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Incheon Airport

04:30

Le tintement des aiguilles résonne faiblement dans le café encore désert.

Un jeune homme accoudé au comptoir s'étire et baille, les yeux rivés sur la grande horloge qui orne le mur en face de lui.

Dans une demi-heure, la vie s'animera sous ses yeux. Il aime ce moment, peut être plus que n'importe quel autre.

Quand le grand hall ajouré presque vide de l'aéroport se remplit peu à peu des voyageurs venus d'ici ou bien d'ailleurs.
Il y a des pressés, des moins pressés, des voyageurs occasionnels, des habitués, des travailleurs, des vacanciers. Il y a de tous les mondes, de tous les âges, ils s'en vont ou reviennent, passe et repasse, dans un brouhaha incessant et constant.

Il est encore très tôt, seuls quelques voyageurs nocturnes déambulent sur le sol carrelé.

Bientôt, le passage se densifie et il se prépare à l'ouverture.

04:45

Un coup de chiffon sur le comptoir, quelques tasses à aligner, la caisse à mettre en marche, et il sera bientôt prêt.

- Jungkook ? Appelle son collègue.

La voix lui parvient de l'arrière-boutique.

- Oui Hyung ?

- Viens m'aider s'il te plaît !

Il se dépêche de le rejoindre et l'aide à descendre un grand carton de l'étagère.
Puis ils retournent tous deux dans la salle et s'affairent autour des tables. Il faut que tout soit net avant l'ouverture.

04:57

Il s'avance vers la porte rustique puis retourne la petite pancarte cartonnée qui y est accrochée.

"OUVERT"

Il reprend sa place derrière le comptoir et se tient prêt à accueillir les premiers clients matinaux.

Le café marche bien. Les produits sont de qualité et la décoration est très soignée. Le parquet sombre et les murs clairs lambrissés dégagent un charme certain, et de petites tables rondes nappées de beiges sont bordées par de confortables fauteuils pourpres.

Il aime cet endroit. Il y passe la majorité de son temps, depuis la fin de ses études.

Les bruits du grand Hall lui parviennent. Le claquement sec et régulier d'une paire de talons, le son des roulettes de valises que l'on traîne, les annonces des départs.

Le monde s'anime.

Le petit carillon doré tinte tandis que le premier client passe le pas de la porte.

Un vieil homme chargé d'une grosse valise de cuir marron s'avance vers lui et passe commande.
Ce devait être un bel homme autrefois, se dit-il tandis qu'il lui prépare son Thé noir.
Un noeud papillon un peu vieillot orne le col de sa chemise.
Il a l'air jovial, les joues rosées et les yeux pétillants.
Peut être a-t'il un rendez vous galant ? Ou bien part-il finir ses jours dans un pays lointain ?

Il ne le saura jamais, il ne peut qu'imaginer.

C'est plaisant, de tenter de deviner ce que font ces gens, où est ce qu'ils vont, quel genre de vie ils mènent, à quoi ils aspirent.

Il peut imaginer ce qu'il veut, ce qu'il aimerait. Idéaliser au gré de ses humeurs, de ses envies.

L'homme s'installe alors qu'un deuxième client passe la porte.

Une jeune femme entre à son tour.
Ses cheveux noués en un chignon bas serré, elle s'avance d'une démarche pincée. Elle porte un tailleur gris et de hauts talons. Ces derniers claquent sur le parquet de bois.

Elle commande un cappuccino qu'il prépare aussitôt.

Elle, elle se déplace certainement pour le travail. Son air assuré et un peu froid lui donne un air de Comptable. Elle a l'air pressé.
Si ça se trouve, elle s'occupe d'une grande et riche société.

La jeune femme n'attend pas son cappuccino et s'installe, tandis qu'il contourne le comptoir pour le lui apporter.

Un carillon indique l'arrivée d'un troisième client.

C'est un jeune homme qui approche vers lui. Il est habillé simplement mais élégamment. C'est un bel homme.
Une chemise à carreau rentrée dans un pantalon gris, des chaussures cirée, mais aucun sac.
Peut être voyage-t'il léger ?
Il sourit, pourtant un petit plis entre ses sourcils dénote, est-il soucieux ?

Il s'avance vers le comptoir, un écouteur sur l'oreille, l'autre pend dans le vide.

- Bonjour, un café noir s'il vous plaît.

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