09. Mag, Maggie, Magdalena

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   Bien plus tard dans la nuit, je me réveille après un rêve particulièrement agité

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Bien plus tard dans la nuit, je me réveille après un rêve particulièrement agité. Les paroles d'Élodie n'ont pas cessé de creuser un chemin dans mon esprit, et je crois qu'elles s'installent confortablement dans celui-ci pour faire désormais partie intégrante de mes pensées.
Pourtant, mon corps se bloque, je ne supporte pas l'idée.
   Magdalena était dans mon rêve, encore et toujours. Antoine aussi y était, mais pas de la façon dont j'aurais voulu.
Son visage se dessine dans mes pensées, j'en vois les traits délicats.
Celui de Mag, pas celui d'Antoine.
Je panique. Comment cela peut-il être possible ?
Je prends ma tête entre mes mains et soupire, tout en essayant de relativiser. Je me redresse, plaque mes genoux contre ma poitrine, et regarde par la fenêtre. Il fait encore nuit noire, mais j'ai l'étrange sensation que le jour ne va pas tarder à pointer le bout de son nez. J'observe l'heure : 5h54. Je ne pourrais pas me rendormir.
Alors je me réveille, pour voir le soleil se lever, même si j'ignore s'il va pointer le bout de son nez. Ça fait des jours qu'il pleut à verse.
J'attrape mon plaid et l'enroule autour de mes épaules, et il me vient alors une envie malsaine, celle de fumer, comme si la nicotine et le fait d'augmenter mes chances de développer un cancer pouvaient réussir à me faire penser à autre chose.
J'ouvre ma fenêtre en grand, le froid s'incruste dans ma chambre par une bourrasque. Dans le tiroir de mon bureau, j'attrape le paquet de cigarettes tout cabossé que je cache là depuis des mois. Je ne m'en sers qu'à de très rares occasions.
Après avoir porté la clope à mes lèvres, je l'allume et me colle contre la fenêtre afin d'éviter que l'odeur de tabac envahisse toute la pièce.
Il fait froid, je grelotte, je sens mes doigts s'engourdir.
J'observe la tranquillité de la nuit. La lune est pleine, les étoiles scintillent. J'ai soudain l'impression que l'Univers se moque de moi. Je pourrais presque l'entendre rire. Instinctivement, je souris aussi, parce qu'il est vrai que la situation est cocasse.
J'ai toujours le visage de Magdalena dans la tête, il est si détaillé que je pourrais même croire qu'elle se trouve en face de moi. Je me demande ce qu'elle fait, où elle est, avec qui ? Est-ce qu'elle pense à moi comme je pense à elle ? De nous deux, il n'y en a qu'une qui est entachée par toute cette histoire, et il n'est pas nécessaire d'avoir fait un doctorat en psychologie pour comprendre de laquelle des deux il s'agit.
Le discours d'Élodie est juste, je suis complètement obnubilée par elle. D'où vient cette maudite fascination ?
Je repense alors à quel point je suis jalouse, à quel point je peux être obsédée par l'idée d'être à sa place, de devenir elle.
Je voudrais avoir son charisme, son assurance, ou même simplement la beauté de ses cheveux. Est-ce que c'est de cela qu'il s'agit ? Est-ce seulement de la convoitise ?
Même son prénom, je l'envie, je le trouve si beau, si original, tandis que le mien... À une lettre près, il donne "Alone" : "seul", en anglais ; et si on mélange des lettres, on peut même obtenir "Alien". Voilà comment je me sens en ce moment : à la fois très seule et très loin.
Elle au moins, elle a eu la chance d'hériter d'un prénom peu commun et original.
Mag, Maggie, Magdalena. Magique, magnifique. Sublime.
Qu'est-ce que je raconte ?

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