Partie unique

2K 240 30
                                    

 ~✤~

Et toi, tu te tenais simplement là, avec ton sourire qui te donnait l'air à la fois adorable et simplet, comme si tu retombais en enfance pendant quelques secondes. Tu regardais les vagues s'écraser contre les rochers, tu regardais les goélands qui criaient dans le ciel, tu regardais le ciel se refléter sur les flots. Pour toi, ce temps était bienfaisant et doux. Pour moi, la brise était sifflante et froide, le ciel recouvert de nuages, et le son des oiseaux était bien désagréable. Tout ce désordre n'était que le reflet de ma tempête intérieure. Pourtant, tu souriais, comme un idiot, non alerte du fait que j'allais tout changer d'un instant à l'autre, du fait que j'allais te faire perdre ton magnifique sourire et ta si douce innocence.

Ton regard se plongea vers moi, ton merveilleux sourire quittant tes lèvres, m'arrachant un pincement au cœur à l'idée que c'était à cause de moi que tu ne souriais plus. Que tu sourirais plus. Tu le sentais sans doute, que quelque chose n'allait pas, que je m'isolais, que chaque geste était devenu un automatisme, des sourires aux baisers. Tu le sentais, mais c'était comme si, à présent, tu comprenais que quelque chose avait vraiment changé, que ton esprit cessait de nier l'évidence.

Il faisait froid. L'air salé était agressif. Pourtant, tu te détournas avant de continuer ton chemin le long de la jetée. Ton dos s'éloignait, inexorablement, et je sentis une larme solitaire réchauffer ma joue. Je suffoquais, parce que malgré tout cet air marin, tu étais la personne qui me faisait respirer dans ce monde. Mon bras s'élança vers toi, ma main se superposant sur ta silhouette dans ma vue brouillée. J'hésitais. Je regrettais. Je me maudissais de ma décision. Je me damnais de la souffrance que je nous infligeais.

Entre deux nuages, il y avait un rectangle de ciel bleu. Une fenêtre vers le paradis, un souffle. Un instant, mes pensées me quittaient alors que j'eus l'impression que ce carré coloré allait m'apporter une autre solution, mais le bleu, Ji Min, était une couleur diablement froide. Et aujourd'hui, il faisait froid, tellement froid.

Ta main s'empara doucement de la mienne, et tu entrelaçais nos doigts dans une union chaleureuse et naturelle. Ton corps était proche du mien, mes yeux quittèrent le ciel pour se poser sur ton visage. Ta frange blonde, ton front, ton nez, tes joues, ta bouche, tes yeux. Tes yeux bruns qui s'encrèrent dans les miens, ton regard triste et doux, alors que ton front tiède se posait délicatement contre le mien.

"Ji Min."

Tu m'intimas le silence en posant ton doigt sur mes lèvres sèches, lâchant un soupir éraillé.

"Je sais. Je sais alors ne le dis pas."

Tu fermas les yeux, essayant de reprendre le contrôle de tes émotions, de ta voix. Tu n'y arriveras pas.

"Je t'aime."

Les mots furent brûlants, m'arrachant la gorge. Me broyant les entrailles. Mais le regard que tu me lanças, indescriptible, me retourna bien davantage.

"Je t'aime comme un malade."

La douleur était saisissante et déchirante. Ces paroles me blessaient, et pourtant, je les prononçais. Je méritais cette souffrance, mais pas toi, pas toi dont les joues ne devraient pas être couvertes de larmes, mais rosées par un éclat de rire.

"Alors pourquoi est-ce que tu pars, Yoon Gi ? On s'était promis de ne plus se quitter..."

Oui, je te l'avais promis. Ici même, il y a cinq ans. Je t'avais promis de ne jamais te faire du mal, de ne jamais t'abandonner de te chérir de toutes mes forces, et je l'ai fait, et j'aurais aimé pouvoir le faire pour l'éternité. Juste toi, ta voix, ton rire, et moi.

"Je suis désolé.
- Mais tu n'y es pour rien, pas vrai ? C'est les lettres que tu me cachais, tes absences de plus en plus longues, tes coups de téléphones secrets. C'est forcément ça, mais tu ne me diras pas de quoi il s'agit, pas vrai ?
- Je ne pensais pas que tu avais fait attention à ça...
- Tu me prends pour un idiot ?"

Ton air vexé m'arracha un étrange sourire Bien sûr que tu n'étais pas bête. Bien sûr que tu avais vu tous les signes. Je ne pouvais rien te cacher, après tout. C'était bien pour ça que notre relation était si fusionnelle : on comprenait l'autre sans un mot, sans un regard, juste par intuition. Depuis combien de temps gardais-tu tes questions pour toi ? Elles avaient dû tant te ronger, tant te blesser.

"Je ne reviendrais pas.
- Je sais : "oublie-moi, continue ta vie", comme si c'était possible.
- Tu dois le rendre possible pour moi."

Tu hochas la tête, reniflant les sanglots que tu peinais à retenir depuis un moment. Je sentais qu'au fond, tu avais compris. Je n'avais pas besoin de te dire les choses pour que tu les saisisses. Je posais ma main sur ta joue, et mes lèvres rencontrèrent les tiennes. Baiser au goût de mer et de larme. Baiser d'amour, baiser de tristesse, baiser d'adieu.

-

Tu étais assis au bord de la jetée, tes jambes se balançant au-dessus de vagues calmes qui s'écrasaient sur le bitume. Ton portable, posé à tes côtés, diffusait cette musique que nous avions l'habitude d'écouter. Tes cheveux se soulevaient au rythme de la brise qui venait te réchauffer. Tu souriais, regardant le ciel d'un bleu éclatant.

"Tout va bien, Yoon Gi."  

  ~✤~  

C'est déprimant à souhait...

Bien. J'avais de l'inspiration, et j'étais d'humeur à écrire ce genre de truc. Je l'ai écrit d'un bloc, et vu que j'ai trouvé ça pas trop mal, j'ai décidé de vous le partager. J'espère que, bien que ce soit très court, vous avez aimé. 

Et j'espère que c'est clair, surtout. J'ai pas cherché à rendre tout limpide, mais je suis pas sûre que tout soit parfaitement compréhensible, du coup. Donc si vous comprenez pas, dites-le, je pourrais envisager une correction. 

[OS] Blue sky - yoonminWhere stories live. Discover now