LES MONSTRES DANS LES FILMS D'HORREUR Du début du Cinéma à aujourd'hui

66 0 0
                                    

Selon le dictionnaire Larousse l'horreur se définit comme étant :

[Une] très vive impression, physique ou psychique, éprouvée par quelqu'un à la vue ou à l'idée d'une chose affreuse, repoussante [...] [un] sentiment violent de dégoût, d'aversion, de forte réprobation [...] [ou encore le] caractère de ce qui provoque une impression d'effroi, de répulsion, ou de ce qui suscite l'indignation, une très forte réprobation.

Mais qu'est-ce qui nous dégoûte véritablement dans ces films? Est-ce la vue du sang, l'idée, précaire, que nous avons d'un malheur qui approche ou est-ce plus profond que ça? De nos jours, au cinéma, nous avons toute sorte de films d'horreur. Allant des Slasher movies comme les Décadence (2004-2010), les Urban Legend dans les années 90 comme Scream (1996-2011) et jusqu'aux films de fantômes et autres créatures fantastiques comme les Activités Paranormales (2009-2012), Conjuring (2013) et Insidious (2011-2013). Il y a quelques années, nous avions les Carrie (1976), The Shining (1980) et autre Exorciste (1973), qui en ont terrifié plus d'un. Mais avant cela, qu'en était-il? Et, surtout, qu'en était-il dans le cinéma d'horreur? Il y a bien longtemps, les contes de Frankenstein et de Dracula ont effrayé les jeunes et les moins jeunes par leurs monstres fantastiques, mais, avec l'arrivée du cinéma, qu'est-il arrivé à ces chefs-d'œuvre, à ces personnages marquants? Comment ont-ils évolué? Qui leur a succédé? Sont-ils sortis tout droit de la littérature ou sont-ils le fruit de l'imagination personnelle d'un réalisateur/scénariste/producteur quelconque ou de l'époque qui les reçoit? C'est la question que je tâcherai de répondre en retraçant, au fil de 5 films d'horreur du siècle dernier, l'évolution du genre de l'horreur. Est-ce que l'horreur évolue, stagne ou se propage-t-elle comme une épidémie de choléra?

LE VAMPIRE 

Un des personnages centraux de la littérature d'horreur fut bel et bien le Vampire, tel qu'inspiré par Vlad l'empaleur (prince de Valachie ) et la comtesse de Bathory et instauré par des récits comme Carmilla (de Joseph Sheridan Le Fanu ), le Vampyre (de John William Polidori ) et le très fameux Dracula de Bram Stocker qui jetèrent définitivement les fondements pour le personnage.

À la base, le vampire provient de vielles légendes autrichiennes et ce n'est qu'avec l'arrivée du Vampyre de Polidori et le Dracula de Stocker que nous n'avons l'arrivé du vampire charmant, charismatique tel que nous le connaissons. Au cinéma, l'arrivée du tout premier vampire n'est pas vraiment marquée . Toutefois, l'arrivée du tout premier vampire MARQUANT elle, l'est. Selon K.M. Schmidt : « il y aurait eu, depuis les débuts du cinéma plus de 650 films de vampires réalisés. » Pourtant, quand nous pensons vampire, deux en particulier nous viennent à l'esprit. Dracula bien évidemment (autant celui de Christopher Lee dans Le Cauchemar de Dracula (1958) (ainsi qu'une dizaine d'autres films où il reprendra son rôle, souvent au côté de Peter Cushing en Abram Van Helsing) que celui de Bela Lugosi dans Dracula (1931) de Tod Browning), mais également Nosferatu le Vampire (1922). Le cas de Nosferatu est très intéressant. Premier film de vampire à se démarquer du lot, il introduit le vampire d'une manière controversée puisqu'il est une copie (quasi conforme) du Dracula de Stocker (en suivra un procès intenté par la veuve de Bram Stocker). Il fut considéré comme étant la quintessence du cinéma d'horreur muet et comme un chef d'œuvre de l'Expressionisme allemand. Fidèle à l'esthétique expressionniste, Nosferatu correspond quasiment en tout point aux caractéristiques prisées par cette période. Selon les mécanismes narrativo discursifs, il devient un vecteur de la pensée collective en représentant les gens riches (le conte Orlok) comme des êtres malfaisants et corrompus (et corrompant) ; la notion du dédoublement y est présente par les ombres, les silhouettes, portraits et autres miroirs ; la notion de l'individu y est par le fait que le personnage principal et sa femme représentent le commun des mortels (représentant ainsi la société en générale) et, bien évidemment, au travers tout le film ; les plans sont inégaux et remplis de jeux d'ombres et de clair-obscur (pensons à ces jeux de silhouettes projetant Nosferatu sur les murs, lui donnant l'air d'un géant (particulièrement dans les scènes de fin)) et on ressent l'influence gothique dans les décors claustrophobiques, angoissants, le château (le magnifique château D'Orava) et dans les costumes (surtout ceux de Knock, le serviteur, avec ses sourcils épais et son visage étrange). Pourtant, ce qui, à mon avis, a fait de Nosferatu un si grand film est bel et bien le jeu des gestes du film. Les plans de Nosferatu, immobile, fixant droit devant lui de son regard effrayant, viennent tout droit frapper le public et l'accroche, l'interpellent comme si on vous appréhendait à faire un acte malhonnête. Encore là, la comparaison avec le discours politique d'après-guerre est intéressante. Si Nosferatu - qui représente le gouvernement et les haut placés, l'aristocratie - et qu'il nous interpelle de cette manière, la peur qu'il crée vient peut-être, à cette époque, de la culpabilisation - réelle ou fictive - du spectateur. Est-ce de notre faute si l'Allemagne a perdu la guerre? Si elle croule sous les dettes? Que se cache-t-il vraiment sous le regard de Nosferatu?

Travaux d'universitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant