Elle s'était prise au jeu

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Holly ouvrit les yeux lentement avec le sentiment de se réveiller d'un très long et doux sommeil dans lequel elle aurait voulu rester des années. Ceux-ci ne rencontrèrent qu'un plafond d'un blanc aveuglant. Étonnée, elle se redressa et observa son environnement. Elle constata que la pièce dans laquelle elle se trouvait n'était guère différente du plafond : toujours ce même blanc insupportable. C'est alors que la mémoire lui revint : le briquet, le couteau, l'ambulance... Évidemment. L'hôpital. C'est là qu'elle devait se trouver.
Elle tenta de se lever, mais constatai les perfusions plantées dans son poignet, qu'elle tenta de retirer en vain.
Sur sa table de chevet, elle découvrit un bouquet de fleurs et aperçut un petit mot à côté. Elle s'en saisit et le lu à voix haute "Salu plan. G appri tn axident bb chui dsl pr toa mé tkt je compran ke tu soa pa venu ché moa hier soar. On reffera sa. Bisou bb. Tara"
Holly sourit. Malgré les innombrables fautes d'orthographes, ce mot lui faisait plaisir. Tara avait pensé à elle, et c'est tout ce qui importait.
Elle s'apprêtait à se rallonger lorsqu'une infirmière pénétra dans la chambre.
– Oh vous êtes réveillée ! Je vais appeler un médecin qu'il vous examine. dit-elle tout sourire. Elle n'avait l'air guère plus âgée que la jeune brune, mais son front était marqué. Sans doute n'avait-elle pas une vie facile, la pauvre.
Quelques minutes plus tard, un homme aux environs des 50 ans pénétra à son tour dans la chambre, suivi de près par l'infirmière au front ridé.
– Bonjour mademoiselle. Rallongez vous s'il vous plaît.
Holly ne discuta pas et s'exécuta. En s'allongeant, elle se rendit compte que quelque chose de froid touchait sa poitrine. Elle glissa sa main dans son soutien gorge et se rappela aussitôt de ce qu'elle y avait glissé la veille : le briquet. Heureusement, personne n'était allé la fouiller ! Pourtant, ses vêtements avaient été changés, elle était en tenue d'hôpital, une vieille robe bleue toute terne, qui lui donnait probablement un teint de mort. Heureusement que Tara ne la visitait pas ! Le médecin s'approcha de la jeune brune et se pencha vers son ventre, en fronçant les sourcils. Il écarta le tissu de la robe et enleva délicatement le bandage qui recouvrait la plaie de la jeune fille. Celle-ci y jeta un œil et écarquilla les yeux. Ce n'était pas étonnant qu'elle ait eu si mal : la plaie était désormais soigneusement recousue,mais à en juger par le nombre de points de sutures, on pouvait déduire que sa plaie était plus étendue que ce qu'elle avait pu imaginer.
<< – Monsieur je peux vous poser une question ?
– Mmh ? répondit le médecin, concentré sur la blessure de sa patiente.
– Comment était ma blessure ? Enfin je veux dire... C'était profond.
– Votre agresseur ne vous a pas raté, votre entaille était de 8 cm de profondeur et a failli vous faire perdre un poumon. Vous avez eu de la chance.
– Oh ... répondit Holly, choquée de sa performance.
– En tous cas ça va mieux pour vous. Vous pourrez sortir ce soir si tout se passe bien, mais vous ne bougerez pas de chez vous pendant une semaine. Vous aurez des antidouleurs et de la crème à appliquer sur la plaie. Une infirmière viendra tous les soirs refaire votre bandage.
– D'accord... Merci. >>
Le médecin se releva et refit un bandage à l'adolescente, qui grogna lorsque la bande se serrai brusquement contre sa blessure.
Le médecin sortit de la chambre en adressant un sourire compatissant à Holly, mais aussitôt la porte fut elle refermée que la mère de la brune déboula dans la chambre et se jeta sur sa fille.
<< – Holly chérie est-ce que ça va ?!
– Maman... Oui ça va ... murmura-t-elle, étouffée par sa mère affalée sur elle.
– J'ai eu tellement peur... Le fou qui t'a agressé a osé planter notre propre couteau dans ton ventre, et il l'a lancé par la fenêtre de ta chambre avant de détaler. Je ne sais pas ce qu'il a voulu faire croire, mais désormais je ne quitterai plus la maison, je ne te laisserai pas seule ma belle.
– Ok... Mais ... Tu ... Tu m'étouffes maman...
– Oh pardon ! s'horrifia la mère d'Holly en se retirant brusquement.
– C'est rien ... Est-ce que j'ai de la visite ? J'veux dire à part toi ?
– Tu attends quelqu'un en particulier ? demanda sa mère en fronçant les sourcils.
– Non non pas du tout, c'est juste pour savoir. mentit Holly.
– Et bien non je n'ai vu personne.
– Ok... T'as pas un truc à manger ? Je crève la dalle ...
– Si mais je ne sais pas si tu as le droit de manger n'importe quoi ma puce...
– Oh mais maman j'vais pas mourir c'est une blessure au couteau c'est pas manger une barre de chocolat qui va l'aggraver si ?
– Hmm d'accord ... Mais j'ai pas de barre de chocolat par contre ... J'ai que ça. dit-elle en tendant à sa fille un paquet de M&M's.
– Merci... Le docteur m'a dit que je sortais ce soir.
– Oui il me l'a dit aussi tu penses bien...
– Ah...
– Bon écoute j'ai quelques courses à faire, je repasse te voir tout à l'heure ?
– D'accord. >>
La mère embrassa sa fille et sortit de la pièce d'un pas lent en prenant soin de refermer la porte derrière elle.
Le temps allait être long jusqu'à ce soir, et la jeune fille avait envie de faire quelque chose d'amusant. Comme tuer quelqu'un. Mais elle se raisonna bien vite, elle courait à sa perte si elle agissait ainsi. Elle devait au moins attendre de sortir de l'hôpital, si ce n'est attendre que sa blessure ne soit totalement guérie. Cela allait être tellement long... La jeune fille avait oublié comment elle faisait pour vivre avant, avant qu'elle n'aie toutes ces pulsions meurtrières, qui n'avaient désormais plus aucun rapport avec Tara. Plus le temps passait, plus Holly se rendait compte qu'elle tuait parce qu'elle aimait ça. Cela partait d'une bonne intention, mais les choses commençaient à être hors de contrôle, et ça n'allait pas du tout. La jeune brune eut tout d'un coup peur d'elle-même. Elle ne pensait qu'à tuer, la, tout de suite. C'était déraisonnable, c'était infondé, et illogique, mais elle voulait tuer, c'était son seul désir désormais. Elle était parvenue à son objectif : Tara. Mais c'était trop tard, elle s'était prise au jeu.

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