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Chapitre 3 - Partie une

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— Est-ce vraiment nécessaire ?

Avalon était en train de m'attacher fermement au lit. En guise de réponse, il hocha la tête. Nous n'avions qu'une chambre pour deux, évidemment. Nous dormions sous les toits, dans un endroit exigu qui avait juste assez de place pour contenir un lit.

Une forte odeur de moisissure se faisait sentir ici.

— Je vais monter la garde.

Un petit rire m'étouffa.

— Évidemment. Et que redoutes-tu ?

— Toi.

J'ouvris les yeux, essayant de me relever comme je le pouvais avec mes entraves aux poignets et aux chevilles.

— De moi ?

— Je t'ai vu maitriser plusieurs hommes en même temps sans la moindre difficulté, alors oui. Le plus grand danger dans cette pièce est toi.

— Tu sais bien que je ne m'en prendrai jamais à toi Avalon.

Et c'était sincère. Aussi stupide que cela puisse paraitre, une partie de moi ressentait encore quelque chose pour lui, un sentiment qui n'était pas près de mourir. Je lui avais tout donné, tout ce que j'avais et tout ce que j'étais. Ce n'était pas quelque chose que j'allais pouvoir oublier un jour. J'allais mourir en ayant Avalon dans la peau. Une bien triste fin, n'est-ce pas.

— Tu devrais peut-être.

— Pardon ?

— Me tuer, ça faciliterait beaucoup. Ça m'empêcherait de vivre avec... Ça.

Je ne répondis rien pendant quelques minutes, cherchant la meilleure formule à adopter. Il parlait des conséquences de nos actes que nous étions forcés d'accepter. De ces choses que nous avions fait qui nous suivaient, qui s'évertuaient à nous détruire.

— Si tu avais voulu la mort, tu aurais laissé le prince de Lumen te pendre.

Nouveau silence. J'en profitais pour me rallonger, essayant de trouver une position confortable sur ce lit de paille.

— Il ne te tuera pas, m'informa Avalon.

— Quoi ?

— Le prince. Il ne te proposera pas le même marché. Il ne peut pas se permettre de te laisser le choix, il sait déjà ce que tu choisirais. Et il ne te perdra pas.

J'ignorais quoi ajouter à cela. Alors je ne dis rien, laissant mes yeux se perdre à la contemplation du vieux plafond de l'auberge. Les fissures dues à l'humidité parcouraient le plâtre décrépit. Des taches plus sombres recouvraient le tout, et il me semblait que le vieux chandelier rouillé pouvait s'écrouler d'un instant à l'autre.

Après plusieurs minutes, où plusieurs heures je l'ignorais, le sommeil me trouva finalement. Et j'y plongeais profondément.

Ce fut le chaos qui me réveilla.

Un gémissement de douleur en réalité, tandis qu'Avalon s'écrasa à côté de moi. En un fracas bruyant, son dos s'éclata contre le mur de brique.

Il me fallut seulement quelques minutes pour comprendre ce qui était en train d'arriver. J'avais raison. Ils étaient là. Ils existaient encore. Ils n'allaient jamais disparaitre. Trois personnes se trouvaient dans le petit espace de la chambre, et dans l'obscurité ambiante de l'endroit je peinais à les deviner. Tous mes anciens réflexes s'éveillèrent.

— Avalon, libère-moi.

Il se releva en poussant des râles de douleur. La pièce était trop petite pour permettre sa transformation.

— Athéna Alevir, nous sommes venus finir ce qui a été commencé, lança une voix masculine assez grave.

Je lançais un regard de panique à Avalon. Celui-ci prit sa décision en une fraction de seconde tandis que l'homme qui venait de parler s'avançait vers moi. Une lame trancha mes liens en un coup sec. Juste à temps pour me permettre d'éviter le poing qui s'approchait de mon visage. L'homme s'écroula sur le lit alors que je me mis debout.

Son parfum. Je le reconnaissais. Je connaissais cet homme.

— Adam ?

Il n'eut pas le temps de me répondre, déjà l'un d'entre eux s'élança vers moi. D'un geste agile, je l'évitais, le laissant à son tour se cogner au mur. Du regard, je cherchais le troisième, et devinais qu'Avalon était en train de s'occuper de celui-ci.

Je soupirais, fit craquer mes épaules, et me tournais vers Adam qui se releva, appuyé sur le lit.

— Tu es devenu faible, affirma-t-il en essuyant le sang qui coulait de sa bouche après le coup que lui a mis Avalon.

Un grognement sortit de ma gorge. Je me lançais sur lui de toutes mes forces. Mon poing s'écrasa avec force sur sa joue. De mes jambes je le repoussais pour le faire à nouveau tomber. En un bruit sourd, il heurta le parquet. Je récupérais aussi rapidement que possible l'arme accrochée à sa ceinture.

C'était une dague. Légère, équilibrée. Je me retournais juste à temps pour la planter dans le bras du second homme qui avait pris le temps de se relever.

Un râle de douleur s'échappa de sa gorge. Et même dans l'obscurité je devinais le regard haineux qu'il me lança.

La plaie ne l'arrêta pas. Il s'avança pour me frapper, son pied m'atteignit au genou et je flanchais. Pas longtemps, suffisamment pour qu'il récupère la dague que je tenais.

Des bras puissants se refermèrent autour de mes épaules et m'emprisonnèrent.

— Regarde-toi, me lança Adam de sa voix grave, tu n'as plus rien d'une tueuse.

Je ne me laissais pas distraire par lui. D'un puissant coup de pied, je le repoussais. Son dos toucha à nouveau le mur. Je m'élancais contre l'homme face à moi, pour récupérer la dague qu'il m'a prise. Surpris, celui-ci trébucha.

Presque comme ailleurs, je me regardais récupérer l'arme, et, tandis qu'il était à terre, implorant à son ami de venir l'aider, la planter dans son cœur. En un cri de douleur terrifiant, le sang commença à s'écouler de la plaie et il s'effondra.

— Certaines habitudes ne nous quittent jamais, n'est-ce pas Adam ?

Je tournais sur mes talons pour lui faire volte-face. Mes yeux désormais habitués à l'obscurité, je devinais Avalon à côté de lui. Une épée posée sur la gorge d'Adam. Ses yeux d'un bleu profond brillaient dans la nuit. Il était couvert de sang, l'odeur métallique emplissait dans toute la pièce. Où alors provenait-elle peut-être de moi ?

— Athéna ? me demanda Avalon d'une voix douce.

— Ne le tue pas.

Ses yeux se tournèrent vers moi, il sembla surpris.

— On dirait que c'est lui que tu vas avoir le plaisir d'attacher au lit, désormais.

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by Camille Eusford
@Jackson_Luna
Le nom d'Athéna Alevir fait encore trembler les Trois Royaumes, pourt...
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