Tu es venu me voir, comme je le souhaitais éperdument. Tu m'as avoué, timidement, que mon regard avait eu le don de t'apprendre beaucoup, que grâce à lui ta vision de l'homosexualité avait changé et toi aussi, par la même occasion. Je t'ai répondu que le tien ne m'avait pas laissé de marbre également, qu'il m'avait pénétré, transpercé, en une seule liaison de rétines. Te tenant droit devant moi, tu m'as regardé. J'ai rejoint tes yeux, et nous nous sommes regardés longuement, sans interruption, sans crainte de se voiler la face. Toutes tes peurs se sont alors effacées, et tu as souri, sans broncher. Moi je n'ai pas souris, j'étais bien trop captivé par ce moment tant attendu. Mon ventre ne cessait de fourmiller, le tien aussi j'ai supposé, ton sourire te dénonçait. La plus belle des sensations c'est quand tu apprends que tes sentiments quelques conques envers une personne, sont réciproques. Ce que j'ai pensé durant des mois, tu le pensais aussi. De même pour les réactions corporelles. Avant, quand j'étais dans l'ignorance, je voulais te crier dessus, te baffer, t'injurier, te dire que tout ça s'était terminé. Mais finalement je n'ai pas pu, trop occupé à savourer ce moment de vérité. Tes paroles sonnaient tellement sincères que je n'ai même pas pensé à douter de ton honnêteté. Délicatement j'ai avancé mes doigts pour attraper les tiens, me languissant de prendre connaissance de la sensation qui allait me parcourir le corps quand ma peau toucherait la tienne. Et à quelques piètres centimètres de toi, quand mon cœur allait transpercer ma cage thoracique, je me suis réveillé.
En effet, ceci n'est qu'un triste de rêve, que j'ai eu il y a quelques mois. Il ne me restait que deux semaines de lycée, et au fond de moi, j'espérais cruellement que ce rêve soit prémonitoire. Hélas, non.
Il ne sait rien passé de plus depuis la dernière partie de ce livre, hormis quelques histoires que je ne souhaite pas dévoiler ainsi que quelques regards, évidemment. Puis les vacances d'été on sonnait, et nous nous sommes croisés, par hasard, pour la dernière fois. Je suis passé, et nous avons continué notre chemin, mine de rien. Actuellement, il n'habite plus mes nuits, ni même mes journées. Je pense à lui quelques fois, mais c'est désormais une habitude. Il m'a beaucoup appris. C'est d'ailleurs grâce à cette expérience que j'ai pu commencer à parler avec des garçons, plus qu'amicalement.
L'année prochaine, il part à l'étranger me semble-t-il. Je ne le verrai plus, et tant mieux. J'aimerai le revoir uniquement si la scène écrite en haut se déroule, sinon je ne veux plus. Il a une copine depuis peu. Je lui souhaite tout le bonheur du monde, et je le remercie.
