Partie 23

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- Tu devrais manger plus, tu es mince comme une brindille.
- Depuis une semaine tu me le répète Ibrahima.
- Qu'est-ce qui t'arrive?
- Je suis stressé c'est tout.
- Je peux savoir la cause?
- Ce sont les  examens, j'ai peur d'aller en rattrapage.
- Tu sais ce que je pense non?
- Que je devrais arrêter les cours je sais. Dis je avec lassitude.
Je sors, je reviens dans un quart d'heure.
- Tu vas où ?
- Je dois faire quelques courses.
- Tu sais que c'est dimanche et les femmes respectables restent à la maison pour s'occuper de leur mari.
- A tout à l'heure !
Je sortais précipitamment de la maison. Une fois dehors je pouvais enfin respirer, cela me procure beaucoup de bien.
Je mis mes écouteurs et met la musique à fond. Direction le centre ville, je marchais longtemps sans m'arrêter, j'avais pas de destination exacte. Je voulais juste m'aérer l'esprit. Je pensais à ce qui s'est passé durant ces derniers mois.
Depuis que j'ai décidé que j'étais enfin prête pour avoir un enfant; on dirait que le destin s'acharnait sur moi. Je n'arrivais tout simplement à enfanter. J'ai pourtant tout calculé.  Durant ma période féconde je m'arrangeais toujours pour avoir des relations sexuelles avec mon mari. Au debut j'achetais tout le temps des tests de grossesses mais c'était toujours négatif. Alors j'ai pensé que celà apporter le mauvais  œil alors j'ai arrêté d'en acheter. Malheureusement chaque fois que  je voyais mes règles je sombrais de plus en plus dans la tristesse. Une fois j'étais en retard niveau règle qui était toujours fixe pour moi, je ne voulais pas y croire mais j'espérais que cela soit le cas. J'attendais deux jours au moins pour pouvoir m'assurer que j'etais bel et bien enceinte alors je me suis précipitée dans la première pharmacie venue. Et comme tout les autres tests qui sont sûrement maintenant à Mbeubeuss, celà s'est avéré être négatif. Cela ne m'a pas empêcher  d'espérer. Je suis allé voir la sage-femme qui me suivait. Elle n'a rien trouvé d'anormal mais elle m'a quand demandé d'aller voir un spécialiste. C'est ce que je fis,lui aussi il n'a rien trouvé. Il m'a aussi demander d'amener mon mari pour qu'on fasse des examens plus approfondis. Pour voir s'il nécessite pas un traitement. J'en ai pas encore parlé à Ibrahim, je crois que j'ai trop peur de sa réaction. A chaque fois que quelque chose le contrarie dans son travail il passe ses nerfs sur moi. Alors je me tais et le regarde vociférer. Quand j'en ai parlé à ma maman espérant qu' elle se range de mon côté,elle se met à me insulter de tout les noms d'oiseaux. Me traitant de fille indigne
- "estime toi heureuse d'avoir un homme qui te crie simplement dessus. Il te traite comme une reine. Il te couvre d'argent et de cadeaux. Ingrate que tu es, tu es là à te plaindre"
Certes mon mari est un vrai "Samba Linguére" il sait donner de l'argent beaucoup même,il sait couvrir de cadeau de tout genre surtout après avoir passé ses nerfs sur moi. Prévenant que je suis chaque j'épargne la majorité de ce qu' il me donne. Ce qui me fait un gros pactole.
"Diarro diokh lekk"  avait-elle rajouté.
Mon papa n'en parlons même pas. Il a arrêté de se mêler de nos affaires quand je lui est explicitement demandé de ne plus se mêler de mon ménage pendant l'époque où il essayait de me convaincre d'aller à la mairie.
J'ai arrêté de me confier  à qui que ce soit. Et je ne sais pour quelle raison. Même avec les tentatives d'enfanter je n'ai rien dit à personnes même à mon mari. Cela commencé à me peser lourdement. J'ai l'impression d'étouffer.
Mes résultats de mon exam sont sortis depuis belle lurette,mais j'ai pas le courage d'aller voir,j'ai pas envie d'une dose de stress supplémentaire. Je suis presque sûr que j'ai pas réussis la majorité des épreuves.
Tout ce temps là j'ai pas pleuré. J'y arrive pas. Je sens que celà va exploser d'un moment où l'autre.
Je décidais de rentrer,il se faisais tard et j'allais passer un mauvais quart d'heure. Mon cher mari a développé une maladie qu' on appelle la jalousie. Et quelle jalousie! Il croit que je flirte avec le voisin du pallier, le vendeur de lait caillé, le boutiquier et le gardien. Si c'est plus permis d'échanger des politesses. Je préfère m'en passer. A peine rentrer dans l'appart il m'attaque directe.
- Où tu étais?
-Je suis sortie prendre de l'air je te l'ai déjà dit.
-Avec qui?
-J'étais toute seule.
-Khadija moy tou ma!
-Pourquoi tu cherches des merdes  là où il y'en a pas.
J'étais à bout nerfs,j'en avais ma claque.
-Tu me parle correctement, sinon
-Sinon  quoi? Tu vas hurler comme un taré ou tu vas me gifler? Hein! Vas-y qu'on en finisse!
Après mes propos il se rembrunit de suite. Il semblait vouloir ajouté quelques choses puis se ravisa,me regardait encore et s'en alla. Il revient deux minutes plus tard.
-Viens dans mes bras. Dit il d'une voix mielleuse.
Le retournement de situation! Je suis choquée.
-Tu vas me dire qu' est ce qui a?
Je ne disais rien, je me contenter de me lover dans ses bras, à côté de son ventre un peu proéminent.
Je l'aimais tellement!
-C'est ta faute si je suis comme ça avec toi. Tu me rends fou. Tu es souriante avec tout le monde,tu discute avec eux. Avec moi t'es froide alors je sais pas comment réagir. C'est ta faute.
C'est partie pour un tour.
J'avais même pas remarquer que je pleurais. Les larmes redoublaient d'intensité. Au milieu de mes pensées, je me rendais compte qu'après dix mois de mariage je ne connaissais effectivement pas l'homme que j'ai épousé.

Khadija Ou la DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant