"On ira t'en trouver un en même temps que moi..."

"Arrête, je ressemblerai à un clown. Je suis hideux et con!" Il secoue la tête en silence, et je continue. "Personne ne sait où on est et tu es censé passer la bague au doigt d'Eleanor dans sept heures!"

"Justement, j'annule le mariage."

Mon coeur fait un bond.

"Tu es sérieux ?"

"Non! T'aurais vu ta tête ! Ah non, ça a été trop compliqué de tout organiser, alors demain c'est mon mariage, quitte à ce que j'épouse le curé!"

Oui, bon, d'accord, Louis est un peu alcoolisé.

"En fait, je suis complètement largué.", me dit-il en posant sa tête sur mon épaule, comme au bon vieux temps.

Mon coeur se serre et les larmes me remontent instantanément.

"Je ne suis plus sûr que c'est Eleanor que je veux épouser, tu vois?"

Je me fige. Qu'est-ce qu'il fabrique? Il va me sortir une deuxième personne de qui il est amoureux et me poignarder le cœur une deuxième fois, comme le magicien sort un lapin blanc de son chapeau.

"Quoi?! T'as rencontré quelqu'un ?"

"On peut dire ça. Enfin, c'est compliqué. Et, aussi con que ça puisse être, cette personne me manque."

"Qui est-ce ? Je la connais?"

"Un peu, mais mal." Il semble réfléchir et ajoute: "Très mal, en fait."

Je souffle. Bien sûr, j'aurais du m'en douter. À sept heures de son mariage, le mode "Coureur de jupons" s'est réactivé sur lui. Bon, après l'avoir retrouvé, il faut que je le raisonne. Je finis par en avoir assez.

"Louis, ne sois pas ridicule, s'il te plaît. C'est puéril. Maintenant que tu as ce que tu veux, tu joues à l'enfant pourri gâté. C'est Eleanor que tu aimes depuis des années et personne d'autre. Elle sera, hm, l'épouse parfaite et aimante dont tu auras besoin."

Il se met à rire. Bien qu'il n'ait jamais remarqué mon attirance pour lui, il sait bien que je ne porte pas Eleanor dans mon cœur. Mes compliments à son égard doivent l'amuser.

"Quelle hypocrisie!", fait-il en riant.

"J'essaie d'être plus posé que toi, et pour le moment c'est une réussite, Louis. Tu te rends compte de ce que tu me dis?"

"Ouais, j'en suis conscient. J'ai bu deux/trois verres de vodka."

"Ton haleine me laisse à penser le contraire, enfin bon. Tu sais ce qu'on va faire?"

"Non. J'ai une idée mais non."

"Tu me la donneras après. On va rentrer, tu vas te doucher, et demain matin tu vas aller te chercher ton costume et me laisser mettre ma tenue, ok?"

"Trop de projets d'avenir. Non, en fait on va aller à la fête foraine, et ce qui est encore plus cool, c'est que tu vas me laisser conduire ta bagnole parce que la mienne est en rade."

"Quoi? Mais, et la nourriture? Et il est hors de question que tu conduises mon véhicule. Surtout dans ton état."

Mais le temps que je m'indigne, Louis a déjà récupéré mes clefs. Je me mets à lui courir après. Il se plaque contre le mur du nightclub et balance les clefs sous mes yeux.

"Tu promets qu'on va à la fête foraine?"

"Oui, rends-moi mes clefs Lou."

"Oh! Ça faisait longtemps que tu ne m'avais pas appelé Lou."

On se sourit assez tendrement mutuellement en souvenir de notre adolescence passée aux côtés de l'un et de l'autre. Puis soudain il me colle une gifle.

"Qu'est-ce que tu fais?!", je demande.

"Tu avais un moustique."

Il se met à rire et repart dans la boite en riant. Je reprends ma course derrière lui. Je vois Gaylor nous regarder en riant.

"Tu l'as retrouvé, à ce que je vois !" , plaisante-t-il en criant.

"Oui, en fait, je regrette! J'aurais dû le laisser sur sa plage tout seul!"

"Bonne soirée !", me lance Gaylor en riant.

Je le remercie en omettant de souligner qu'il est déjà tard dans la nuit. Quand je retrouve Louis, il est assis côté conducteur.

"Les clefs, Louis."

"Elles sont là, sur moi", fait-il en riant. "Fouille-moi, allez. On faisait ça, avant..."

"Quand tu n'étais pas en couple avec une femme, et pas sur le point de te marier avec elle."

Je soupire et monte m'installer à côté de lui. Il retire mes clefs de voiture de son caleçon.

"Dégueulasse !", je m'exclame. "Tu les passeras sous l'eau."

"Oh, tu sauras le faire tout seul, Harold", me dit-il d'un air fanfaron.

Harold. J'avais presque oublié que pendant des années, Louis m'avait appelé comme ça. C'était le seul à le faire mais ça me plaisait. Et il le savait.

J'ai comme l'impression que cette nuit marque une nouvelle ère dans notre amitié. Enfin, dans la sienne, et dans mon amour pour lui. Celle des retrouvailles.

Le Mariage De Mon Meilleur Ami [l.t&h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant