ô grand jamais, ne s'était-elle une fois plainte. Ni de ses rides, ni de son caractère sans cesse en perpétuel mutation.

Original peut-être, mais à la fois si froid et si renfermé sur lui-même. Comme une coquille, une faible et fébrile créature qui s'abritait des dangers sous des traits d'acier. Un cœur de glace, malgré une bonté dissimulée, une envie d'aider et de sauver quitte à en mettre sa vie en péril. Au fond, il n'était qu'une vieux rocher tout brisé, se tenant droit et regardant ce qui lui restait de son avenir fragmenté. Un monolithe.

L'on racontait parfois que le Docteur avait toujours été un homme seul. Mais c'était faux, définitivement faux. Il avait toujours été entouré par la chaleur et la douceur de l'amitié, par les rires qui résonnaient, la vie qui évoluait à ses côtés. Mais, profondément au fond de ses vieux cœurs figés par la pierre, était-il aussi seul qu'il le prétendait ?

Il y avait toujours, quand la nuit était parfaite, et que le vent soufflait doucement, une douce chanson qui faisait chanter le monolithe solitaire.

Toujours quand il en avait besoin, quand il ressentait le désir d'écouter cette chanson, de gouter ses lèvres ou de sentir son cœur battre, elle était là. Parfois, il s'écoulait des centaines d'années avant qu'il n'éprouve l'envie de se faire bercer par sa mélodie, parfois seulement quelques jours. Ses sentiments étaient incontrôlables, dévastateurs. Alors, il profitait de ces quelques instants auprès d'elle, apaisé d'entendre ses cœurs vibrer pour elle.

Heureux ensemble, pas éternellement, mais quelques temps. Suffisamment, du moins, pour que jamais leur amour ne s'efface, et que la chanson résonne à jamais pour eux deux.

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To the woman who knew the song of the monolith.
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Vous avez trouvé ce à quoi correspond le mot de côté ? haha. J'avais ce mot en tête depuis la scène à Darillium. Et cette phrase que disait le Docteur ... Pourquoi il n'y a si peu de River x Docteur ? C'le meilleur de la série D: Soyez prêt à me revoir bientôt ~

Un petit commentaire ? ~

Doctor Who - Recueils d'OS Where stories live. Discover now