V

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Le trajet s'était bien déroulé. Jimin avait été prévenu des tendances hypocrites et langues de vipère de la belle-mère de Yoongi, et il avait encaissé sagement ; après ce que ce dernier lui avait fait subir, dans son esprit, il était prêt à résister à n'importe quel type d'insulte.
Pendant ces trois heures environ, quelque chose de presque alchimique et romantique s'était produit à l'arrière du 4x4 vert, à l'arrière du véhicule du père de Yoongi.

Blotti contre lui, enroulé dans deux couvertures comme il lui avait précédemment expliqué avant le départ, sur ce banc sur lequel ils étaient restés une demi-heure à ne rien dire, et seulement à partager la même vue dans un silence urbain. Les postures étaient similaires, l'état d'esprit aussi. Jimini avait sa tête sur l'épaule du dernière année, et celui-ci l'avait entourée de son bras, l'encerclant pour ne pas qu'elle s'en aille. Les cheveux bruns de Jimin lui chatouillaient sa barbe naissante, ainsi que son cou, mais il résista à la tentation de se gratter lorsqu'il comprit qu'elle s'était assoupie, le nez contre son torse, et qu'elle respirait au rythme de son cœur, comme sur le banc.
C'était réellement romantique, digne d'une fiction.
Les deux mains prises par son téléphone, en train de lire quelques romans sur son application, Yoongi zieutait de temps en temps l'endormie en s'assurant qu'elle n'était pas trop dérangée par la voix encrassée de sa belle-mère, qui criait à chaque fois que son mari ne roulait pas assez vite.

Qu'est-ce qu'il la détestait.
Il la détestait autant qu'il détestait les attitudes d'allumeuse de Jimini. Ô dieu qu'il en avait horreur des femmes vulgaires et trop faciles, comme l'était sa belle-mère...
Puis, au final, comme l'était un peu sa mère aussi...

Il soupira, et s'enfonça un peu plus dans le dossier. Il en profita quelques secondes pour appuyer sur l'option photo de son téléphone et d'activer la caméra frontale pour se regarder, et elle aussi. Les lèvres entrouvertes et encore rosées dans le noir, ses quelques cheveux en bataille notant le manque de temps qu'elle avait eu pour se préparer, ainsi que son bras enroulé autour de son abdomen à lui, lui procuraient une drôle de sensation.
Il était mignon, du moins, elle l'était.
Il soupira une nouvelle fois, et un peu trop fort sûrement. Paniquant en la voyant froncer son visage de par l'écran, il quitta l'appareil photo puis verrouilla son cellulaire avant d'adopter une posture calme et sereine lorsqu'elle rouvrit les yeux.
Le nez légèrement retroussé, les yeux plissés et la bouche haletante de son rêve, Jimini ouvrit ses paupières puis serra contre elle la silhouette emmitouflée de Yoongi, qui n'exécutait aucun geste. Il attendit qu'elle se redresse pour voir son visage à peine gonflé, et pratiquement parfait.
Il lui sourit étrangement avant de papillonner à son tour. Il lui caressa le sommet de la tête comme pour la rassurer et Jimini bâilla avant de poser lourdement sa tête sur l'épaule, cette fois-ci, de son petit copain temporaire pendant qu'elle réunissait sur elle les couvertures polaires en se redressant un peu.

Une heure et demi plus tard, la voiture s'arrêta.
Yoongi, qui s'était assoupi, redressa brusquement son nez qui pendait dans le vide, puis regarda de l'autre côté de la banquette arrière ; Jimin, la tête contre la vitre froide, respirait doucement. Elle ne s'était même pas rendue compte que le véhicule s'était arrêté, et que monsieur Min en était déjà sorti, tout comme sa belle-mère à lui.
Le garçon aux cheveux châtain foncé retira les couvertures de ses genoux, puis sortit ses écouteurs pour réunir toutes ses affaires. Il ouvrit et ferma la portière, laissant Jimini seule dans le 4x4, pendant qu'il déballait les affaires de sa maison de campagne.
Il avait pris sa valise ainsi que la sienne, et les avait montées dans sa chambre d'enfant, où il commença à passer un coup de balais sur le sol, et à faire la poussière là où il le fallait pour finalement faire le lit. Il eut un moment de nostalgie. Depuis que ses parents s'étaient séparés, il ne venait ici qu'occasionnellement, et encore, sans envie particulière. Il avait beau aimer sa ville natale, pour rien au monde il ne passerait le reste de sa vie ici, non loin de la maison qui l'avait vu pleurer et qui l'avait vu se faire du mal. Se faire du mal ? Ou faire du mal à ses parents ?
Cela ne faisait pas si longtemps que ça qu'il ne vivait plus ici. Il avait quitté Daegu à l'âge de 15 ans, juste avant d'entrer au lycée. Et comparé à un enfant qui avait dû déménager de force pour une raison x ou y, lui avait tous les souvenirs de ce qui avait foiré dans cette bâtisse.
Assis sur le rebord du lit à moitié fait, un vieux carnet rouge entre les mains, débordant et étouffant de feuilles, il lâcha une plainte sanglotante en tapant des pieds.

 ʟᴏᴠᴇ ᴄᴏᴅᴇ, ygjmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant