You're The Moon Of My Life •Terminé•

Chapitre 4

Quand Lily sortit de l'infirmerie une semaine plus tard, un nœud serra sa gorge et ne la quitta plus. Elle s'était plongée dans les ennuis jusqu'au cou, mais était déterminée à repousser toute l'aide qu'on pourrait lui apporter. Les rayons du soleil de l'après-midi éclairaient les couloirs et réchauffaient l'atmosphère. Pourtant, elle n'arrêtait pas de trembler. Elle serra son écharpe autour de son cou et descendit prudemment une première volée de marches. Ses jambes la portaient mais elle semblait constamment sur le point de s'effondrer. Elle se tenait à la rampe en pierre et regardait sans cesse autour d'elle, honteuse qu'on puisse la surprendre dans un tel état de faiblesse. Après une semaine passée à l'infirmerie, elle avait eu le temps de réfléchir à tout et n'importe quoi. Ses amies, son avenir, ses problèmes, tout y était passé. Lily avait peur de voir surgir au coin d'un couloir des élèves qui pourraient rire de la voir si faible. Et par-dessus tout elle redoutait de voir un élève au teint cireux et aux cheveux noir corbeau. Severus Rogue était bien la dernière personne qu'elle voulait voir en cet instant. Si elle était honnête avec elle-même, elle aurait avoué qu'elle ne désirait voir personne, mais elle ne pouvait pas. En premier lieu, parce qu'elle le devait et qu'elle voulait s'en débarrasser, elle devait aller voir James Potter. Selon les dires de Madame Pomfresh, il lui avait quasiment sauvé la vie. Alors le minimum était de mettre sa colère et son ressentiment de côté pour aller remercier le garçon qu'elle détestait tant.

Il devait se trouver au bord du lac, à profiter avec ses amis. Tant pis si elle devait les voir tous, elle serait moins gênée s'ils étaient entourés. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle redoutait dans le fait de se retrouver face à lui. Son regard face à ce qu'il avait vu ? La honte que ce soit devant lui qu'elle s'était effondrée ? C'était absolument ridicule, mais elle ne voulait pas se l'avouer. En arrivant sur les berges du lac, elle vit James allongé seul, un vif d'or tournant au-dessus de sa tête. Il portait son uniforme, mais avait remplacé sa cape par une veste de toile. Quand elle approcha, elle remarqua ses yeux fermés et ses lunettes de travers sur son visage. Allongé ainsi, il n'avait plus rien d'agaçant. Disparues, ses remarques constantes sur Lily, sa manière de se coiffer, de s'habiller, de parler, d'étudier. Il ne restait que James Potter, somnolant sous un arbre. La scène était à la fois digne d'un roman, et à la fois complètement ridicule.

- Tu vas me contempler longtemps ?

Elle revint subitement à elle. James avait ouvert les yeux et la regardait. Il n'était pas moqueur, pas méchant, juste admiratif. Dans un souffle, elle se rendit compte que personne ne l'avait jamais regardée ainsi. Il scrutait chaque détail, et semblait apprécier d'en découvrir de nouveaux. Une tache de rousseur, une petite cicatrice que le temps avait laissée, une ombre sur ses joues, la lumière dans ses yeux verts. Il semblait captivé. Leurs regards se croisèrent et le nœud dans la gorge de la jeune fille se serra plus fort. Un peu plus, et ce serait à cause de lui qu'elle tomberait.

Pour couper court à cet instant, elle s'assit à côté de lui. James se redressa et regarda au loin. Ses lunettes étaient de travers et de l'herbe s'accrochait à ses cheveux. Il semblait inquiet. La rousse se demanda ce qui pouvait bien inquiéter le grand James Potter. En fait, elle ne voulait pas le savoir. Depuis le début d'année, ils étaient sortis de leurs altercations constantes. Et elle ne savait pas si elle appréciait vraiment cela. Ils ne se rapprochaient pas, mais ils n'étaient plus constamment séparés par un mur de disputes. Lily se tenait au bord d'un précipice dont elle ne voyait pas le fond.

- Merci, pour l'autre soir.

Il tourna la tête vers elle, d'un air intéressé.

- Mais de rien Evans, je ne manque jamais une occasion de secourir une demoiselle en détresse.

- La demoiselle en détresse va t'enfoncer le visage dans l'herbe si tu gardes cet air moqueur.

Il éclata de rire. Et voilà, James Potter était redevenu fidèle à lui-même. Elle ne savait pas comment elle avait pu un seul instant penser qu'il avait changé. Il était toujours insupportable. Elle pensait qu'il aurait peut-être prit en maturité, elle s'était bien trompée.

- De rien Evans.

Cette fois ce fut elle qui le regarda. Il parlait tout à fait sérieusement. Une lueur de malice brillait encore dans ses yeux mais elle doutait qu'elle parvienne à disparaitre un jour. Elle faisait partie de lui. Tout comme son insupportable habitude de lui casser les pieds, ou le plaisir qu'il prenait à jouer des tours à tout ceux qu'il pouvait atteindre. Il lui tendit un livre.

- Tu sais lire ? Demanda-t-elle en prenant l'ouvrage.

- Bien-sûr que non. Mais Remus devait te donner ça pour que tu le lises.

Elle lui lança un regard sceptique mais rangea le livre dans son sac.

- Traité sur les évolutions de la politique magique en Europe dans les années 1880-1900. Je pensais que tu l'avais déjà lu.

Devant son air interloqué, il éclata de rire et continua.

- Tu en as parlé avec McGonagall il y a quelques temps.

- Parce que tu m'écoutes quand je parle ?

- Bien-sûr Evans, tu es la fille la plus intéressante de ce château.

Lily fut surprise de noter l'absence d'ironie dans ses paroles. Il pensait ce qu'il disait, c'était certain. Elle n'aurait jamais envisagé une telle discussion avec lui.

Et pourtant quand Sirius,Remus et Peter descendirent en direction du lac pour comprendre pourquoi leurami mettait autant de temps, ils virent les adolescents en train de discuter etde plaisanter. Aucun des deux ne criait, ils ne se disputaient pas. Le rire de larousse parvint jusqu'à eux. Peut-être que finalement, James était le plus doué pour rendre le sourire à Lily Evans.