La fugue sans regret

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   C'est maintenant. C'est maintenant que je pars découvrir le monde. Seulement une petite journée où je pourrai enfin être libre. Le matin, je prépare mon sac. J'y mets un peu d'argent que j'ai pris dans le porte monnaie de ma mère, une veste et une pomme pour le petit-déjeuner. J'ouvre la fenêtre. Je sens un vent frais sur ma peau. J'y vais. Je dois être courageuse pour tenir tête à ma mère.

   Dès que je suis sortie, je cours vers le portail puis je grimpe dessus. Je regarde une dernière fois ma maison. Puis je me sauve. J'aperçois un bus au loin. Je vais monter. Oui, je vais m'accrocher derrière et j'arriverai en ville. Quelqu'un est déjà derrière. Je ne peux pas le rater. Peut-être que le prochain sera dans un moment et ma mère aura le temps de venir me chercher. Non. Je refuse. Je crie au monsieur qui est derrière de se pousser et cours à toute vitesse. Je réussis à grimper. Puis le monsieur commence à me parler :
- Bonjour, jeune fille, je ne vous ai jamais vu. Êtes-vous nouvelle dans le quartier ?
- Disons que ma mère ne me laisse pas beaucoup de liberté.
- Je vois.
Cet homme était mince. Il portait une tenue noire. Je suppose qu'il allait à un enterrement à moins que ce ne soit sa tenue de travail.

   À présent, j'arrive à voir Londres. Je descendrai au prochain arrêt qui sera probablement dans la ville. Je saute du bus et je me met à courir. Cela fait déjà longtemps que je n'ai pas autant bougé. Ça fait vraiment du bien. Je rentre dans quelque chose de dur. Je lève la tête et je vois un homme de deux mètres qui me regarde d'un air colérique. Il porte une salopette. Sans doute un ouvrier. Je m'excuse et je repars mais cette fois-ci en regardant bien où je vais.

   J'aperçois un immense bâtiment avec écrit tout en haut : "Shepherdson". C'est mon nom de famille ! Je me rappelle que j'avais déjà entendu ma mère dire au téléphone que le Shepherdson devait être réparé... Cela doit être son entreprise dont elle parle tout le temps. Tiens, c'est un hôtel. Je préfère ne pas y aller. Il y a sans doute des gens que j'ai déjà croisé chez moi et ils pourraient prévenir ma mère. Je ne vais pas trop m'approcher. Je prendrais trop de risques.

   Londres est vraiment splendide. La ville change beaucoup de mon jardin sans émotions. Les gens vont et viennent. Il ont tous une raison d'être ici. Alors que moi, je n'en ai aucune. Je suis juste là pour me rebeller. Me faire remarquer. Prouver que j'existe.

   Je décide d'aller en centre-ville. En réalité, je ne sais du tout où aller. Puisque je ne suis jamais sortie de chez moi, je ne connais pas du tout la ville. Je me demande même si je ne vais pas me perdre... Je commence à avoir peur.

Si je ne me retrouve plus ?
Si je me retrouve sans argent ?
Et si...?

Ressaisis-toi, Jane. Tu es là pour découvrir le monde, et pas pour paniquer dès la première minute.

Seule dans le désespoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant