Recueil d'OS

Le miracle de l'aubergine

Thème : légumes

Note > désolée, il est minuit, je suis fatiguée,  je ne trouvais pas de titre, celui-ci me faisait rire...

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Adossé à ce qui avait été, il n'y a pas si longtemps encore, une baie vitrée, Jim observait les flocons de neige danser de l'autre côté de la véranda, comme hypnotisants. Il y avait dans cette chorégraphie scintillante une certaine poésie, et pourtant, tout ce que cette chute endiablée lui inspirait était de la mélancolie et une étrange animosité.


Comme si ces minuscules perles de glace se moquaient de lui en tombant dans un tourbillon enivrant pour mieux lui rappeler son propre échec, sa propre chute.


Il aurait voulu repousser ces sombres pensées bien loin mais il ne pouvait s'empêcher de penser à son épouse et de regretter son départ. Il avait été con.

Il soupira et leva les yeux au ciel en se redressant. Elle était aussi coupable que lui. Et elle était partie, elle l'avait laissé sans essayer de réparer les pots cassés comme ils faisaient d'habitude.


Il ferma les yeux avant même que sa tête ne touche l'oreiller. C'était bizarre de sentir le lit vide, froid. C'était tellement bizarre de ne pas l'avoir près de lui. Ils avaient déjà passé des nuits séparés, bien sûr, mais là c'était différent. Il le sentait, c'était mal barré. Putain, pourrait-il seulement dormir ce soir ?

Sa femme et lui connaissaient depuis à peu près toujours. Il s'était bien un peu perdus de vue entre le lycée et la fac mais étaient toujours restés très proches, quelque part. S'étant retrouvés, ils avaient fini par se marier peu après. Jeunes, peut-être trop, mais il formaient l'un des couples les plus amoureux que nous puissions rencontrer dans une vie.

On ne pouvait pas dire que leur idylle fut courte de durée, mais elle ne fut malheureusement pas non plus éternelle. Leur relation se détériorait tant qu'ils avaient fini par croire que leurs sentiments l'un pour l'autre s'effaçaient. Pourtant, une fois éloignés, ils baignaient dans un malheur solitaire qui les anéantissait.

Leur récente dispute était probablement la dernière mais seul dans leur drap gelés, Jim ne comptait pas laisser cela se produire; il ne laisserait pas sa femme s'en aller définitivement comme ça. Il allait la faire revenir car, malgré tout, leur amour n'avait pas flanché, il était juste mis rudement à l'épreuve. Il prenait ça comme un test, un cap à passer. Difficile, mais surmontable.

Seulement, pour son plus grand désespoir, il semblait que Claire ait abandonné, presque.

Il devrait se battre, mais il réparerait tout ça, il le faisait toujours. Jamais il n'avait pu envisager que tout s'arrête et il ne resterait pas sans rien faire alors que la situation glissait dangereusement dans cette direction.

Finalement, et contre tout attente, il sombra dans un profond sommeil et ne se réveilla que tard le lendemain matin, plein de volonté et déterminé comme jamais.

Il allait devoir se battre pour récupérer sa femme et avait décidé de commencer par lui faire une surprise en préparant un repas. Il savait que ça lui ferait plaisir. Encore fallait-il qu'elle repasse chez eux aujourd'hui, mais il était confiant.


Problème : il était une véritable catastrophe en cuisine. Ce n'était pas par machisme qu'il ne s'approchait jamais du four ou des plaques chauffantes, mais bien par instinct de survie.

Il avait donc trouvé une recette de tarte aux légumes, assez simple et probablement dans ses cordes. Enfin, il l'espérait parce que ça ne commençait pas si bien que ça.

Il avait eu droit à cette jolie humiliation devant sa mère d'avoir confondu un concombre et une courgette au supermarché. Pour sa défense, ce concombre en particulier ressemblait beaucoup à une courgette. D'après lui.