Chapitre 12

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Je me mêle à la foule des élèves et je monte en classe en feignant la normalité.
En vérité mon cœur bat encore à mille kilomètres heure à cause de la course qu'on a dû faire avec Esteban.

Apparemment on a deux heures de maths. Tout autour de moi les gens râlent parce qu'il n'aiment pas, qu'ils ne comprennent rien et que ça les saoule. Personnellement ça me dérange pas, j'adore ça, je comprends toujours tout quasiment instantanément. Ce n'est pas une passion, mais limite quand même. Je me verrai bien scientifique dans le futur. J'adore la logique qu'il y a dans cette matière, la réflexion aussi. Je suis absolument certaine d'aller en première scientifique l'année prochaine.

Je crois que ça agace quand même un peu le prof que je sache répondre à toutes ses questions. Je sais à quoi vous pensez, mais non, je ne triche pas en regardant dans ses pensées. Même si j'avoue que ça me tente, ce n'est pas mon but, je veux progresser, apprendre par moi-même. Alors je me force à ne pas lire dedans.

La première heure on bosse beaucoup donc je suis hyper concentrée, j'enregistre tout ce qu'il raconte.
Par contre la deuxième c'est révisions donc je n'écoute pas trop...

Sans que je m'en rende vraiment compte, mon regard passe d'élève en élève. Jusqu'à ce qu'il s'arrête sur Théo. Là je sors de mes pensées instantanément.

Je n'aime pas dire ça, ça m'énerve, mais j'avoue qu'il me manque. Énormément.
Vous savez, on n'efface pas douze ans d'amitié en claquant des doigts comme Joséphine ange gardien.C'est beaucoup plus dur.
Quand je le vois je repense à tous les moment heureux passés ensemble, aux délires, aux joies, aux peines, aux bêtises. Oui, parce qu'on a fait les quatre cents coups tous les deux. Oh et qu'est-ce qu'on se faisait engueuler ! Mais aussitôt que les parents s'en allaient, on se mettait à rire. Jusqu'à s'en étouffer. D'un rire insouciant, comme les enfants le font si bien. Un rire clair, sans aucune arrière-pensée.

Rien que d'y songer ça me fait sourire. Il me manque. Même quand on n'est pas séparés.

J'aimerais tellement retourner quelques jours en arrière, effacer ce qu'il s'est passé, tout recommencer. Changer le cours des choses. On serait toujours amis et je n'aurais pas à penser à ça... Il m'aurait pris dans ses bras, m'aurait dit que jamais personne ne pourrait nous séparer. Comme il le faisait avant tout ça. Il me manque. Je ferais n'importe quoi pour que tout redevienne comme avant. Je verse quelques larmes. Théo me manque. Nos souvenirs me font mal.

– Mlle Lewis ? Vous n'allez pas en récréation ?

Je n'avais même pas entendu la sonnerie. Ni vu tous les élèves sortir... Le prof doit me prendre pour une dingue. Mais est-ce que je ne le suis pas un peu quand même ? Si, je pense. Ce n'est pas normal de lire dans les pensées des gens.

– Ah... euh... si bien sûr...

Il me fait un sourire. Ce genre de sourire que je déteste. Plein de pitié et de compassion. Il a l'air de se dire "Pauvre petite, elle est complètement paumée" Parce qu'il est au courant.
Tous les profs sont au courant. La police les a prévenus, bien évidemment. Je hais ce monde injuste.

Quand j'arrive dehors, je suis encore un peu perdue dans mes pensées. Je vais m'asseoir sur un banc, au soleil.
Je ferme les yeux et j'essaie de profiter, malgré tout. Le soleil réchauffe un peu mon cœur gelé, ça fait du bien.

– Alors comme ça on dort chez Esteban Roye ?

J'ouvre les yeux. Lou. J'aurais dû m'en douter. Elle ne me laisse jamais tranquille.

– Mais tu t'es prise pour qui ?

– Lâche-moi. C'est pas le moment.

– Non. Tu vas lui répondre, m'ordonne une voix masculine que je ne connais que trop bien.

Je sais, c'est tout.Where stories live. Discover now