-Papa! Criait-elle.

Elle dépassa sa mère, agitant ses mèches blondes, et me sauta dans les bras. Je la réceptionnai, la soulevai de terre en lui souriant, puis la reposai en passant une main dans ses cheveux.

-Tu sais, on a été chez-toi ce matin, mais maman a dit que tu avais un rendez-vous important. Il est fini, maintenant? Est-ce que tu es venu me chercher?

Je jetai un regard lourd de sens à Alexandra, puis souris à ma fille.

-Est-ce que ta valise est prête?

-Depuis ce matin! J'ai plié mon linge toute seule!

-File la chercher, tu pourrais me montrer comment tu y es arrivée à la maison!

Elle hocha vigoureusement la tête, puis repartit en fusé. Un sourire niais plana encore quelques instants sur mon visage avant que Alexandra me ramène à la réalité.

-Je te la laisse pour cette semaine parce que je ne veux pas de problème avec les tribunaux avant que je porte officiellement plainte, mais sois excessivement prudent avec elle parce que à la moindre erreur, je n'hésiterai un seule seconde à te la reprendre!

-Tu n'as pas à me le dire. Je sais ce que j'ai à faire.

Un lourd silence plana et seul l'arrivé de Léa avec sa petite valise rose à l'effigie de princesses de Disney le brisa. Je me forçai à sourire à nouveau.

-Tu es prête? Tu n'as rien oublier?

Léa compta sur ses doigts pour voir s'il lui manquait quelque chose, puis secoua la tête.

-Non!

-Sûre?

-Sûre, sûre!

-Ok, alors allons-y!

Je tandis une main pour prendre sa valise, mais elle me repoussa.

-Je suis capable toute seule!

Elle me tira la langue et je levai les mains en l'air comme un voleur.

-Je te laisse faire, alors!

Sa petite main s'enroula autour de ma paume et nous marchâmes jusqu'à la voiture. Je mis sa valise à l'arrière et je la soulevai pour l'installer dans son banc pour enfant. Je l'attachai, puis refermai la portière, retournai au volant.

J'avais terriblement hâte de quitter cet endroit.

***

Finalement, en revenant à la maison, je laissai Léa s'installer dans sa chambre avec toute ses peluches. En attendant, j'en profitai pour, à contrecœur, envoyer un texto à Andreas :

Rob : Je suis désolé, je dois annuler pour jeudi.

La réponse ne tarda pas.

Andreas : Pourquoi? Je te fais trop d'effet et tu as peur de ne pas pouvoir te contenir?

Rob : Non, Léa est chez-moi. Je vais passer un peu de temps avec elle, alors je ne pourrai pas venir.

J'étais conscient que Andreas était un gars encore jeune, un gamin, qui vivait en colloc, qui avait tout juste terminé ses études et qui n'avait pas encore de responsabilités. Il ne devait pas comprendre ce que ça signifiait que d'être parent et responsable. Ce n'était pas grave, je ne m'attendais pas à ce qu'il comprenne.

Andreas : Ah, je vois. Profite bien du temps avec elle... Je termine de travailler à 11h, je pourrais passer chez-toi? ;)

Et rencontrer ma fille? Je me mordis la lèvre. C'était délicat. Je n'avais pas envie de lui dire non, mais habituellement, je m'arrangeais pour que Léa ne rencontre aucun de mes prétendants, de peur qu'elle s'attache à un éphémère : je ne voulais pas lui faire de peine ni de faux espoirs. Pourtant, Andreas était lui-même un gamin, il s'entendrait sûrement très bien avec Léa et j'avais toujours cette sensation, comme quoi il était différent des autres. Ça ne me lâchait pas.

Rob : Je vais y réfléchir.

Avec Léa qui était incapable de garder un secret et la surveillance accrue d'Alexandra sur mes moindres faits et gestes, j'avais peur que si Andreas me rendait visite, ce soit mal perçu. Bien sûr, nous ne ferions rien d'explicite en présence de ma fille, mais Alex serait très capable d'utiliser cette relation contre moi quand même. Je n'avais pas envie de perdre la garde de Léa à cause d'une stupide erreur de jugement sur quelque chose d'encore plus idiot.

Je ne reçus pas d'autres messages d'Andreas. J'espérais ne pas l'avoir vexé par ma réponse. Dans le doute, je réécris :

Rob : Je te donne ma réponse bientôt. Mon ex croit que tu es un mauvais exemple à montrer à Léa, alors je dois agir avec prudence.

Il ne me répondit pas plus, mais je fus intérieurement soulagé que ce soit éclairci. Cela me chipotait que de savoir qu'il pouvait y avoir ambiguïté sur ma première réponse à propos de la réflexion à faire autour de son invitation chez-moi. 

Heart affair [pause]Where stories live. Discover now