Chapitre 1

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Le réveil retentit dans ma chambre jusqu'à présent calme et silencieuse. Il va apprendre à voler celui là ! Pensais-je, de mauvaise humeur. Je faisais un beau rêve et cette magnifique sonnerie y avait brutalement mis fin. A moitié dans les vapes, je commençais à me préparer pour le travail.


Nous étions le mardi de la deuxième semaine des vacances de février, et comme tous les jours depuis leurs débuts, je me préparai pour partir au travail. Mon père m'avait proposé de travailler en tant qu'aide au pied d'un télésiège d'une petite station de ski du lundi au vendredi. Cela me permettait de passer mes journées, de gagner de l'argent et de me forger une expérience du monde du travail. En temps que lycéenne, mon expérience était encore limitée, et mon père comptait y remédier. Son but étant que j'apprenne à parler anglais aux nombreux touristes présents lors de ces vacances, mais également m'enseigner le sens des responsabilités, et bien sûr me laisser crever de froid toute la journée !


C'est ainsi que je partis avec lui dans la voiture, une tartine de pain et un jus de fruit en brique sur les genoux, prête pour une nouvelle journée de travail. Ces vacances commençaient à devenir une routine, la même que celle pendant les cours, à la différence près que j'étais debout dehors toute la journée au lieu d'être enfermée dans une salle, et que mes collègues n'avaient pas vraiment le même âge que les gens de ma classe. De plus, je commençais à me lasser de ce job, peu glorifiant et assez éprouvant, à devoir gérer des touristes empotés avec les portillons toute la journée, les faire avancer 4 par 4, surtout que cette semaine, quelle belle brochette de bras cassés on avait reçu ! C'était la semaine des parisiens, autant vous dire que c'était un plaisir de les accueillir sur nos pistes de ski. Lire les panneaux, faire preuve de civilité et de patience est trop leur demander...


Heureusement, je comptais sur la soirée de ce soir pour décompresser. En effet, ce soir je revoyais une amie de longue date qui avait déménagée et nous sortions en boîte ensemble, autant vous dire que la journée du mercredi allait être éprouvante après une nuit blanche ! Ce n'est vraiment pas sérieux, tssss... Ma voix intérieure (je crois que ça s'appelle une conscience) avait beau essayer de me raisonner, je ne comptais pas l'écouter cette fois ci. J'avais une envie folle de revoir mon amie, de faire la fête, et enfin de profiter des vacances comme il se doit ! Il ne faut pas m'en vouloir, j'ai que 17 ans...


Lorsque ma montre afficha 16h15, je me mis à exécuter une subtile danse de la joie (dans la tête bien sûr) : j'avais enfin fini ma journée ! Après avoir rangé les barrières, les filets et fermé le télésiège, je saluai mes collègues et redescendis jusqu'en bas des pistes en ski (l'avantage de bosser dans une station de ski). Une fois arrivé en bas, je me changeais dans les vestiaires pour la soirée à venir. J'avais en effet prévu de ne pas repasser à la maison et de partir directement à Tignes, une autre station de ski, afin de revoir celle qui m'avait manquée pendant une année entière ! Une fois maquillée, coiffée, et habillée d'un débardeur rouge plutôt décolleté, d'un leggins noir (qui me faisait des fesses d'enfer), de mes bottines noires avec de légers talons, de ma veste en cuir noire et de ma doudoune, je pris le premier bus en direction de Tignes.


Je m'étais faite la plus désirable possible, non pas parce que j'allais en boîte et que j'espérais trouver quelqu'un, mais justement parce que j'avais quelqu'un à séduire. Cette même personne que je n'avais pas vue depuis un an... Jade.


Cette fille, j'en suis folle, et ce depuis qu'elle avait déménagé à Bordeaux à la fin du collège (maintenant que j'y pense, cela fait 2 ans et demi qu'elle est partie de Savoie...) Elle a été la première fille qui m'a intéressée de la même manière que les garçons m'intéressent. Elle s'est un jour confiée à moi au téléphone en m'avouant qu'elle pensait aimer les femmes. Elle est celle qui m'a fait réaliser que j'étais moi-même bisexuelle... Malheureusement, nous ne nous étions revues qu'une seule fois, il y a un an de cela, et nous avions passé à peine quelques heures ensemble. Je comptais donc sur cette soirée et cette sortie en boîte pour tenter ma chance auprès d'elle.


Au vue des nombreux messages échangés avec elle, j'avais crû comprendre que je lui plaisais. Seulement, ça n'avait jamais été dit clairement, mais c'était plutôt évoqué de manière joueuse et taquine, si bien que je ne savais pas quoi en penser ! Est-ce que j'avais une chance avec elle, ou est ce que j'étais juste une bonne amie qu'elle complimentait sans arrières pensées ? C'est à cause de cette question, à laquelle je voulais obtenir une réponse, que j'avais décidé de tenter quelque chose en la revoyant. Car après tout, qui ne tente rien n'a rien, et je suis plutôt du genre à provoquer les choses qu'à attendre des années entières qu'elles nous tombent soudainement dessus. C'est donc avec cette optique, et surtout celle de passer un bon moment avec la fille que j'aimais, que j'arrivais à Tignes aux alentours des 18h.


Elle m'attendait à l'arrêt de bus, vêtu d'une doudoune bleu marine et d'un jean noir, ses longs cheveux blonds voletant légèrement, et je sentis le rouge me monter aux joues en l'apercevant. Comment quelqu'un, dans une tenue aussi banale, peut-il vous faire réagir à ce point ? Elle est magnifique... Fait gaffe à ne pas baver, ce serait assez mal vu ! La soirée promet d'être longue si elle te fait déjà cet effet. Après avoir arrêté ce monologue et m'être reprise en main, je descendis du bus et me dirigeais vers elle.


Son regard, d'un magnifique bleu clair, croisa alors le mien, et sa bouche s'étira en un sourire ravageur. Mon dieu ! Il devrait être interdit de posséder autant de charme. Elle se rapprocha de moi, son sourire ne quittant pas un seul instant son visage angélique, et écarta les bras dans une invitation muette. Je ne me fis pas prier et me blottis dedans, savourant nos retrouvailles, savourant la fin de son absence...


« Marion... Tu m'as tellement manquée » me murmura-t-elle alors d'une voix chargée d'émotion.

Amour, ton véritable nom est jalousieWhere stories live. Discover now