Chapitre 14

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Je prends ma douche en vitesse et me rhabille. Mike a dû repartir, mais il m'a dit que Luc allait passer me prendre. Je ne vois pas vraiment pourquoi il ferait ça, mais peu importe. J'ai vu Mike parler au téléphone à Luc, je ne sais pas ce qu'il lui a dit mais quand il est rentré, il a dit que Luc acceptait de passer me prendre.

J'attends donc dans l'entrée de ma maison, assise sur les marches de l'escalier. Olivia m'a écrit, me demandant ce que j'ai fait hier. J'hésite à lui dire que j'ai dormi chez les garçons et que son frère m'a serrée contre lui.
Parce qu'il a beau dire, Mike ma quand même tenue dans ses bras une bonne partie du film. Et c'était plutôt agréable, je l'avoue. Sans oublier son magnifique torse et ses bras musclés.
Euh attends, il est le rapport?
Nulle part.
Tu craques pour lui?
Tu rêves!
Honnêtement, Mike est plus accessible que Luc. Il a déjà l'air accro à toi.
J'ai envie de me frapper moi-même, alors je prends une profonde inspiration. Mike m'a bien dit qu'il essayait de m'aider avec Luc. Je suis la meilleure amie de sa soeur, merde!
On toque à la porte, alors je me lève et je vais ouvrir. Luc est là, un sourire contrit sur les lèvres.
-Merci d'être passé me chercher, je dis.
-C'est normal. On va au même endroit.
A ce moment là, mon père sort du salon en titubant. Il se fige en voyant Luc.
-C'est qui, ça?
Affreusement gênée, je recule en poussant Luc a l'extérieur.
-Un camarade de classe, papa, je vais au lycée. A ce soir!
Je claque la porte et reste un moment tremblante, incapable de me tourner vers Luc, espérant que l'image de mon père bourré va s'effacer de ma rétine. Je retiens un sanglot. Je n'en peux plus de faire semblant que je vais bien. Que ma vie est normale. Je sens Luc s'approcher de moi et il me prend dans ses bras. J'enfouis ma tête dans son cou, respirant son parfum.
-Je suis désolé, murmure-t-il à mon oreille.
Je secoue la tête.
-Ça va, ne t'en fais pas.
Je m'éloigne de lui sans le regarder et essuie mes larmes.
-On y va?
-Euh...
Il me regarde.
-Quoi?
Il grimace, et montre ses yeux.
-Tu es toute noire.
Je jure intérieurement. Génial, en plus de m'avoir vue pleurer, il va me voir avec le mascara qui a coulé! Je lui tourne le dos et sors mon téléphone pour faire miroir. J'essuie le noir sous mes yeux, et prends une grande inspiration avant de me tourner de nouveau vers Luc et de le regarder dans les yeux. Il a l'air désolé.
-Allez, on y va.
-En cours?
-Où veux tu aller?
Il hausse les épaules.
-Je sais pas, on aurait pu... peu importe, oublie. Si tu veux aller en cours, on y va.
Il ouvre la portière de sa voiture. Je monte et quand il me rejoint, je demande:
-Où on va?
On échange un regard.
-Tu aimes la mer?
J'acquiesçe. Alors que nous roulons, je décide de prévenir Olivia de ce que je fais.
On roule en silence, jusqu'à ce que Luc se décide à poser la question:
-Qu'est ce qu'il a ton père?
-Rien. C'est normal, chez lui.
Il me regarde, mais je garde les yeux sur ses mains qui tiennent le volant.
-Et ta mère?
Je laisse échapper un petit rire.
-Ma mère? Partie. Envolée aux États-Unis. Elle n'en a plus rien à faire de nous.
-Pourquoi est ce qu'elle est partie?
Je détourne les yeux.
-Où est ce qu'on va?
-Je connais une plage pas mal, où il n'y a jamais personne. J'y allais avec mes parents quand j'étais petit.
A mon tour d'être curieuse.
-Tes parents sont riches, non?
-Ouais. Ils possèdent une villa à la mer, une maison dans le quartier le plus riche de la ville et un yacht privé.
-Alors pourquoi est ce que tu vis en colocation avec trois fous dans un taudis?
Il me lance un regard amusé.
-Évite de dire ça devant James. C'est lui qui nous a trouvé l'appartement.
-Et donc...?
-Ce sont mes amis. Ça me permet d'être plus proche du lycée, et de m'éloigner un peu de mes vieux.
Je sens qu'il ne me dit pas tout. Mais bon après tout, moi aussi j'ai éludé ses questions.
Après avoir roulé une demi-heure, on finit par arriver sur un petit bout de plage vide. Luc m'explique que derrière les dunes que j'aperçois se trouve la plage officielle, mais qu'il ne doit pas y avoir beaucoup de monde à cette période de l'année.
On marche sur le sable fin et je retire mes chaussures. Il est chaud, le soleil tape déjà dessus. J'adore sentir le sable entre mes orteils. Les vagues viennent s'écraser non loin de nous, l'eau bleue reflète le soleil. C'est absolument magnifique, et beaucoup mieux que d'être en cours. J'éclate de rire sans raison, pose mon sac et mes chaussures, relève les pattes de mon pantalon et m'approche de l'eau. Elle vient me lécher les pieds, et j'adore ça.
-Elle est froide! je crie.
-C'est pas grave, on y va quand même!
Je me tourne vers Luc et je reste éblouie. Il s'est déshabillé, et n'est plus qu'en caleçon devant moi. Le vent ébouriffe ses cheveux noirs. Il m'adresse un sourire craquant.
-Allez, à l'eau!
-Oh non, elle est gelée! Luc, non... NON!!
Il s'est jeté sur moi, m'a prise dans ses bras et poussée dans l'eau. Je pousse un glapissement quand je heurte l'eau froide. Luc éclate de rire, et je me jette sur lui pour le faire tomber dans l'eau. On s'éclabousse comme des gamins, jusqu'à ce qu'une vague me pousse sur lui. Nos visages s'arrêtent à quelques centimètres l'un de l'autre, et on se fige. Je sens le coeur de Luc battre sous ma main posée sur son torse. Je ne peux m'empêcher de frissonner, le regard posé sur ses lèvres. Je ne peux pas l'embrasser de nouveau, j'ai trop peur qu'il me repousse encore. Finalement, il me recule.
-Tu grelottes. On ferait mieux d'aller s'étendre sur le sable.
Je hoche la tête, incapable de parler.

La chasse au mecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant