Chapitre 6

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Il était tard. Très tard. La nuit s'était levé depuis déjà plusieurs heures. Je n'avais pas vu le temps passé. Il passait tellement vite. Nous n'avions le temps de ne rien voir venir.

Il fallait y aller. Je pris la direction du fleuve Han, où le hangar se situait. Je mis mes mains dans mes poches, au cas où l'air frais s'attaquait à mes mains. Le trajet était assez long. J'avais toujours cette habitude d'écouter Namjoon sans protester. Et cela ne m'avait jamais tromper. C'était un ami très loyal. Les portes du hangar étaient géantes et lourdes. Il y avait des hommes qui surveillaient l'entrée. Hyung m'avait expliquer que des gamins d'une quinzaine d'années avaient déjà essayer de les voler, il s'agissait de gosses envoyés par leur concurrent. Histoire de causer des problèmes. Le patron avait donc décider de mettre en place un système de surveillance.

Namjoon me fit signe de me rapprocher. Il ouvrit la porte d'un bureau et me laissa entrer.


"Alors c'est toi V ?

- Oui, monsieur.

- Rapmon m'a raconté ta petite prouesse vis-à-vis de notre chère monsieur Kim Shi Hoon. Il a l'air de t'apprécier. C'est un bon départ. Tu seras donc son nouveau livreur. Ne t'en fais pas, il est très gentil quand nous nous occupons bien de lui. N'est-ce pas Rapmon ?

- Oui, répondit Namjoon.

- Je suis content de pouvoir enfin mettre un visage sur cette personnalité débordante d'énergie. Tout ce que je te demande pour l'instant est d'obéir à ce que ton chef d'équipe te demande de faire. Sinon, cela risque de ne pas très bien se passer entre nous. Et la punition ne sera pas très agréable à subir.

- Oui monsieur.

- Nous ne sommes pas à l'armée, appelle-moi seulement patron mon garçon, souriait il. Merci de ton attention. Et bonne chance pour la suite. J'ai à faire, vous pouvez disposer."


Patron avait plutôt l'air commode, sympathique. Cela changeait. Dans cette ville, les gens étaient plus du style à tirer la gueule, à cause du stress et de la pression du travail. Je ne voulais aucunement finir comme eux.


"Viens, je vais te présenter aux gars. Nous sommes quatre au total avec toi. Le grand type là bas, avec les épaules assez larges, c'est Jin. C'est le plus vieux d'entre nous. Il a l'air fragile, avec sa gueule d'ange mais il est tout le contraire. Crois-moi, je n'aimerai être à la place d'un de ces mecs à qui il a botté le cul. Et ne fais pas attention à ses attitudes légèrement efféminées, il est comme ça, riait Namjoon. Et le gamin à côté de lui, c'est Kookie. Il est très sérieux, même parfois trop. C'est le plus jeune, il a seulement seize ans.

- Seize ans ? Mais qu'est-ce-qu'il fait ici ?

- Comme nous, il a des problèmes qui font que."


Namjoon avait l'air d'être proche d'eux. Il ne m'en avait pourtant jamais parlé. Il avait tendance à garder tout ce qu'il y avait en rapport avec son petit troc, pour lui. Je n'étais même pas au courant qu'il était chef d'équipe, ni qu'il était seulement un "point parmi tant d'autres" auparavant. Je savais seulement qu'il s'occupait d'un trafique illégal comportant beaucoup de risques à cause de la marchandise très convoitée qui en faisait l'objet principal.


"Alors Taehyung, comment vas-tu aujourd'hui ?

- Je vais plutôt bien. Il ne se passe pas grand chose de différent en ce moment dans mon quotidien."


Ma séance avec cette psychologue, était rempli d'hypocrisie. Elle me regardait avec des yeux qui trompaient son comportement, qui faisait mine d'être attentif avec un semblant de pitié. Ses yeux montraient son manque d'intéressement, à ce que je pouvais bien lui raconter. Je le voyais bien qu'elle s'en contre foutait. Ce que je lui générais, était beaucoup plus important que ma misérable vie. Elle préférait le pognon que je lui refilais pour des séances qui n'arrangeaient pas les choses étranges qui se passaient dans ma tête. Cette femme n'était rien de bon. Elle était simplement égoïste.

Un jour ma mère m'avait dit que si j'avais besoin de réfléchir sur les choses de la vie, il fallait que je regarde le ciel. Je lui avais alors demandé pourquoi le ciel. Et sa réponse était merveilleuse à écouter. J'étais encore un gamin à cette époque, je n'avais donc pas compris le sens de ce que ma mère me racontait. Elle me disait que je comprendrais à l'âge où la réflexion était perpétuelle. Et ma mère avait raison. J'avais enfin compris ces quelques mots. Ils avaient pris un sens. Ils étaient magnifiquement merveilleux. Ces mots étaient plus utiles que ces séances de psychologie. J'avais pourtant, à plusieurs reprises, essayé de convaincre ma grand-mère d'arrêter de nous les payer. Mais rien ne marchait. Elle s'inquiétait beaucoup trop pour moi et ma sœur.


Devons-nous nous sentir coupable de vouloir arpenter le ciel afin de pouvoir le toucher les nuages de nos mains ? Devons-nous ? Je ne crois pas.

Stigmatiser | En pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant