Le monstre aux ailes noires

Chapitre 3

  Jahrnalac était loin de maitriser son vol qui était très peu stable et ce fut peut-être ses mouvements quasiment aléatoires qui lui permirent de ne pas être touché par les arbalétriers. Malheureusement, quand il fut assez haut dans les airs, un tir toucha son aile et le fit chuter sans qu'il ne puisse rien y faire.

Pour la seconde fois dans la même journée, Jahrnalac s'écrasa sur des fleurs, mais quel dommage malgré tout que les fleurs de nénuphars poussent dans l'eau.

Jahrnalac n'avait jamais appris à nager. En fait, il n'aurait jamais imaginé qu'il puisse y avoir une assez grande quantité d'eau réunie à un seul et même endroit pour qu'on ne puisse s'y déplacer en marchant.
Non, Jahrnalac n'avait jamais entendu parler des lacs.

Il avait beau se débattre, Jahrnalac n'arrivait pas à remonter a la surface, il fut donc englouti dans les profondeurs du lac.

Il ne sentait rien et ne ressentait rien, Jahrnalac n'était pas conscient qu'il était inconscient, il sentit néanmoins une pression soudaine sur son torse, puis une seconde, et enfin une troisième qui lui fit ouvrir les yeux ... le moment où l'eau qu'il avait recraché retomba sur son visage acheva de le réveiller.
Il réussit à s'asseoir péniblement et essaya de se souvenir de ce qu'il s'était passé avant qu'il ne tombe dans les pommes. Il essaya de se souvenir de toutes ses forces mais il ne se souvint de rien ... Jusqu'à ce que son regard se pose sur un carreau d'arbalète couvert de sang rouge foncé ... Comme le sien !
Tout ses souvenirs revinrent instantanément et il regarda instinctivement son aile blessée et, oh surprise, un bandage avait été minutieusement enroulé autour de son aile.
"Bonjour !"
Il se retourna et vit à moins d'un mètre de lui une fille aux longs cheveux d'argent qui le regardait
"Bonjour !" Dit-elle une seconde fois
"B-Bonjour" balbutia Jahrnalac
- Ah, tu parles finalement, je commençais à en douter
- C'est vous qui m'avez sauvé ?
- En effet, je t'ai vu tomber dans l'eau et ne pas ressortir, donc je t'ai sauvé parce que je n'avais pas de raison de ne pas le faire. Ah oui et j'ai soigné ton aile qui est en piteuse état.
- Merci bien ... Attend, tu as vu mes ailes et tu ne fuis pas ?
- Pourquoi ? Je devrais ? Dit-elle en faisant un pas en arrière.
- Euh ... Non ... Enfin je ne crois pas ... Mais les villageois se sont tous enfuis en me voyant.
- Je comprend leur réaction, d'ailleurs de toute mon existence je n'ai jamais vu de créature comme toi, c'est tout simplement fascinant !
- De toute votre existence ? Vous ne semblez pas beaucoup plus âgée que moi pourtant.
- Comme quoi il ne faut pas juger quelqu'un à son apparence.
- Quel âge avez-vous alors ?
- On ne t'as jamais dis que c'était impoli de demander son âge à une demoiselle ? Rétorqua-t-elle en feignant d'être vexée.
- Je vous prie de m'excuser.
- Je suis une dragonne d'environ trois cent ans, je m'appelle Bullia, enchantée.
- Une dragonne ?
- Je te repose la question que tu m'as posée précédemment : tu ne fuis pas ?
- Euh ... Non, pourquoi devrais-je ?
- Tu n'as pas peur des dragons ?
- Eh bien ... Pour tout vous dire ... Je n'ai jamais entendu parler de dragon avant aujourd'hui
- Quoi ?! S'exclama Bullia interloqué. Tu es vraiment quelqu'un d'étrange... D'ailleurs tu ne t'es toujours pas présenté !
- Ah oui, excusez moi.
- Arrête de t'excuser.
- Quoi ?
- Arrête de t'excuser !
- Si vous me le demandez.
- Tutoie moi.
- Quoi ?
- Tu es sourd ?
- Non non excusez, euh non je veux dire, euh, non, mais vous enfin tu ne va pas me fouetter si je te tutoie ?
- Non ! Pourquoi le ferais-je ?
- Parce que je ne suis qu'un pitoyable mâle et que je ne mérite pas d'exister.
- Arrête tes inepties ! Tout le monde à le droit de vivre ! Maintenant dis moi qui tu es.
- Je m'appelle Jahrnalac et je suis...
- Et tu es ... ?
- À moitié humain et à moitié harpie.
- Ah, je comprends, ceci explique cela.
- Vous ne me traitez pas de monstre ?
- Non, bien sûr que non, tu es un hybride très intéressant, mais ton nom est difficile à prononcer pour ceux qui ne sont pas harpies (et long à écrire pour l'auteur), que dirais-tu de changer de nom et de t'appeler ... John !
- D'accord, ça me va, ce nom me plait et ne fera pas fuir les humains ! Répondit Jahrnalac ... Ou plutôt John.